Effets indésirables musculaires
des hypocholestérolémiants de la famille des statines |
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En pratique, il est préférable de choisir
les statines les mieux évaluées sur le plan de l'efficacité
clinique que sont la pravastatine et la simvastatine, de choisir les
doses évaluées dans les essais cliniques et d'identifier
les facteurs de risque. |
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Les hypocholestérolémiants
les mieux évalués en terme d'efficacité préventive
des accidents cardiovasculaires appartiennent à la famille
des inhibiteurs de l'HMGCoA réductase, alias statines. Quatre
statines sont actuellement commercialisées en France :
la simvastatine (Lodalès°, Zocor°), la pravastatine
(Elisor°, Vasten°), la fluvastatine (Fractal°, Lescol°)
et l'atorvastatine (Tahor°). La cérivastatine (ex-Cholstat°,
ex-Staltor°) a été retirée du marché
en août 2001 du fait d'un nombre inattendu d'atteintes musculaires
mortelles à type de rhabdomyolyse.
Globalement, 1 %
à 6 % des patients qui prennent une statine se plaignent
de myalgies sans gravité, associées ou non à
une élévation de l'activité créatine kinase
sérique.
3 % à
5 % des patients sous statine ont une élévation
modérée de l'activité créatine kinase
sérique d'origine musculaire, souvent sans symptôme clinique
d'atteinte musculaire. Cette élévation est souvent transitoire,
même en cas de poursuite de la prise de statine.
Des élévations
de l'activité créatine kinase sérique, de l'ordre
de 10 fois la valeur normale, surviennent avec une fréquence
de 0,1 % à 0,5 % des patients sous statine. Dans
de rares cas, la destruction musculaire est massive, et peut être
mortelle ou laisser des séquelles, notamment une insuffisance
rénale.
Plus rarement,
l'atteinte musculaire peut se traduire par un déficit musculaire
localisé ou étendu, avec présence de lésions
histologiques sans élévation de l'activité créatine
kinase sérique.
Selon les comparaisons
indirectes que permettent les résultats des essais cliniques,
et selon les données de la notification spontanée, il
n'a pas été mis en évidence de différence
tangible de fréquence des effets indésirables musculaires
entre les 4 statines actuellement commercialisées en France.
Les facteurs connus
de risque d'atteinte musculaire sous statine sont une dose élevée
du médicament, une insuffisance rénale ou hépatique,
une pathologie musculaire préexistante, une hypothyroïdie.
L'association
avec certains médicaments augmente aussi le risque musculaire :
les hypocholestérolémiants de la classe des fibrates,
du fait de l'addition des effets indésirables musculaires,
et pour certaines statines, l'érythromycine (Erythrocine°
ou autre), la clarithromycine (Naxy°, Zeclar°), le kétoconazole
(Nizoral°), l'itraconazole (Sporanox°), la ciclosporine (Sandimmun°,
Neoral°), le vérapamil (Isoptine° ou autre), etc. en
raison d'interactions pharmacocinétiques.
En pratique, il
est préférable de choisir les statines les mieux évaluées
sur le plan de l'efficacité clinique que sont la pravastatine
et la simvastatine, de choisir les doses évaluées dans
les essais cliniques et d'identifier les facteurs de risque.
Par ailleurs,
les patients doivent être avertis du risque d'atteinte musculaire.
L'apparition de symptômes musculaires doit conduire à
doser l'activité créatine kinase sérique. Selon
les résumés des caractéristiques des spécialités
commercialisées en France, l'arrêt de la statine est
à envisager si l'activité créatine kinase sérique
est supérieure ou égale à 5 fois la limite supérieure
de la valeur normale.
©La revue Prescrire 15 août 2003
Rev Prescr 2003 ; 23 (241) : 509-514.
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