La firme Roche entend
élargir le marché de l'erlotinib (Tarceva°), un anticancéreux.
Démarche logique de la part d'une firme qui vit de ses ventes et de la
spéculation boursière. En particulier pour un médicament
vendu au public environ 2 000 euros le mois de traitement. Après
avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans certains
cancers du poumon, la firme Roche a vu en juillet 2006 la Commission d'AMM de
l'Agence européenne du médicament (EMEA) désapprouver une
extension aux cancers du pancréas avancés ou métastasés.
La Commission avait constaté que les effets indésirables de l'erlotinib
dans ces situations ne sont pas contrebalancés par une efficacité
tangible. La contestation
de la firme a conduit l'EMEA à réunir spécialement 4 spécialistes
pour examiner le dossier fin 2006. Ils ont émis un avis favorable, et une
AMM dans les cancers du pancréas métastasés a finalement
été octroyée (1). Pourtant
le dossier était le même. Simplement, une analyse a posteriori d'un
sous-groupe de patients a été mise en avant, malgré un très
faible niveau de preuves. Une analyse favorable à la firme. Prescrire
a demandé à l'EMEA de présenter les déclarations de
liens d'intérêts de ces 4 spécialistes. Tous avaient des liens
avec des firmes. Deux avaient eu des liens avec Roche. La déclaration d'un
troisième datait de 2004, et on ne sait pas ce qu'il en était depuis (2).
Les déclarations
de liens d'intérêts ne suffisent pas à s'affranchir des pressions.
Quand les pouvoirs publics
garantiront-ils une expertise scientifique au service de la population et indépendante
des firmes ? ©La revue Prescrire 1er novembre
2007 Rev Prescrire 2007 ; 27 (289) : 804.
_________ Références
1- European Medicines Agency “Questions and answers on the change
to the marketing authorisation for Tarceva” 14 décembre 2006 :
2 pages. 2- European Medicines Agency “Lettre à la revue Prescrire”
29 juin 2007 : 12 pages. |