En cas de réticences ou d'incapacité à
la réalisation d'un bouche-à-bouche, un massage cardiaque externe
isolé est efficace. | |
Face à un
arrêt cardiorespiratoire chez un adulte, les professionnels de santé
isolés, comme les "témoins" formés aux premiers
secours, doivent essentiellement faire appel à une unité mobile
de réanimation d'une part, et d'autre part appliquer les gestes de survie :
libération des voies aériennes, bouche-à-bouche et massage
cardiaque externe. Ces techniques de réanimation élémentaire
ont été décrites en détail dans la revue Prescrire
en 1994 (1). Elles restent actuelles (2,3). Le
taux de survie des patients victimes d'un arrêt cardiorespiratoire dépend,
en grande partie, de la précocité et de la qualité de la
mise en uvre de ces gestes de survie (1). Or, près d'une fois
sur deux, les victimes d'arrêt cardiorespiratoire survenant en dehors de
l'hôpital ne bénéficient pas de l'application des gestes de
survie par les personnes présentes sur le lieu de survenue de l'arrêt (4,5).
Outre l'incompétence
technique, les réticences à la pratique du bouche-à-bouche
sont une cause de cette non-intervention (5). Selon une enquête réalisée
par interrogatoire, la non-réalisation du bouche-à-bouche par réticences
peut atteindre 67 % dans une situation d'arrêt cardiorespiratoire chez
un adulte victime d'un traumatisme sanglant (6). Face
à ce constat, des auteurs américains ont réalisé un
essai randomisé afin de comparer le taux de survie de victimes d'arrêt
cardiorespiratoire à la sortie de l'hôpital selon que les manuvres
de réanimation mises en uvre dans l'attente de secours spécialisés
avaient associé bouche-à-bouche et massage cardiaque externe, ou
consisté seulement en un massage cardiaque externe (5). Le
délai moyen d'intervention des secours spécialisés, auprès
des 520 victimes d'arrêt cardiorespiratoire agées de 68 ans en moyenne,
a été de 4 minutes. La survie à la sortie de l'hôpital
a été de 10,4 % chez les adultes victimes d'un arrêt
cardio-respiratoire chez lesquels une association bouche-à-bouche + massage
cardiaque externe avait été mise en uvre, versus 14,6 %
dans le groupe massage cardiaque externe seul : absence de différence
statistiquement significative. Les
auteurs ont conclu que l'application d'un massage cardiaque externe seul, dans
les premières minutes d'un arrêt cardiorespiratoire, est probablement
la méthode la plus adaptée pour la réanimation de base d'un
arrêt cardiorespiratoire exécutée par un "témoin"
inexpérimenté, dans l'attente des secours spécialisés.
Les conclusions que l'on
peut en tirer ne sont probablement pas directement transposables à la pratique
française, et ne remettent pas en question les recommandations actuelles
de réanimation de base à appliquer par les praticiens de santé,
seuls face à un arrêt cardiorespiratoire (1,2,3).
Toutefois, une approche pragmatique
donne à penser qu'il faut proposer aux témoins inexpérimentés
d'un arrêt cardiorespiratoire de l'adulte, de pratiquer le mieux possible
et précocement un massage cardiaque externe plutôt que de ne rien
faire ou de tergiverser (a). C'est ce que suggèrent les dernières
recommandations de l'American Heart Association qui, face à un arrêt
cardiorespiratoire de l'adulte, propose d'exécuter un massage cardiaque
seul, en cas de réticences ou d'incapacité à réaliser
un bouche-à-bouche (7). ©La revue Prescrire
1er novembre 2003 Rev Prescr 2003 ; 23 (244) :
776-777. _________ Notes a- La technique
du massage cardiaque externe est décrite en détail dans une synthèse
de la revue Prescrire sur la prise en charge d'un arrêt cardiorespiratoire
de l'adulte (réf. 1). _________ Références
1- Prescrire Rédaction "Face à un arrêt cardio-respiratoire
de l'adulte, en attendant l'unité mobile de réanimation" Rev
Prescr 1994 ; 14 (145) : 643-650. 2- Handley AJ et coll. "European
Resuscitation Council Guidelines 2000 for Adult Basic Life Support" Resuscitation
2001 ; 48 : 199-205. 3- Kern KB et coll. "New Guidelines for
cardiopulmonary resuscitation and emergency cardiac care. Changes in the management
of cardiac arrest" JAMA 2001 ; 10 : 1267-1269. 4- Becker LB
et coll. "A reappraisal of mouth-to-mouth ventilation during bystander-initiated
cardiopulmonary resuscitation : a statement of healthcare professionals from
the Ventilation Working Group of the Basic Life Support and Pediatric Life Support
subcommittees, American Heart Association" Circulation 1997 ; 96 :
2102-2112. 5- Hallstrom A et coll. "Cardiopulmonary resuscitation by
chest compression alone or with mouth-to-mouth ventilation" N Engl J Med
2000 ; 342 (21) : 1546-1553. 6- Brenner BE et coll. "Determinants
of physician reluctance to perform mouth-to-mouth resuscitation" J Clin Epidemiol
2000 ; 53 : 1054-1061. Résumé dans : "Réticences
à la pratique du bouche à bouche" Rev Presr 2002 ; 22
(227) : 298-299. 7- American Heart Association "Cardiopulmonary
Resuscitation (CPR). AHA Recommandations" Septembre 2000. Site internet http://www.americanheart.org
consulté le 24 janvier 2003 (sortie papier disponible : 2 pages). |