Revue Prescrire, article en une, statines avril 2003
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Statines : du nouveau
en prévention secondaire et chez les diabétiques
 
Les résultats des essais cliniques publiés récemment, rapprochés des précédents, permettent de formuler de nouvelles recommandations pour utiliser certaines statines à bon escient.
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Statines : du nouveau en prévention secondaire et chez les diabétiques
Revue Prescrire n°238, avril 2003 : 287-293.
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Prévention secondaire chez les coronariens. Prescrire certaines statines chez les coronariens diminue le risque d'infarctus du myocarde, d'accident vasculaire cérébral et de décès. Cette utilisation est justifiée par plusieurs essais, dans différents tableaux cliniques (angor, antécédent d'infarctus du myocarde ou de revascularisation coronaire) et indépendamment de l'âge, du sexe et de la présence ou non d'un diabète.
L'intérêt des statines chez les coronariens ayant une cholestérolémie basse reste discuté. À la suite de l'essai HPS, certains proposent de traiter systématiquement les coronariens, indépendamment de leur cholestérolémie. En fait, l'intérêt de la simvastatine reste incertain pour la minorité de patients ayant une LDL-cholestérolémie inférieure au 10e percentile, soit environ 2,4 mmol (0,9 g/l), alors qu'on ne dispose pas d'analyse statistique pour ce sous-groupe.

Prévention des coronaropathies après accident vasculaire cérébral. Un traitement par certaines statines est justifié après accident vasculaire cérébral ischémique, ou après chirurgie carotidienne, pour prévenir les accidents coronariens. Cette indication repose sur un seul essai, l'essai HPS : en attendant d'autres données, cet essai incite à traiter ces patients dans les mêmes conditions conditions que les coronariens, c'est-à dire quand la LDL-cholestérolémie dépasse 2,4 mmol/l (0,9 g/l).

Prévention des coronaropathies en cas d'artériopathie des membres inférieurs. Un traitement par certaines statines est justifié en cas d'artériopathie des membres inférieurs pour prévenir les accidents coronariens. Comme après accident vasculaire cérébral, cette indication repose sur un seul essai, l'essai HPS : en attendant d'autres données, cet essai incite à traiter ces patients dans les mêmes conditions que les coronariens, c'est-à-dire quand la LDL-cholestérolémie dépasse 2,4 mmol/l (0,9 g/l).

Prévention primaire chez certains diabétiques. L'utilisation de certaines statines est justifiée chez les diabétiques en cas d'hypercholestérolémie ou de signes de maladie cardiovasculaire : ce traitement doit alors être préféré aux fibrates, dont l'efficacité préventive n'est pas prouvée dans cette situation. Par contre, l'intérêt du traitement reste incertain pour les diabétiques sans signe de coronaropathie ni hypercholestérolémie : en effet, les analyses de sous-groupes effectuées dans les essais HPS et ALLHAT-LLT sont peu détaillées et non concordantes. En attendant d'autres données, il paraît justifié d'instaurer le traitement chez les diabétiques âgés de plus de 40 ans et ayant une LDL-cholestérolémie dépassant 3,4 mmol/l (1,3 g/l), valeur retenue récemment dans différentes recommandations élaborées en France ou dans d'autres pays.

Prévention primaire inchangée par ailleurs. Pour les hypercholestérolémies sans signe de maladie cardiovasculaire ni diabète, les résultats décevant de l'essai ALLHAT- LLT et des analyses de sous-groupes de l'essai PROSPER n'incitent pas à élargir les indications établies précédemment. Un traitement par certaines statines est indiqué chez les hommes de moins de 70 ans ayant un taux de LDL-cholestérol dépassant sur plusieurs prélèvements 4,5 mmol/l (1,7 g/l) après un essai de régime. Pour les femmes ou les sujets de plus de 70 ans, les indications de prévention primaire par statine restent mal cernées. Le traitement paraît alors légitime en cas de risque particulier : hypercholestérolémie familiale, hypercholestérolémie importante ou associée à un diabète.

Préférer la pravastatine et la simvastatine
Il y a statine et statine. La pravastatine et la simvastatine ont toutes deux une efficacité préventive démontrée, en particulier en prévention secondaire. Il n'y a pas d'argument décisif pour choisir l'une plus que l'autre dans leur dossier d'évaluation clinique. Mais en l'absence d'essai comparant directement plusieurs statines en termes d'efficacité préventive et d'effets indésirables graves, il est prudent de préférer la pravastatine ou la simvastatine aux autres statines, dont l'efficacité préventive et la sécurité d'emploi sont moins bien établies. Les essais ont été effectués avec des doses de 40 mg par jour le plus souvent, parfois 20 mg : ce sont donc les doses à utiliser dans les cas habituels. Selon l'Agence française des produits de santé et selon les résumés des caractéristiques version dictionnaire Vidal 2003 des statines commercialisées en France, un dosage de CPK doit être fait en cas d'apparition de douleur ou de faiblesse musculaire, ou s'il existe des facteurs augmentant le risque de rhabdomyolyse.

©La revue Prescrire 15 avril 2003
Rev Prescr 2003 ; 23 (238) : 287-293.