La trimébutine (Débridat° ou autre) est commercialisée depuis les années 1970 contre les douleurs liées à des spasmes intestinaux. Son efficacité sur ces douleurs n'est pas établie au-delà de l'effet placebo ; si elle existe, elle est modeste.
Peu de données relatives à ses effets indésirables sont disponibles. Des dépendances à la trimébutine ont été observées dès les années 1990. Pour la majorité des patients, aucun antécédent de toxicomanie ne semblait connu et les dépendances ont été le plus souvent observées avec la forme injectable.
De 1974 à 2011, 366 cas de surdoses volontaires ou non ont été recensés par les centres antipoison et de toxicovigilance français. Dans la très grande majorité des cas, il s'agissait d'erreurs de doses chez des enfants, ou de conduite suicidaires avec de la timébutine orale. Les symptômes étaient le plus souvent digestifs (douleurs, vomissements, etc.), neurologiques (pertes de connaissance, comas, somnolences, convulsions, etc.) et plus rarement cutanés ou cardiocirculatoires (troubles du rythme cardiaque, hypertension artérielle, etc.). Ces effets sont apparus très rapidement, dans un délai de moins de 3 heures après la prise du médicament. Les patients ont guéri, sauf une adolescente trouvée morte après suicide avec plusieurs médicaments.
La trimébutine n'a pas d'efficacité établie au-delà de l'effet placebo. Les données disponibles montrent que la trimébutine n'est pas un médicament anodin, notamment chez les enfants. L'intérêt de la prise de ce médicament est donc à bien peser.
©Prescrire 1er juin 2013
"Trimébutine : abus, dépendances et intoxications graves" Rev Prescrire 2013 ; 33 (356) : 430-431. (pdf, réservé aux abonnés)