Revue Prescrire, article en une, Mieux se protéger des infections liées aux moustiques, juin 2008
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Mieux se protéger des infections
liées aux moustiques
   
Répulsifs et moustiquaires imprégnées d'insecticide.
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Mieux se protéger des infections liées aux moustiques
Rev Prescrire 2008 ; 28 (296) : 436-445.
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Virus West Nile :
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Rev Prescrire 2004 ; 24 (252) : 537-538.
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Dérivés de l'artémisinine et paludisme
Rev Prescrire 2007 ; 27 (290) : 913-920.
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Chikungunya
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Une protection efficace contre les piqûres de moustiques, vecteurs du paludisme, de la dengue, du chikungunya, de l'infection par le virus West Nile, de la fièvre jaune, etc., est une mesure d'autant plus souhaitable que le risque d'infection grave est important.

Contre les piqûres de moustiques, le port de vêtements aussi couvrants que possible apporte une protection partielle. Cette protection peut être augmentée par l'emploi de répulsifs, selon plusieurs modes : application cutanée, imprégnation des vêtements, imprégnation de moustiquaires, pulvérisation dans l'habitation.

L'intensité et la durée de l'efficacité des répulsifs sont variables selon la quantité de répulsif appliquée, la fréquence des applications, les espèces de moustiques et de très nombreux autres facteurs environnementaux (vent, température, humidité, densité de moustiques dans le milieu) et facteurs personnels (âge, activité, sudation, etc.). Quel que soit le répulsif cutané utilisé, il est à appliquer sur la peau exposée aux piqûres de moustiques, mais avec précaution sur le visage, loin des yeux et des lèvres, et loin des lésions cutanées. Mieux vaut éviter les mains si elles risquent d'entrer en contact avec les yeux ou la bouche, par exemple chez les enfants. Mieux vaut ne pas vaporiser le répulsif directement sur le visage, pour éviter une exposition oculaire ou respiratoire. Si besoin, le répulsif est éliminé à l'eau et au savon.

Le DEET est le répulsif cutané de référence, d'efficacité démontrée vis-à-vis des principaux moustiques vecteurs d'infections. Sa durée d'efficacité dépend de la dose appliquée, atteignant souvent 3 heures à 7 heures, selon la quantité, la concentration et la surface d'étalement. Les effets indésirables graves sont exceptionnels, généralement liés à un surdosage par utilisation excessive (en surface corporelle ou en fréquence d'application). Les effets indésirables les plus fréquents sont l'irritation cutanée ou oculaire. Son odeur, sa consistance graisseuse et son effet agressif sur certaines matières freine son emploi en routine ; mieux vaut prévenir les utilisateurs du risque de détérioration des lunettes, des montres et autres objets en plastique. Mieux vaut utiliser le DEET sur des surfaces du corps restreintes, en quantité modérée, selon une fréquence d'autant plus faible que la quantité appliquée a été importante : on utilise habituellement du DEET à 50 % environ chez les adultes, et à 30 % chez les enfants.

Chez les enfants, surtout chez les nourrissons, une prudence particulière s'impose. Lorsque le risque d'infection grave véhiculée par les moustiques est élevé, l'application de DEET a une balance bénéfices-risques favorable à partir de l'âge de 2 mois, sous réserve de précautions contre un emploi excessif. Mieux vaut une application peu étendue de DEET à 30 % et peu fréquente, et miser surtout sur le port de vêtements couvrants, imprégnés de perméthrine ou dérivés. Une protection par moustiquaire imprégnée de perméthrine ou dérivés, dès la naissance, est d'efficacité démontrée.

L'icaridine dosée à 20 % à 25 % a une efficacité et des effets indésirables similaires à ceux du DEET à 50 %. Son recul d'utilisation est un peu moindre que celui du DEET, mais elle a l'avantage d'être sans odeur, de consistance sans particularité et de ne pas détériorer les objets en plastique, ce qui facilite son emploi en routine.

L'IR35/35 dosé à 35 % est une alternative au DEET et à l'icaridine, souvent un peu moins efficace. L'IR35/35 semble un peu moins irritant que le DEET et l'icaridine. Son utilisation est justifiée lorsqu'il s'agit simplement de diminuer le nombre de piqûres de moustiques, sans enjeu de prévention d'infections graves.

Le citriodiol n'a pas d'avantage démontré sur les autres répulsifs. Son évaluation est moindre et son recul d'utilisation faible.

L'imprégnation des vêtements avec une solution de perméthrine à 4 % assure une protection complémentaire contre les piqûres de moustiques.

L'utilisation d'une moustiquaire imprégnée d'un pyréthrinoïde (perméthrine, deltaméthrine, etc.) apporte un surcroît de protection contre le paludisme.

La pulvérisation d'insecticide rémanent à base de pyréthrinoïde dans le domicile a une efficacité préventive démontrée sur le paludisme. En revanche, ni la pulvérisation d'autres insecticides, ni leur diffusion par vaporisation ou fumigation, n'ont d'efficacité démontrée. Leurs effets indésirables sont mal connus.

Les répulsifs sont toxiques par voie orale, donc à placer hors de portée des enfants, ainsi que les insecticides destinés à l'imprégnation des moustiquaires ou à la diffusion dans les habitations.

Chez les femmes enceintes, la balance bénéfices-risques incite à éviter l'usage de répulsif durant le premier trimestre de grossesse, et à préférer les autres moyens de prévention : vêtements couvrants imprégnés de perméthrine, moustiquaires imprégnées. Durant le deuxième et le troisième trimestres, le DEET à 20 % est le répulsif le mieux évalué, sans risque mis en évidence pour la grossesse ni pour l'enfant à naître.

©Prescrire 1er juin 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (296) : 436-445.