Revue Prescrire, article en une, Lindane avril 2005
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Lindane :
toujours sur liste II et exonéré pour l'application sur la peau !

 
Toujours pas de mesure visant à restreindre l'utilisation du lindane, pédiculicide et acaricide organochloré. Mais en pratique, les spécialités à base de lindane disparaissent peu à peu du marché.
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Lindane : toujours sur liste II et exonéré pour l'application sur la peau !
Rev Prescrire 2005 ; 25 (260) : 266.
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Rev Prescrire 2002 ; 22 (229) : 450-455.
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La dénomination commune internationale (DCI) lindane désigne l'hexachlorocyclohexane, un dérivé organochloré qui a été largement employé comme pédiculicide et acaricide. Sa toxicité neurologique et la résistance acquise par les poux ont incité à limiter l'usage du lindane.

En 2001, les médicaments à base de lindane sous forme de poudre ont cessé d'être commercialisés, et l'Agence française des produits de santé (Afssaps) a réuni un groupe de travail pour réévaluer la place du lindane en thérapeutique. Depuis lors, des abonnés nous interrogent régulièrement pour savoir si ce groupe a rendu des conclusions et si des mesures ont été prises pour restreindre l'usage des spécialités à base de lindane encore commercialisées.

Fin 2004, l'Afssaps nous a simplement précisé dans un courrier qu'"à ce jour, le lindane (…) est inscrit sur la liste II des subs-tances vénéneuses (…)" et qu'il est exonéré lorsqu'il est destiné à être appliqué sur la peau. Le statut du lindane au regard de la réglementation des substances vénéneuses n'a donc pas changé, et il reste accessible sans ordonnance pour une utilisation en application locale.

Quelques éléments d'explication figurent dans le bilan 2003 du Comité de coordination des vigilances de l'Afssaps, qui mentionne : "La commission d'autorisation de mise sur le marché a proposé d'inscrire le lindane sur liste I suite à une réévaluation des produits en contenant (cette démarche avait fait suite à un mésusage d'une poudre dans une école maternelle donnant lieu à une suspicion d'intoxication collective). La procédure est bien en cours mais la DGS [NDLR : la Direction générale de la Santé] a demandé que l'Afssa [NDLR : l'Agence de sécurité sanitaire des aliments] soit consultée, car le lindane est contenu dans certains médicaments vétérinaires. L'évaluation par l'Afssa est en cours".
Il reste en effet sur le marché français des médicaments vétérinaires à base de lindane, notamment sous forme de solutions auriculaires et de shampooings.

En pratique, pour ce qui concerne les médicaments à usage humain, les recommandations les plus récentes pour le traitement de la pédiculose et pour celui de la gale conduisent à l'abandon de fait du lindane, et à l'arrêt progressif de commercialisation des spécialités qui en contiennent. Après l'arrêt de la crème Scabécid°, il ne reste plus sur le marché français que la crème Élénol° (lindane + chlorhydrate d'amyléine). Élénol° est uniquement commercialisé, selon son RCP version dictionnaire Vidal 2005, pour le "traitement des gales et autres acarioses (aoûtats, sarcoptes, tiques)".

Ce RCP d'Élénol ne mentionne pas de contre-indication chez les jeunes enfants, ni durant la grossesse et l'allaitement. Pourtant, selon les recommandations de l'OMS, le lindane est contre-indiqué en dessous de 10 ans et pendant la grossesse et l'allaitement.

Quel que soit le statut actuel du lindane aujourd'hui en France, il est prudent de lui préférer : pour le traitement de la pédiculose, les pyréthrines et le malathion ; et pour celui de la gale, le benzoate de benzyle, à défaut de perméthrine à 5 % sur le marché français ; voire l'ivermectine par voie orale.

©La revue Prescrire 15 avril 2005
Rev Prescrire 2005 ; 25 (260) : 266.