Revue Prescrire, article en une, effets indésirables statines août 2003
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Effets indésirables musculaires des hypocholestérolémiants de la famille des statines
 
En pratique, il est préférable de choisir les statines les mieux évaluées sur le plan de l'efficacité clinique que sont la pravastatine et la simvastatine, de choisir les doses évaluées dans les essais cliniques et d'identifier les facteurs de risque.
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Effets indésirables musculaires des statines
Rev Prescr 2003 ; 23 (241) : 509-514.
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Les rhabdomyolyses
Entre simples douleurs musculaires et insuffisance rénale aiguë
Rev Prescr 2003 ; 23 (241) : 537-539.
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Les hypocholestérolémiants les mieux évalués en terme d'efficacité préventive des accidents cardiovasculaires appartiennent à la famille des inhibiteurs de l'HMGCoA réductase, alias statines. Quatre statines sont actuellement commercialisées en France : la simvastatine (Lodalès°, Zocor°), la pravastatine (Elisor°, Vasten°), la fluvastatine (Fractal°, Lescol°) et l'atorvastatine (Tahor°). La cérivastatine (ex-Cholstat°, ex-Staltor°) a été retirée du marché en août 2001 du fait d'un nombre inattendu d'atteintes musculaires mortelles à type de rhabdomyolyse.

Globalement, 1 % à 6 % des patients qui prennent une statine se plaignent de myalgies sans gravité, associées ou non à une élévation de l'activité créatine kinase sérique.

3 % à 5 % des patients sous statine ont une élévation modérée de l'activité créatine kinase sérique d'origine musculaire, souvent sans symptôme clinique d'atteinte musculaire. Cette élévation est souvent transitoire, même en cas de poursuite de la prise de statine.

Des élévations de l'activité créatine kinase sérique, de l'ordre de 10 fois la valeur normale, surviennent avec une fréquence de 0,1 % à 0,5 % des patients sous statine. Dans de rares cas, la destruction musculaire est massive, et peut être mortelle ou laisser des séquelles, notamment une insuffisance rénale.

Plus rarement, l'atteinte musculaire peut se traduire par un déficit musculaire localisé ou étendu, avec présence de lésions histologiques sans élévation de l'activité créatine kinase sérique.

Selon les comparaisons indirectes que permettent les résultats des essais cliniques, et selon les données de la notification spontanée, il n'a pas été mis en évidence de différence tangible de fréquence des effets indésirables musculaires entre les 4 statines actuellement commercialisées en France.

Les facteurs connus de risque d'atteinte musculaire sous statine sont une dose élevée du médicament, une insuffisance rénale ou hépatique, une pathologie musculaire préexistante, une hypothyroïdie.

L'association avec certains médicaments augmente aussi le risque musculaire : les hypocholestérolémiants de la classe des fibrates, du fait de l'addition des effets indésirables musculaires, et pour certaines statines, l'érythromycine (Erythrocine° ou autre), la clarithromycine (Naxy°, Zeclar°), le kétoconazole (Nizoral°), l'itraconazole (Sporanox°), la ciclosporine (Sandimmun°, Neoral°), le vérapamil (Isoptine° ou autre), etc. en raison d'interactions pharmacocinétiques.

En pratique, il est préférable de choisir les statines les mieux évaluées sur le plan de l'efficacité clinique que sont la pravastatine et la simvastatine, de choisir les doses évaluées dans les essais cliniques et d'identifier les facteurs de risque.

Par ailleurs, les patients doivent être avertis du risque d'atteinte musculaire. L'apparition de symptômes musculaires doit conduire à doser l'activité créatine kinase sérique. Selon les résumés des caractéristiques des spécialités commercialisées en France, l'arrêt de la statine est à envisager si l'activité créatine kinase sérique est supérieure ou égale à 5 fois la limite supérieure de la valeur normale.

©La revue Prescrire 15 août 2003
Rev Prescr 2003 ; 23 (241) : 509-514.