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Information indépendante sur les médicaments :
la destruction annoncée de la base Thériaque°
 
La qualité des soins apportés aux assurés sociaux nécessite la mise à disposition d'informations utiles, fiables et impartiales à l'intention des professionnels de santé. Thériaque° du CNHIM participe de cette démarche de santé publique indispensable.
Pour en savoir plus

 


Lettre ouverte adressée à M Frédéric Van Roekeghem, Directeur général de la CNAMTS
(pdf, 36 Ko)
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Le site de la Base Thériaque°
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Le site du GIE SIPS, propriétaire de la Base Thériaque°
(Missions, statuts, etc.)
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Forte de sa participation majoritaire dans le financement de la base Thériaque°, seule base de données sur les médicaments indépendante des grands groupes financiers qui œuvrent sur le marché français, l'assurance maladie a décidé la réduction de la base actuelle aux besoins des services internes des caisses, au détriment du service rendu aux professionnels de santé et, à travers eux, des assurés sociaux.

Voilà plus de 20 ans que le Centre national hospitalier d'information sur le médicament (CNHIM), l'un des rares groupes de professionnels de santé français qui luttent avec énergie depuis plusieurs décennies pour diffuser une information solide, impartiale sur les médicaments, a conçu, alimenté, géré et développé Thériaque° dans l'esprit d'un service public.

Thériaque° est aujourd'hui une ressource documentaire originale, de qualité, utile : la référence opérationnelle des soignants d'un très grand nombre d'hôpitaux, et hors des hôpitaux.

La Rédaction de la revue Prescrire témoigne par exemple, dans le détail, de la spécificité et de l'utilité de cette base, notamment en matière d'infovigilance.

Fort des 60 % des voix que la CNAMTS partage avec les deux autres caisses d'assurance maladie (MSA et RSI (CANAM)) au sein du groupe d'intérêt économique (GIE SIPS), qui gère financièrement depuis février 2004 la base Thériaque° (contre 40 % pour le CNHIM), la Direction de l'assurance maladie a décidé la transformation de l'actuelle Thériaque° en une base réduite, adaptée à l'usage des services internes des caisses d'assurance maladie, et dont la maintenance sera assurée par du personnel en nombre restreint et moins qualifié. Ce qui revient à rayer d'un trait de plume une des trop rares ressources documentaires de qualité, indépendante des industries de santé, au réel service des professionnels de santé et, à travers eux, des assurés sociaux.

L'assurance maladie a, bien sûr, le droit de décider de se retirer du financement de Thériaque°, et de ne plus accompagner l'œuvre du CNHIM.
Elle a, bien sûr, le droit de décider qu'il faut une base spécifique, beaucoup plus simple, adaptée à ses services.
Elle peut aussi considérer que, Thériaque° étant en grande partie financée depuis longtemps par la CNAMTS (tour à tour sous formes de subventions, puis d'achats de prestations de services, puis depuis peu dans le cadre du GIE SIPS), il est légitime que ses services se servent de cette base pour constituer le socle de sa base interne.

Si l'assurance maladie ne croit pas en l'utilité de Thériaque°, qu'elle donne à ceux qui y croient la possibilité de poursuivre l'œuvre entreprise.

Il y a là un enjeu important en termes de santé publique et de respect des acteurs de santé qui s'efforcent de bien faire.

Sur le plan formel, les dirigeants successifs du CNHIM ont certainement eu l'imprudence d'accorder une confiance aveugle aux autorités de santé françaises et aux dirigeants de la CNAMTS, allant jusqu'à reconnaître au GIE SIPS, en 2004, un droit de "propriété intellectuelle" sur la base Thériaque°. Mais ils n'ont assurément pas accordé cette confiance pour voir Thériaque° disparaître deux ans après !
Faut-il rappeler que l'argent dépensé par la CNAMTS pour aider au développement de Thériaque° provient des cotisations de l'assurance maladie ? Il est de bonne politique que cet argent soit investi dans une œuvre qui aide à mieux soigner les assurés sociaux.

Que l'assurance maladie laisse vivre Thériaque° !

Qu'elle prenne le contenu de la base tel qu'il est, et qu'elle en fasse la base simplifiée, dérivée, qu'elle souhaite pour ses services. Mais qu'elle rende dans le même temps la base, données et logiciels, au CNHIM qui poursuivra Thériaque° comme il lui paraîtra utile pour la santé publique (pour rappel, le nom Thériaque° appartient au CNHIM).

©La revue Prescrire 15 janvier 2007.