Revue Prescrire, article en une, Les dérivés de l'artémisinine, décembre 2007
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Les dérivés de l'artémisinine
 

L'artémisinine, extraite d'une plante en Chine, comprend de nombreux dérivés.

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Dérivés de l'artémisinine et paludisme

Rev Prescrire 2007 ; 27 (290) : 913-920.
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artéméther + luméfantrine (Riamet°)
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Traitements à base d'artémisinine en Afrique : lenteurs, progrès et lacunes
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On estime que, dans le monde, plus de 1 200 plantes sont utilisées en traitement du paludisme ou de la fièvre (1). En Chine, les propriétés antipyrétiques des extraits de la plante "quinghao" (qui veut dire "herbe verte"), Artemisia annua L., ont été rapportées il y a plus de 1 500 ans, et son utilisation décrite il y a plus de 2 000 ans (2,3).

En 1967, le gouvernement chinois a lancé un programme visant à découvrir des substances antipaludiques dans diverses plantes médicinales, dont le qinghao. En 1971, une lactone particulièrement active a été découverte et dénommée alors quinghaosu ; sa dénomination commune internationale (DCI) est aujourd'hui artémisinine (1,4).

Les plantes du genre Artemisia, alias armoises, sont largement répandues dans le monde. L'artémisinine n'est obtenue qu'à partir de Artemisia annua L. (alias Armoise annuelle) (5). Elle peut être cultivée sur tous les continents (a)(6).

L'artémisinine est peu soluble. Divers dérivés semi-synthétiques, plus liposolubles ou hydrosolubles qu'elle, ont été étudiés : surtout, l'artéméther (plus liposoluble), l'artésunate (hydrosoluble mais peu stable en solution) et la dihydroartémisinine (4). Les autres dérivés testés dans le paludisme sont : artémotil (utilisé aux Pays-Bas), alfa-bêta artééther (utilisé en Inde), artéflène, artélinate (expérimenté par l'armée étatsunienne), artémisinone (3,4).

La dihydroartémisinine est un métabolite actif commun à tous les dérivés de l'artémisinine, à l'exception de l'artémisinine elle-même (3,4). Elle est convertie en métabolite inactif, notamment via le cytochrome P450. Sa demi-vie d'élimination plasmatique est d'environ 45 minutes (3).

Ces substances ont en commun des propriétés antipaludiques à des concentrations très faibles, tuant les formes sanguines des Plasmodium plus rapidement que les autres médicaments antipaludiques in vitro, selon un mécanisme d'action différent des autres antipaludiques (b) (1,6).
Les dérivés de l'artémisinine sont actifs contre la forme sanguine du Plasmodium, le schizonte, de P. falciparum et de P. vivax. Ils sont également actifs sur les formes sexuées des parasites, les gamétocytes, qui sont la forme transmise de l'homme aux moustiques, ce qui laisse espérer une certaine efficacité sur la transmission du paludisme (3).

En septembre 2007, l'association artéméther + luméfantrine est le seul médicament disponible en France, contenant un dérivé de l'artémisinine. L'artésunate n'est pas commercialisé en France en tant que spécialité pharmaceutique munie d'une autorisation de mise sur le marché. L'efficacité des dérivés de l'artémisinine injectables dans le paludisme grave justifierait pourtant qu'au moins une forme injectable d'artésunate soit aisément accessible en France.

©Prescrire 1er décembre 2007
Rev Prescrire 2007 ; 27 (290) : 913-920.

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Notes
a- L'absinthe est fabriquée à partir d'extraits d'une autre espèce d'armoise, Artemisia absinthia. Des extraits de cette plante ont été utilisés au 19e siècle en Europe pour le traitement de la fièvre en général et du paludisme en particulier. L'absinthe contenait une quantité importante d'une substance neurotoxique, la thujone. L'absinthe commercialisée actuellement contient environ 30 fois moins de cette substance qu'au début du 20e siècle (réf. 6).
b- L'artémisinine et ses dérivés semblent agir dans les globules rouges, au contact d'une forte concentration de fer, par une réaction chimique produisant des radicaux libres toxiques vis-à-vis des membranes cellulaires (réf. 6).
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Références
1- Willcox ML et Bodeker G "Traditional herbal medicines for malaria" BMJ 2004 ; 329 : 1156-1159.
2- Hien TT et White NJ "Qinghaosu" Lancet 1993 ; 341 : 603-608.
3- Woodrow CJ et coll. "Artemisinins" Postgrad Med J 2005 ; 81 : 71-78.
4- "Artemisinin Derivatives". In : "Martindale The complete drug reference" The Pharmaceutical Press, London. Site www.medicinescomplete.com consulté le 13 avril 2007 : 8 pages.
5- Bougnoux ME et Ancelle T "Place de l'artéméther parmi les dérivés du qinghaosu" Cahiers Santé 1993 ; 3 : 308-313.
6- van Boxtel CJ "Artemisia and artemisinin, a story about toxicity" Uppsala Reports 2004 ; (25 suppl.) : 1-4.