L'obésité
est généralement définie par un indice de masse corporelle
(poids en kilogrammes divisé par le carré de la taille en mètres)
supérieur ou égal à 30 kg/m2. L'obésité peut
créer une gêne dans le confort de vie, c'est également un
facteur de risque de morbidité, notamment cardiovasculaire et rhumatologique.
Après une phase de réduction pondérale, l'objectif est
une stabilisation durable du poids. Mais la majorité des patients ayant
maigri reprennent progressivement leur poids initial. Les traitements médicamenteux
actuels de l'obésité sont décevants.
Régime
hypocalorique et augmentation des activités physiques de loisirs Un
régime hypocalorique et une augmentation des activités physiques
de loisirs permettent une réduction pondérale moyenne d'environ
3,5 kg par an, selon une méta-analyse de 29 essais. L'objectif principal
étant la prévention cardiovasculaire, mieux vaut conseiller un régime
cohérent avec le régime méditerranéen (réduction
de l'apport calorique et de l'apport en graisses, avec consommation préférentielle
de légumes, de crudités et de fruits), en évitant les régimes
très stricts ou déséquilibrés (dont les effets indésirables
sont mal connus) et les compléments alimentaires, dont l'intérêt
n'est pas établi. L'activité physique à conseiller est
la pratique régulière d'activités de loisirs d'intensité
physique modérée telles que la marche ou d'un sport d'intensité
modérée.
Gare aux amphétaminiques En
France, après le retrait du marché des anorexigènes amphétaminiques,
tels que la dexfenfluramine, dont la balance bénéfices- risques
était défavorable, avec notamment la survenue de valvulopathies
cardiaques et d'hypertension pulmonaire, il est resté 2 médicaments
ayant un effet (modeste) démontré sur la perte de poids : l'orlistat
et la sibutramine. Orlistat : des troubles intestinaux
et quelques kilos de moins chez les adultes L'orlistat diminue l'absorption
intestinale des graisses. Début 2006, c'est un médicament parfois
acceptable chez les adultes obèses en complément temporaire des
mesures diététiques. Son efficacité est faible, mais il n'a
pas d'effets indésirables graves connus malgré un recul de plusieurs
années de commercialisation dans des pays à pharmacovigilance active,
notamment en Europe et aux États-Unis d'Amérique. Selon une
synthèse méthodique de 22 essais, en association à des conseils
hygiénodiététiques, il permet une perte de poids supplémentaire
d'environ 3 kg en un an par rapport aux seuls conseils diététiques.
Dans un essai en double aveugle versus placebo chez 3 305 patients durant
4 ans, l'orlistat a réduit le risque d'apparition d'un diabète de
type 2 (6,2 % versus 9 %). La perte de poids en 4 ans a été en moyenne
de 5,8 kg sous orlistat versus 3 kg sous placebo (p < 0,001). La moitié
des patients inclus ont arrêté l'essai prématurément,
ce qui diminue le niveau de preuves des résultats. Les effets indésirables
digestifs (ballonnements, diarrhées, etc.) sont une cause fréquente
d'abandon de l'orlistat. Une incidence accrue de fractures osseuses est apparu
lors d'un essai clinique en double aveugle chez des adolescents traités
durant un an (6 % sous orlistat, versus 2,8 % sous placebo). Du fait du mécanisme
d'action de l'orlistat, une diminution de l'absorption des vitamines liposolubles,
dont la vitamine D, est une cause plausible de fragilité osseuse. Le résumé
des caractéristiques de Xenical° aux États-Unis d'Amérique
recommande une supplémentation en vitamines liposolubles.
Gare
à la sibutramine ! Il est préférable actuellement
d'éviter le recours à la sibutramine, un dérivé amphétaminique
qui fait courir, notamment, un risque d'hypertension artérielle. Les
autres effets indésirables connus sont : des insomnies, des sécheresses
de la bouche, des céphalées, des vertiges, des états confusionnels,
des idées suicidaires. Selon une méta-analyse de 5 essais, la
sibutramine permet une perte de poids supplémentaire de 4,5 kg environ
en un an par rapport à un régime seul. Un essai clinique en cours
évalue la sibutramine sur des critères de morbimortalité.
À suivre.
Rimonabant : trop d'inconnues Le
rimonabant, annoncé notamment sur le marché européen, semble
avoir un effet voisin de celui de l'orlistat sur la perte de poids. Selon les
essais publiés, par rapport au régime seul, la perte de poids supplémentaire
en un an est de l'ordre de 4 kg à 5 kg. On sait très peu de choses
sur ses effets indésirables à long terme, alors que son mécanisme
d'action supposé (blocage des récepteurs CB1 des cannabinoïdes
endogènes) fait que des troubles neuropsychiques ont déjà
été observés lors des essais.
Chirurgie
parfois Dans l'obésité morbide
(indice de masse corporelle égale ou supérieure à 40 kg/m2),
la chirurgie gastrique entraîne une perte de plusieurs dizaines de kilos,
avec une diminution de la prévalence du diabète de type 2 et de
l'hypertension artérielle. Mais les complications motivent réhospitalisations
et réinterventions dans environ 10 % des cas.
En
somme En 2006, la médecine apporte
des progrès modestes pour la perte de poids des patients obèses.
La prise en charge reste centrée sur le régime hypocalorique associé
à une activité physique modérée. La chirurgie gastrique
est un recours chez certains patients ayant une obésité très
importante.
©La revue Prescrire 1er juin
2006 Rev Prescrire 2006 ; 26 (273) : 446 (14 références). |