Revue Prescrire, article en une, Soigner par les plantes points clés 2007
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Soigner par les plantes : points-clés
 

Au delà des préjugés, bien utiliser les plantes en situations de soins.

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Bien utiliser les plantes en situations de soins
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"Naturel" n’est pas synonyme d’innocuité. Devant une symptomatologie inexpliquée, mieux vaut penser aussi à questionner le patient sur sa consommation éventuelle de préparations à base de plantes.

"Préparation à base de plantes" n’est pas synonyme de placebo, que la forme d’utilisation soit la tisane (forme traditionnelle la plus utilisée), ou divers extraits actuellement commercialisés sous des formes pharmaceutiques variées.

Comme pour les autres thérapeutiques, le choix d’utiliser une plante pour soigner exige une évaluation de la balance entre les bénéfices attendus et les risques encourus pour chaque patient, en fonction de sa situation particulière. Et cette balance doit être favorable.

Identifier et nommer avec précision les plantes et leur partie utilisée est nécessaire pour savoir de quoi on parle.

Sur le marché, coexistent des préparations à base de plantes dont les statuts n’offrent pas les mêmes garanties de qualité et d’innocuité. Le statut de médicament avec autorisation de mise sur le marché (AMM) garantit au moins la qualité pharmaceutique des préparations. Ce n’est pas le cas pour les compléments alimentaires, les "alicaments" et autres"nutraceutiques", dont ni la composition ni l’innocuité ne sont valablement assurées.

Les soignants doivent refuser d’ajouter à la confusion : mieux vaut ne pas prescrire ni vendre des préparations à base de plantes dénuées du statut de médicament ; ces préparations n’ont pas leur place en pharmacie d’officine.

Le code CIP, sur l’étiquetage des boîtes, est un repère simple qui permet de reconnaître les préparations (y compris à base de plantes) qui ont le statut de médicament (leur code CIP commence par un "3").

Les plantes peuvent être utiles dans certaines affections bénignes pour lesquelles le traitement est de nature symptomatique. Elles ont par exemple leur place pour traiter des "troubles du sommeil", des "troubles digestifs", une "déprime passagère".

Les niveaux de preuve manquent parfois de robustesse pour démontrer l’efficacité d’une préparation à base de plantes dans une indication donnée. Pourtant, quand la prise d’un médicament à base de plantes a été choisie avec le patient comme élément de réponse à ses maux, son utilisation peut se justifier dès lors que les effets indésirables sont inexistants ou négligeables.

Dans des indications sérieuses où il y a mieux à faire, les plantes ne doivent pas être utilisées à la place d’autres traitements dont la balance bénéficesrisques est favorable.

De manière générale, mieux vaut déconseiller l’usage des plantes pour maigrir (leur consommation est alors souvent massive et au long cours) ; ainsi que chez les patients polymédicamentés (risques d’interactions médicamenteuses) ; et ne pas les utiliser au long cours (la liste des plantes hépatotoxiques est longue).

Pour prévenir les effets indésirables, les soignants ont un rôle d’incitation des patients au respect des conditions normales d’utilisation :
– ne consommer que des préparations à base de plantes dont la qualité pharmaceutique est garantie par le statut de médicament ;
– éviter une consommation prolongée ;
– respecter des doses "raisonnables", conformes aux mentions figurant sur l’étiquetage ;
– préférer les plantes dont l’usage est reconnu comme traditionnel par les agences du médicament, et dont le mode de préparation est le plus proche possible de la tradition.

©La revue Prescrire 15 août 2007