Beaucoup de maux sont en partie soulagés par un médicament. Beaucoup de patients comptent sur le médicament pour se porter mieux.
Mais le médicament n'est pas toujours la bonne solution. Les firmes pharmaceutiques, voire les autorités sanitaires, ne rendent pas service aux patients quand elles poussent à la médicamentation de l'existence.
C'est particulièrement vrai pour les psychotropes.
Ainsi le rameltéon, qui fait l'objet d'une demande d'autorisation de mise sur le marché de l'Union européenne. Pour un endormissement quotidien plus rapide de quelques minutes par rapport au placebo, il fait courir des risques de troubles endocriniens, et peut-être de cancers.
Ainsi la fluoxétine (Prozac° ou autre). Elle est autorisée comme antidépresseur chez les enfants, sans qu'il soit établi qu'elle fasse mieux qu'un placebo pour soulager leur souffrance psychique, alors qu'elle fait courir des risques de comportements suicidaires, de troubles de l'humeur, de ralentissements de la croissance, et peut-être de troubles endocriniens.
C'est vrai aussi dans bien d'autres domaines. Ainsi l'insuline inhalée (Exubera°, finalement non commercialisée en France). Pour un contrôle glycémique de qualité banale, elle fait courir des risques de cancers du poumon. Ainsi encore l'hormone de croissance en cas de petite taille inexpliquée. Pour quelques centimètres de plus, mais sans amélioration de qualité de vie du point de vue des patients, elle fait courir des risques de diabètes et de cancers. Etc.
Bref, dans ces situations, mieux vaut remettre le médicament à sa place ; et savoir dire fermement « Non merci, j'ai mieux à faire que prendre des risques injustifiés avec ce médicament ». Pour les patients comme pour les soignants.
©Prescrire 1er juin 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (296) : 405
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