La panne d'innovation des firmes pharmaceutiques s'annonce durable.
Les firmes se livrent dès lors à une offensive diversifiée
dans le domaine de la publicité et de l'"information-santé",
notamment vis-à-vis du grand public. L'innovation
en panne Parmi les centaines de dossiers examinés par la revue Prescrire
en 2006, on compte seulement 23 nouvelles substances. La part des fausses nouveautés,
substances anciennes "recyclées", "me too" et autres
associations de substances déjà connues, est importante et témoigne
d'une innovation en perte de vitesse. Et la revue a déploré par
ailleurs, toujours en 2006, la mise sur le marché de 17 médicaments
à balance bénéfices-risques défavorable. Au total,
comme l'an passé, on constate une faible proportion de nouvelles substances
ou nouvelles indications représentant un progrès thérapeutique
tangible pour les patients, et une proportion élevée de médicaments
à balance bénéfices-risques défavorable. Le marché
du médicament est apparu en 2006 à la fois peu novateur et peu orienté
vers l'intérêt des patients.
mais
des marchés encore lucratifs La crise qui touche à la
fois l'innovation thérapeutique et le contrôle public du marché
pharmaceutique apparaît désormais durable et globale. Pourtant les
firmes pharmaceutiques restent attractives pour leurs actionnaires, car des stratégies
commerciales bien menées arrivent à transformer en produits rentables
des médicaments qui "n'apportent rien de nouveau" pour soigner
mieux, ou qui ne sont pas les meilleurs choix de leur classe. Il est même
parfois possible d'en faire des "blockbusters" qui dégagent des
chiffres d'affaires annuels mondiaux supérieurs au milliard de dollars.
C'est le cas par exemple de Tahor° (atorvastatine), longtemps moins bien évaluée
cliniquement que d'autres statines, ou d'Inexium° (ésoméprazole),
qui ne présente aucun progrès tangible pour les patients par rapport
au Mopral° (oméprazole). Ces exemples parmi d'autres montrent qu'une
bonne stratégie marketing peut rendre un médicament sans avantage
particulier finalement très lucratif pour les firmes et leurs actionnaires.
Et lorsque beaucoup de professionnels de santé deviennent plus critiques
et moins sensibles aux stratégies marketing, les firmes changent de cible :
il leur suffit de s'adresser directement aux patients. Publicité
et information-santé, cache-misère de la crise de l'innovation Les
firmes dépensent aujourd'hui de plus en plus d'argent en publicité
et en information-santé, notamment auprès du grand public. Publicité
grand public pour médicaments de prescription : une interdiction souvent
bafouée La publicité auprès du grand public pour
les médicaments de prescription est interdite en France, sauf exceptions.
Cette interdiction est destinée à protéger le public contre
des informations biaisées sur les médicaments. L'expérience
prouve en effet que les firmes tendent dans leurs publicités pharmaceutiques
à élargir les indications et à minimiser les risques des
médicaments. En pratique, en ne donnant pas d'information comparative fiable
sur les meilleurs choix possibles pour les patients, la publicité pharmaceutique
grand public expose les patients à consommer des médicaments qui
ne sont pas les plus appropriés pour eux. Malgré l'interdiction,
la publicité grand public pour les médicaments de prescription s'est
infiltrée un peu partout en 2006, de façon plus ou moins déguisée.
Cette année, on a ainsi noté des prélancements en fanfare
auprès du grand public : un médicament contre l'obésité,
le rimonabant (Acomplia°) et un médicament dans le sevrage tabagique,
la varénicline (Champix°). Ces médicaments ont été
largement mis en avant par les firmes et ce bien avant leur commercialisation :
la rubrique investissements du site internet de la firme Sanofi Aventis a donné
un accès facile à un "dossier scientifique" du rimonabant ;
la varénicline a été largement promue sur le site internet
de la firme Pfizer et dans les médias. Soulignons qu'aucun de ces médicaments
n'apporte d'amélioration pour la prise en charge des patients, comparés
aux moyens médicamenteux (ou non) déjà disponibles. Grandes
manuvres pour la levée de l'interdiction en Europe Ces
deux exemples pris parmi d'autres montrent que les firmes pharmaceutiques ont
trouvé les moyens de détourner largement l'interdiction de publicité
auprès du public pour les médicaments de prescription. Cette
interdiction a été confirmée par un vote massif des députés
européens en 2002 (494 voix contre 42). Mais les firmes n'ont pas abandonné
pour autant l'espoir de conquérir en Europe le droit de faire cette publicité,
dont elles jouissent déjà aux États-Unis d'Amérique
et en Nouvelle Zélande. La Direction Générale Entreprise,
compétente au sein de la Commission européenne en matière
de médicament, soutient les firmes dans leur souhait de communiquer auprès
du grand public pour les médicaments de prescription, au nom de la défense
de la compétitivité de ce secteur industriel. La Commission a clairement
regretté le vote des députés européens, et elle a
obtenu d'être chargée de prendre des initiatives en matière
"d'information des patients". Fin 2005, la Commission européenne
a ainsi mis en place le "Forum pharmaceutique", chargé notamment
de faire des suggestions en matière de "partenariats public-privé"
pour l'information des patients. Il est à craindre qu'une large part sera
faite aux firmes dans ces partenariats et à leurs stratégies de
communication grand public. En effet les patients sont extrêmement minoritaires
dans ce Forum pharmaceutique. De plus, ils sont surtout représentés
par l'association European Patient's Forum dont le financement, peu transparent,
fait largement appel aux firmes pharmaceutiques.
Aux États-Unis
et en Nouvelle Zélande, l'opposition à la publicité grand
public pour les médicaments de prescription est grandissante, en réaction
à une expérience jugée négative pour les patients
et pour la relation médecin-patient. Pendant ce temps, cette publicité
risque fort d'être autorisée en Europe, sous couvert d'information-santé. L'information-santé,
ou les nouveaux habits de la publicité pharmaceutique La
distinction entre "information-santé" et publicité est
bien hypocrite. En pratique, il est facile de vérifier que les firmes ne
font d'information que sur des situations pour lesquelles elles commercialisent
un médicament. La firme Pfizer par exemple ne communique pas par hasard
sur les troubles de l'érection ou sur le cholestérol. Et quand elle
communique auprès du public avec la Fédération française
de cardiologie, c'est la firme qui contrôle le message, au point de mentionner
en bas de page : "tous droits réservés : Pfizer".
Ce comportement des firmes paraît bien logique, ce sont des entreprises
commerciales ; alors pourquoi jouer sur les mots et ne pas reconnaître
que les informations communiquées par les firmes sont publicitaires, par
nature ou par intention ? Les patients ont un droit indéniable
à l'information sur la santé, les maladies et les différentes
options thérapeutiques. Mais ce n'est pas en autorisant les firmes à
"communiquer" auprès des patients que l'on servira au mieux ce
droit. Les patients ont besoin d'informations fiables et comparatives sur les
traitements, médicamenteux ou non, que les firmes ont rarement intérêt
à leur fournir. Ce constat de bon sens s'applique à n'importe quel
secteur commercial, les firmes pharmaceutiques ne font pas exception. Tentation
croissante du marketing pharmaceutique : la "fabrication de maladies"
pour vendre des médicaments Quand de nombreux médicaments
à balance bénéfices-risques acceptable sont déjà
disponibles dans beaucoup de situations courantes, comme c'est le cas aujourd'hui
dans les pays riches, et quand les milliards d'êtres humains pauvres de
la planète ne représentent pas un marché pharmaceutique solvable,
il reste à "fabriquer des maladies" dans les pays riches. Entendons-nous
bien : il ne s'agit pas de fabriquer de toutes pièces des maladies,
mais de réunir des symptômes réels et parfois disparates sous
une nouvelle entité déclarée morbide et pour laquelle des
médicaments sont proposés ; d'abaisser artificiellement les
seuils de normalité pour justifier le traitement d'un plus grand nombre
de personnes ; ou encore de chercher à médicaliser des vicissitudes
de l'existence que l'on requalifie alors pour cela de "pathologiques".
Parmi les nouveautés présentées dans la revue Prescrire
en 2006, 3 illustrent ce phénomène croissant de la "fabrication
des maladies" par les firmes pharmaceutiques, dénommée en anglais
"disease mongering". Ainsi, le rimonabant (Acomplia°) est
annoncé pour lutter contre le "syndrome métabolique".
La définition du "syndrome métabolique" rassemble une
nébuleuse de troubles plus ou moins associés, parmi lesquels on
trouve souvent une obésité, des troubles lipidiques, des troubles
du métabolisme des glucides (notamment diabète de type 2) et une
pression artérielle plus ou moins élevée. Il existe dans
le monde plusieurs listes différentes de critères destinés
à diagnostiquer un "syndrome métabolique". Les discordances
parfois importantes entre ces listes soulignent le côté artificiel
de ce syndrome. En pratique, il n'y a pas d'intérêt à établir
un diagnostic de "syndrome métabolique" puisqu'il ne correspond
à aucune prise en charge spécifique d'intérêt démontré
en termes cliniques. Il vaut mieux prendre en charge les troubles isolés
pour lesquels il existe des traitements ayant un effet prouvé sur la morbimortalité,
avec une balance bénéfices-risques favorable. Le ropinirole
(Adartrel°) et le pramipexole (Sifrol°), deux antiparkinsoniens, sont
promus sur le marché du "syndrome des jambes sans repos", un
trouble parfois très gênant mais le plus souvent bénin, aux
frontières floues. Ces médicaments ont été médiocrement
évalués et sont proposés sans résultats probants,
avec des effets indésirables inconfortables et parfois graves, dont un
risque d'augmentation des symptômes. En pratique, pour améliorer
le confort des patients atteints de ce trouble, mieux vaut en rester aux moyens
non médicamenteux. Les médicaments actuellement proposés
ont une balance bénéfices-risques défavorable, même
chez les rares patients pour lesquels la gêne est majeure. Ce syndrome
des jambes sans repos est l'occasion de mentionner ici la tendance croissante
des firmes à utiliser les associations de patients dans leurs stratégies
marketing, via notamment leur financement. Une enquête publiée par
la revue New Scientist en octobre 2006 a révélé que la fondation
étatsunienne des jambes sans repos a reçu 450 000 dollars en 2005
de la firme GSK, qui commercialise Adartrel°, et 178 000 dollars de la firme
Boehringer Ingelheim, qui commercialise Sifrol°. Le côté intéressé
de ces financements est souligné encore par le fait que la firme Pfizer,
qui était un donateur notable de cette fondation en 2003 et 2004, a cessé
ses dons en 2005, après avoir abandonné le développement
d'un médicament dans l'indication des "jambes sans repos". Et
bientôt les firmes au chevet des malades
Le ciblage des
firmes pharmaceutiques sur les maladies chroniques des habitants des pays riches
est une clé du succès auprès de leurs actionnaires. Le
prix annuel par patient d'un traitement chronique peut représenter aujourd'hui
une somme extrêmement conséquente. Les firmes sont donc très
inquiètes de voir des patients interrompre leur traitement et elles proposent
de plus en plus souvent des programmes dits d'"aide à l'observance"
de leurs traitements. Il suffit de passer quelques minutes sur les sites internet
d'agences de marketing pharmaceutique pour y lire noir sur blanc que ces programmes
d'aide à l'observance sont conçus comme des programmes publicitaires
de fidélisation de la clientèle. Ces programmes devraient être
tout simplement interdits, puisqu'ils relèvent de la publicité auprès
du public pour les médicaments de prescription. Mais leur légalisation
a été glissée subrepticement dans un projet de loi visant
à transposer en France des directives européennes relatives au médicament,
alors même qu'aucune directive européenne n'autorise ces programmes
d'observance ! Le gouvernement avait initialement prévu que les firmes
puissent, par l'intermédiaire des médecins, mettre en place des
programmes d'"aide à l'observance" avec notamment : relances
téléphoniques, éducation personnalisée pour les patients,
envoi d'infirmières à domicile, etc. Certes, il est parfois
utile, voire indispensable, que les patients soient aidés en cas de difficultés
à suivre un traitement, mais les firmes pharmaceutiques, dont la vocation
naturelle est de vendre le plus possible leurs médicaments, sont les plus
mal placées pour rendre ce service aux patients. Et il ne s'agit là
encore que de simple bon sens. L'examen des programmes d'"aide à
l'observance" existants montre que dans de nombreux cas ces programmes concernent
des médicaments à problème : ou bien ils n'apportent
pas de progrès thérapeutique tangible par rapport aux traitements
déjà disponibles, ou bien ils sont difficiles à administrer
ou bien encore ils présentent des effets indésirables lourds à
supporter. Par exemple, un programme d'"aide à l'observance"
est organisé par la firme Lilly pour les patients traités par l'olanzapine
(Zyprexa°) pour différents troubles psychiatriques. Il s'agit d'un
neuroleptique dont les indications ne cessent d'être élargies à
la demande de la firme, mais qui n'a pas plus d'efficacité démontrée
que les traitements de référence, notamment l'halopéridol
et le lithium. Les comparaisons rigoureuses avec d'autres neuroleptiques plus
récents manquent pour savoir si l'olanzapine apporte un progrès
par rapport à ces médicaments. Les effets indésirables
de l'olanzapine sont nombreux. Par exemple, l'hyperglycémie par acidocétose,
parfois mortelle, a été médiatisée fin 2006, quand
Lilly a été soupçonné d'avoir occulté des informations
au sujet du lien entre olanzapine et diabète. La somnolence et une prise
de poids importante sont des facteurs de non-observance du traitement. Rapportée
chez plus de 10 % des patients lors des essais cliniques à court terme,
la prise de poids se confirme chez certains patients traités au long cours,
et les conduit à vouloir arrêter le traitement. D'où l'idée
d'un programme d'"aide à l'observance" organisé par la
firme Lilly. Rend-on le meilleur service aux patients atteints de troubles
psychiatriques et qui ne supportent pas les conséquences de cette prise
de poids, en les incitant à continuer la prise d'olanzapine ? Assurément
non. Les traitements de référence ont certes leurs effets indésirables,
mais ces derniers sont bien connus depuis longtemps et gérés en
conséquence, alors que l'on manque de recul sur les effets à long
terme de l'olanzapine. En outre, il est essentiel chez ces patients de remettre
en question régulièrement le traitement, en particulier lorsque
le patient a pu être un peu rapidement étiqueté comme "dépressif"
ou "maniaque" (en fonction des critères larges présentés
au public sur le site de la firme Lilly). Le 11 janvier dernier, les députés
avaient à voter l'habilitation au gouvernement de régir par ordonnance
les programmes d'"aide à l'observance" des firmes. Ce projet
du gouvernement a suscité une très forte inquiétude de la
part d'associations de patients, de consommateurs et de professionnels de santé,
notamment le Collectif Europe et Médicament, auquel participe la revue
Prescrire. Grâce à la détermination de députés
de tous bords, le gouvernement a été obligé de renoncer à
la procédure par ordonnance, et de proposer un amendement qui renforce
les contrôles initialement prévus des programmes d'aide à
l'observance des firmes. Mais au vu du peu d'efficacité du contrôle
en France des publicités pharmaceutiques et de la visite médicale,
nous exprimons les plus grands doutes sur la capacité des pouvoirs publics
à contrôler valablement les actions des firmes dans le domaine de
l'observance. Il serait plus clair et plus efficace d'interdire la participation
des firmes à de tels programmes. Une information pertinente
pour des citoyens responsables Les pouvoirs publics appellent aujourd'hui
le patient-assuré social à être responsable dans sa consommation
de soins de santé et de services sociaux, mais, en pratique, ils lui refusent
l'accès à une information objective sur les options thérapeutiques
et les médicaments. En effet, les pouvoirs publics laissent d'une part
les firmes pharmaceutiques étendre leur influence sur les patients, et
renâclent d'autre part à fournir aux citoyens les éléments
d'information utiles qui sont en leur possession. Des
éléments de transparence transposés avec réticence
en France Dans le domaine de l'information des patients, les pouvoirs
publics peuvent rapidement rendre service aux patients, simplement en appliquant
la loi ou en transposant les textes européens dans leur intégralité. Ainsi
la Directive européenne 2004/27/CE a modifié de façon notable
le cadre législatif européen dans le domaine du médicament.
La transposition de cette Directive dans le droit français aurait dû
avoir lieu avant le 30 octobre 2005 ; elle est seulement en cours de discussion
aujourd'hui au Parlement. Certaines dispositions de la Directive, favorables aux
patients, sont particulièrement attendues, notamment : évaluation
des notices par les patients, étiquetage en braille sur les boîtes.
La Directive sur le médicament prévoit aussi des obligations importantes
en matière de transparence des agences du médicament et d'accès
aux documents officiels. Il est regrettable que le gouvernement n'ait pas
proposé dès le départ d'inclure tous ces éléments
dans le projet de loi que les députés ont examiné le 11 janvier
dernier. Mais là aussi, à l'appel du Collectif Europe et Médicament,
des députés se sont mobilisés et ont déposé
des amendements qui devraient permettre de mieux transposer en France les acquis
européens. Une transparence de l'Afssaps par
petits bouts En 2006, l'Afssaps a commencé à se mettre
en conformité avec les dispositions de la Directive concernant l'accès
du public à l'information. On a vu apparaître des signes de transparence
sur le site de l'Afssaps : le règlement intérieur de la Commission
d'autorisation de mise sur le marché, des compte rendus des réunions
de cette commission et de la Commission nationale de pharmacovigilance. La
mise à disposition des documents sur le site reste cependant encore modeste :
aujourd'hui les RCP (résumés des caractéristiques du produit)
sont disponibles en ligne pour seulement environ un tiers des spécialités
autorisées en France. Et seulement une cinquantaine de rapports d'évaluation
(alias Rappe), parfois accompagnés d'une synthèse relative à
la procédure, sont accessibles en ligne. Début janvier, le dernier
compte rendu disponible de ces commissions datait de juin 2006. Par ailleurs,
la gestion des conflits d'intérêts des experts siégeant dans
les différentes commissions de l'agence française mériterait
d'être plus transparente et moins permissive. Par exemple, le nouveau règlement
de la Commission d'AMM, publié en février 2006, demande que soient
consignées dans le compte rendu de réunion la nature des conflits
d'intérêts importants et la manière dont ils ont été
gérés. Un document récapitulatif des conflits d'intérêts
est annexé au compte rendu de séance, mais il n'est accessible au
public que sur demande adressée au Directeur général de l'Afssaps
Toujours dans le domaine des conflits d'intérêts et de la transparence,
il est symptomatique de constater que l'article L. 4113-13 du Code de la santé
publique, résultant de la loi du 4 mars 2002, n'est toujours pas applicable
près de 4 ans plus tard, faute d'un décret d'application. Cet article
oblige les professionnels de santé à déclarer leurs conflits
d'intérêts éventuels à l'occasion de leurs interventions
dans une manifestation publique ou dans les médias. Redresser
la barre Le système actuel de recherche et développement pharmaceutique
est en crise durable : crise de l'innovation, mais aussi crise de confiance
des citoyens-patients après des désastres révélateurs
comme l'affaire Vioxx°. Face à l'échéance des brevets
de leurs médicaments les plus lucratifs, les firmes adoptent des stratégies
de "sauve qui peut" qui les amènent à dévoyer le
système de récompense de l'innovation en protégeant par des
brevets de fausses innovations, en réclamant des prix sans rapport avec
le progrès thérapeutique, et en cherchant à maîtriser
complètement le système d'information sur les médicaments. Les
pouvoirs publics ne peuvent pas rester spectateurs ou complices de cette dérive.
Ils doivent défendre l'intérêt public en réorientant
résolument le système d'innovation vers une réponse aux besoins
réels de la population et en encourageant les progrès tangibles
pour les patients. Sans attendre de révolution dans ce domaine, les
pouvoirs publics peuvent beaucoup pour redonner son sens à l'innovation
pharmaceutique, en garantissant la transparence des informations qu'ils détiennent,
en luttant activement contre les conflits d'intérêts dans le domaine
médical et pharmaceutique, et en investissant dans la recherche clinique
publique. Les bons médicaments et les firmes qui veulent bien faire
n'ont rien à craindre de la transparence et de l'information indépendante. ©La
revue Prescrire 18 janvier 2007 |