L'industrie pharmaceutique est dans son rôle commercial naturel et logique par sa visite médicale (VM) et sa publicité (c'est une industrie commerciale). Rien de choquant.
Les médecins libéraux se doivent de défendre les intérêts des patients, qui les paient en retour (c'est le principe de la médecine libérale). Rien de plus naturel.
Si le système déraille c'est parce que des médecins trahissent les intérêts légitimes des patients pour profiter de l'aumône de l'industrie pharmaceutique. Rien de plus choquant.
Le corrompu est à mon sens plus coupable que le corrupteur. Le corrupteur joue ici son existence financière (et cette fois non virtuelle). Le corrompu tire un profit personnel d'une situation qu'il sait détestable. Chacun fait ses choix ; simplement que chacun les assume, sans pleurer sur la direction du vent, la pluie, la crise, etc.
Ma formation continue : la formation professionnelle continue (FPC) comme participant ou formateur (6 à 10 séminaires par an), Prescrire, Médecine, EBM journal (qui se fait rare), bibliographie sur internet, BMJ news, plus les implications organisationnelles dans la FPC, et bien sûr un groupe de pairs... plus Claude Bernard et Thériaque autonome, plus la Diffusion des Recommandations Francophones en consultation de médecine générale (DReFC)... (moyens ouverts à tous) comment et quand voulez-vous que je reçoive la VM ? Cela fait 15 ans ou plus, que nous nous sommes séparés, sur un constat de carence mutuelle : elle ne m'apportait rien, je ne lui apportais rien...
Ce que je dis et redis à mes confrères c'est que je vis parfaitement heureux, que je dors bien, prescrivant délibérément au vu et au su des patients les produits aux meilleurs rapports coût/efficacité. En quoi le service commercial d'une firme pharmaceutique pourrait-il m'aider dans cette démarche ?
Tant que la plus grande majorité des médecins sera demandeur d'un service que lui offre la VM, la VM remplira son rôle de fournisseur de service. Quand les médecins demanderont des études coût/efficacité validées à l'industrie, les firmes effectueront des études coût/efficacité validées, publiées dans des revues indépendantes. N'ayant plus de nécessité d'entretenir des réseaux de VM fort coûteux, les firmes les supprimeront (c'est d'ailleurs ce qu'elles commencent à faire).
Alors les collègues, demain ? Il ne s'agit pas d'informer, il s'agit d'agir !
Bernard Conan
Généraliste (29)
©Prescrire 15 juin 2009
Rev Prescrire 2009 ; 29 (308) : 469.
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