Revue Prescrire, article en une, millepertuis mai 2004
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Millepertuis et états dépressifs
 
Au mieux une légère efficacité, mais de nombreuses interactions à prendre en compte.
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Millepertuis et états dépressifs

Rev Prescrire 2004 ; 24 (250) : 362-369.
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Le millepertuis est employé largement et depuis longtemps comme plante médicinale. Des médicaments à base de millepertuis munis d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) sont commercialisés en France.

Plusieurs dizaines d'essais cliniques de qualité inégale ont cherché à évaluer la pertinence de l'utilisation thérapeutique du millepertuis. Les méta-analyses publiées indiquent une supériorité des extraits de millepertuis sur le placebo pour traiter un épisode dépressif léger ou modéré.

Dans les essais comparatifs millepertuis versus antidépresseur (imipraminique ou inhibiteur dit "sélectif" de la recapture de la sérotonine) l'efficacité a été similaire.

Chez des patients souffrant de dépression plus marquée, les essais sont insuffisants pour cerner l'efficacité d'un extrait de millepertuis.

Peu d'effets indésirables, généralement anodins, ont été rapportés. Toutefois, les possibilités de rare survenue d'un syndrome sérotoninergique et d'une réaction cutanée à type de photosensibilisation ne peuvent pas être écartées.

Par contre, le risque réel d'interactions médicamenteuses doit être pris en compte et signalé aux patients. La prescription, le conseil ou la gestion de l'automédication doivent se focaliser sur les associations contre-indiquées (anticoagulants oraux, antirétroviraux inhibiteurs de la protéase du HIV, immunodépresseurs, contraceptifs oraux, digoxine, théophylline, etc.), et sur les associations à éviter (notamment les antidépresseurs IRS, les IMAO, etc.).

Ce bilan mitigé conduit à accepter un usage prudent du millepertuis en cas de dépression peu marquée, en dehors des contre-indications (enfants, grossesse, allaitement, associations médicamenteuses à risque), à condition de mettre en garde les patients déprimés contre une augmentation des doses en cas d'échec, et de les prévenir du risque d'interaction médicamenteuse. Pour autant les déprimés ne doivent pas être dupés, l'efficacité du millepertuis est alors voisine de celle des médicaments antidépresseurs.

©La revue Prescrire 1er mai 2004
Rev Prescrire 2004 ; 24 (250) : 362-368 (57 références).