"Naturel"
nest pas synonyme dinnocuité. Devant une symptomatologie inexpliquée,
mieux vaut penser aussi à questionner le patient sur sa consommation éventuelle
de préparations à base de plantes. "Préparation
à base de plantes" nest pas synonyme de placebo, que la forme
dutilisation soit la tisane (forme traditionnelle la plus utilisée),
ou divers extraits actuellement commercialisés sous des formes pharmaceutiques
variées. Comme
pour les autres thérapeutiques, le choix dutiliser une plante pour
soigner exige une évaluation de la balance entre les bénéfices
attendus et les risques encourus pour chaque patient, en fonction de sa situation
particulière. Et cette balance doit être favorable. Identifier
et nommer avec précision les plantes et leur partie utilisée est
nécessaire pour savoir de quoi on parle. Sur
le marché, coexistent des préparations à base de plantes
dont les statuts noffrent pas les mêmes garanties de qualité
et dinnocuité. Le statut de médicament avec autorisation de
mise sur le marché (AMM) garantit au moins la qualité pharmaceutique
des préparations. Ce nest pas le cas pour les compléments
alimentaires, les "alicaments" et autres"nutraceutiques",
dont ni la composition ni linnocuité ne sont valablement assurées. Les
soignants doivent refuser dajouter à la confusion : mieux vaut ne
pas prescrire ni vendre des préparations à base de plantes dénuées
du statut de médicament ; ces préparations nont pas leur place
en pharmacie dofficine. Le
code CIP, sur létiquetage des boîtes, est un repère
simple qui permet de reconnaître les préparations (y compris à
base de plantes) qui ont le statut de médicament (leur code CIP commence
par un "3"). Les
plantes peuvent être utiles dans certaines affections bénignes pour
lesquelles le traitement est de nature symptomatique. Elles ont par exemple leur
place pour traiter des "troubles du sommeil", des "troubles digestifs",
une "déprime passagère". Les
niveaux de preuve manquent parfois de robustesse pour démontrer lefficacité
dune préparation à base de plantes dans une indication donnée.
Pourtant, quand la prise dun médicament à base de plantes
a été choisie avec le patient comme élément de réponse
à ses maux, son utilisation peut se justifier dès lors que les effets
indésirables sont inexistants ou négligeables. Dans
des indications sérieuses où il y a mieux à faire, les plantes
ne doivent pas être utilisées à la place dautres traitements
dont la balance bénéficesrisques est favorable. De
manière générale, mieux vaut déconseiller lusage
des plantes pour maigrir (leur consommation est alors souvent massive et au long
cours) ; ainsi que chez les patients polymédicamentés (risques dinteractions
médicamenteuses) ; et ne pas les utiliser au long cours (la liste des plantes
hépatotoxiques est longue). Pour
prévenir les effets indésirables, les soignants ont un rôle
dincitation des patients au respect des conditions normales dutilisation
: ne consommer que des préparations à base de plantes
dont la qualité pharmaceutique est garantie par le statut de médicament
; éviter une consommation prolongée ; respecter
des doses "raisonnables", conformes aux mentions figurant sur létiquetage
; préférer les plantes dont lusage est reconnu comme
traditionnel par les agences du médicament, et dont le mode de préparation
est le plus proche possible de la tradition. ©La
revue Prescrire 15 août 2007 |