Certains effets indésirables graves d'un médicament
ne se révèlent parfois qu'après commercialisation |
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Idées-forces |
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Pour
les médicaments qui ne sont pas un véritable progrès
thérapeutique, il n'est pas justifié d'accepter
des risques liés à la méconnaissance des
effets indésirables au moment de la commercialisation |
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Le risque
de voir reconnus des effets indésirables graves après
la commercialisation d'un médicament est d'autant plus
grand que l'évaluation conduisant à l'AMM est
insuffisante et la mise sur le marché hâtive
La sous-notification
des effets indésirables par les professionnels de santé
retarde l'alerte sur de nouveaux effets indésirables
Les décisions
qui découlent de l'évaluation des effets indésirables
ne doivent pas se limiter à des demi-mesures
Du point
de vue des patients, lorsqu'un médicament entraîne
des effets indésirables graves alors qu'il existe des
alternatives moins risquées ou que le trouble traité
est bénin, il n'y a pas de justification à se
contenter de l'ajout d'une mise en garde sur le résumé
des caractéristiques du produit |
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10 % des nouveaux médicaments mis sur le marché
aux États-Unis d'Amérique au cours des 25 dernières
années ont fait l'objet de retrait du marché ou de
mises en garde majeures à la suite d'effets indésirables
graves parfois mortels. En France ou en Europe, nous avons quelques
exemples de médicaments retirés du marché peu
après la commercialisation ou dont la commercialisation a
avorté.
États-Unis d'Amérique
Entre 1975 et 2000, 45 nouveaux médicaments (sur 548 nouveaux
principes actifs) ont fait l'objet d'une ou plusieurs mises en garde
majeures (8,2 %). 16 ont été retirés du
marché. Pour 5 d'entre eux, le retrait a été
précédé d'une mise en garde majeure :
- la terfénadine (ex-Teldane°)
- l'astémizole (ex-Hismanal°)
- le cisapride (Prepulsid°), qui n'a toujours pas été
retiré du marché en France.
Pour en savoir plus : Cisapride
: un retrait qui se fait attendre (réservé
aux abonnés)
- l'encaïnide, un antiarythmique non commercialisé en
France
- la troglitazone, un antidiabétique oral non commercialisé
en France, voisin de la rosiglitazone (Avandia°) et de la pioglitazone
(Actos°).
La plupart des 16 médicaments retirés du marché
appartiennent à des classes déjà bien pourvues.
Certains avaient reçu une autorisation de mise sur le marché
malgré l'identification d'effets indésirables graves
dans les essais cliniques.
En France ou en Europe
Parmi les exemples récents de médicaments retirés
du marché peu après la commercialisation ou dont la
commercialisation a avorté : la tolcapone (ex-Tasmar°),
un antiparkinsonien, a été retirée du marché
2 mois après sa commercialisation du fait d'hépatites
parfois mortelles ; le mibéfradil (ex-Posicor°),
un inhibiteur calcique, n'a pas été commercialisé
du fait d'interactions médicamenteuses graves, observées
aux États-Unis ; le lévacétylméthadol
(ex-Orlaam°) n'a pas été lancé en France
du fait de troubles graves du rythme cardiaque. La cérivastatine
(ex-Cholstat°, ex-Staltor°), un hypocholestérolémiant,
a été retirée du marché en 2001 pour
rhabdomyolyses mortelles.
Pour en savoir plus sur le bilan des médicaments retirés
en France de 1990 à 1999 : Arrêts
de commercialisation des médicaments, 10 ans d'expérience
de la revue Prescrire (172 Ko, pdf).
Risque mortel : l'ampleur des dégâts
reste mal connue
On manque de données pour évaluer le nombre de patients
touchés par les effets indésirables : on estime
à 10 % le taux des effets indésirables notifiés
au système américain de pharmacovigilance. En France,
les études montrent que la sous-notification des effets indésirables
est très importante aussi.
La prescription des médicaments récents est souvent
massive, largement influencée par la promotion des firmes.
Pour en savoir plus : Hypolipidémiants :
prescription sous influence (66 Ko, pdf) . Malgré
la faible évaluation clinique de la cérivastatine,
500 000 patients environ ont été traités
par cette statine, ensuite retirée du marché.
Revue Prescrire n°230, juillet/août 2002 :
513-514
©La revue Prescrire 1er août 2002
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