Revue Prescrire, article en une, Phytothérapie en France : utilisation fréquente , juillet 2008
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Phytothérapie en France : utilisation fréquente
   
Á l'occasion d'une consultation ou d'un conseil pharmaceutique, mieux vaut demander systématiquement aux patients s'ils utilisent des produits à base de plantes, cars ils le signalent rarement spontanément.
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Phytothérapie en France : utilisation fréquente
Rev Prescrire 2008 ; 28 (2976) : 508.
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Bien utiliser les plantes en situations de soins
Numéro special été.
Rev Prescrire 2007;
27 (286).
Sommaire

Phytothérapie : rarement signalée spontanément
Rev Prescrire 2007;
27 (286) : 610.
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Souvent considérés comme "médecine douce", les produits à base de plantes sont rarement signalés spontanément par les patients, au moment de faire avec les soignants le tour de leurs traitements (1). Pourtant, les produits à base de plantes exposent à des interactions médicamenteuses et à des effets indésirables parfois graves. Ainsi, par exemple, le millepertuis, utilisé dans les manifestations dépressives légères et transitoires, est un inducteur enzymatique : il diminue l'effet de nombreux médicaments, dont la contraception hormonale, et cause parfois un syndrome sérotoninergique (2,3).

Quels sont en France les principaux produits déclarés par des patients interrogés systématiquement ?
Plusieurs équipes françaises ont réalisé une enquête multicentrique prospective chez des patients lors de la consultation d'anesthésie pour un acte chirurgical (4).

1 patient sur 5 a déclaré prendre un produit à base de plantes. 1 057 pa­tients ont été ainsi interrogés, soit 571 femmes et 486 hommes, âgés en moyenne de 54 ans (ils consultaient en vue d'une chirurgie orthopédique, abdominale, gynécologique, urologique, ORL, ophtalmologique, vasculaire, ou thoracique, ou d'une endoscopie digestive) (4). La prise de produits à base de plantes était systématiquement recherchée. Lorsque les patients disaient utiliser une phytothérapie, une liste de spécialités était proposée comprenant de la valériane, du ginkgo, du ginseng, du millepertuis, de l'échinacée ou de l'éphédra. Certaines de ces plantes exposent à des effets indésirables ou à des interactions médicamenteuses à prendre en compte lors d'un acte chirurgical. Pour d'autres, on ne connaît pas exactement leur potentiel d'interaction (2).
20 % des patients ont déclaré prendre un produit à base de plantes.
Par ailleurs, 3 patients sur 4 prenaient au moins un médicament. Les classes les plus prescrites étaient des antagonistes du système rénine angiotensine (15 %), des bêtabloquants (11 %), des antiagrégants plaquettaires (10 %). 3 % des patients ont déclaré prendre plus de 10 substances.

Parmi les utilisateurs de produits à base de plantes, quasiment 1 sur 10 a déclaré consommer de la valériane, du ginkgo, du ginseng, du millepertuis, de l'échinacée ou de l'éphédra (a)(4). La valériane sous forme d'extrait a été la plus consommée.
La consommation de produits à base de plantes a été plus fréquente chez les femmes que chez les hommes : 27 % versus 11 % (4).

En pratique : interroger systématiquement. À l'occasion d'une consultation ou d'un conseil pharmaceutique, mieux vaut demander systématiquement aux patients s'ils utilisent des produits à base de plantes, car ils le signalent rarement spontanément. Cela crée une occasion d'aborder la question des effets indésirables de ces produits ; et parfois de réviser l'ordonnance.

©Prescrire 1er juillet 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (297) : 508

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Notes
a- En 2003, l'Agence française des produits de santé a interdit définitivement « l'importation, la préparation, la prescription et la délivrance de préparations magistrales officinales et hospitalières (...) » à base d'éphédrine et d'éphédra, y compris les préparations homéopathiques (à des dilutions inférieures à 5CH) (réf. 5).
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Références
1- Prescrire Rédaction "Phytothérapie : rarement signalée spontanément" Rev Prescrire 2006 ; 26 (268) : 27.
2- Prescrire Rédaction "Interactions et phytothérapie" Rev Prescrire 2007 ; 27 (286) : 616.
3- Prescrire Rédaction "Millepertuis : de nombreuses associations médicamenteuses à risque" Rev Prescrire 2007 ; 27 (286) : 616.
4- Baillard C et coll. "Traitement médicamenteux et phytothérapie des patients adressés en consultation d'anesthésie : enquête multicentrique" Ann Fr Anesth Reanim 2007 ; 26 (2) : 132-135.
5- Prescrire Rédaction "Préparations d'obésologie à base d'éphédrine et tiratricol interdites" Rev Prescrire 2007 ; 27 (286) : 615.