Le millepertuis est
employé largement et depuis longtemps comme plante médicinale. Des
médicaments à base de millepertuis munis d'une autorisation de mise
sur le marché (AMM) sont commercialisés en France. Plusieurs
dizaines d'essais cliniques de qualité inégale ont cherché
à évaluer la pertinence de l'utilisation thérapeutique du
millepertuis. Les méta-analyses publiées indiquent une supériorité
des extraits de millepertuis sur le placebo pour traiter un épisode dépressif
léger ou modéré. Dans
les essais comparatifs millepertuis versus antidépresseur (imipraminique
ou inhibiteur dit "sélectif" de la recapture de la sérotonine)
l'efficacité a été similaire. Chez
des patients souffrant de dépression plus marquée, les essais sont
insuffisants pour cerner l'efficacité d'un extrait de millepertuis.
Peu d'effets indésirables,
généralement anodins, ont été rapportés. Toutefois,
les possibilités de rare survenue d'un syndrome sérotoninergique
et d'une réaction cutanée à type de photosensibilisation
ne peuvent pas être écartées. Par
contre, le risque réel d'interactions médicamenteuses doit être
pris en compte et signalé aux patients. La prescription, le conseil ou
la gestion de l'automédication doivent se focaliser sur les associations
contre-indiquées (anticoagulants oraux, antirétroviraux inhibiteurs
de la protéase du HIV, immunodépresseurs, contraceptifs oraux, digoxine,
théophylline, etc.), et sur les associations à éviter (notamment
les antidépresseurs IRS, les IMAO, etc.). Ce
bilan mitigé conduit à accepter un usage prudent du millepertuis
en cas de dépression peu marquée, en dehors des contre-indications
(enfants, grossesse, allaitement, associations médicamenteuses à
risque), à condition de mettre en garde les patients déprimés
contre une augmentation des doses en cas d'échec, et de les prévenir
du risque d'interaction médicamenteuse. Pour autant les déprimés
ne doivent pas être dupés, l'efficacité du millepertuis est
alors voisine de celle des médicaments antidépresseurs. ©La
revue Prescrire 1er mai 2004 Rev Prescrire 2004 ; 24 (250) : 362-368
(57 références). |