Revue Prescrire, article en une, Dépistage mammographique des cancers du sein, octobre 2007
Prescrire  Accueil 
.
 
Article en Une - Archive
Dépistage mammographique
des cancers du sein
 
Informer de façon honnête et équilibrée.
Pour en savoir plus
 


Dépistage mammographique des cancers du sein (suite)
Rev Prescrire 2007 ; 27 (288) : 758-762.
Réservé aux abonnés
Cliquez ici


Pour un choix éclairé des femmes sur le dépistage mammographique
Accès libre
Cliquez ici

En France, le Code de la santé publique prévoit que « Toute personne a le droit d'être informée sur son état de santé » et précise : « Cette information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu'ils comportent (...) » (1).

Les autorités sanitaires françaises éludent le débat
En France, à la suite de la synthèse publiée en 2006 dans Prescrire, l'Institut national du cancer et l'Institut de veille sanitaire ont publié un document commun, qui reconnaît la réalité des effets indésirables du dépistage, et aborde le problème des diagnostics par excès (2). Mais ces institutions ne retiennent que les données les plus optimistes, avec baisse d'environ 35 % de la mortalité par cancer du sein chez les femmes de 50 ans à 69 ans ; sans expliquer pourquoi tant d'essais n'ont pas confirmé cette hypothèse.

Il en est de même dans des documents diffusés par les Centres de lutte contre le cancer, la Ligue contre le cancer, le ministère de la Santé, l'Assurance maladie, et certaines associations organisant ce dépistage (3à8). Certains vont jusqu'à mettre en avant « 3 000 vies sauvées », alors qu'il ne s'agit pas de chiffres de mortalité totale (6,7,8).

Omission générale des inconvénients
La plupart des documents diffusés par ces institutions ne mentionnent aucun des risques des mammographies de dépistage : faux positifs, augmentation des interventions chirurgicales, diagnostics par excès. Les faux négatifs sont également passés sous silence.

En fait, beaucoup de ces documents semblent purement promotionnels.

En juillet 2007 le site internet d'information sur le dépistage du cancer du sein mis en place par les pouvoirs publics est tout aussi muet sur les incertitudes et les risques potentiels de ce dépistage (a).

Pourtant, la Haute autorité de santé elle-même considère que l'information donnée aux patients est destinée à « améliorer leur niveau de connaissances (...) pour (...) les aider à choisir de participer à un dépistage, à accepter ou refuser une investigation, un traitement, un soin, le cas échéant parmi plusieurs options  » (9).

Pallier les carences des institutions
L'inertie des agences nationales françaises est grande sur ce sujet ; elles apparaissent surtout soucieuses de justifier les choix passés.

Mais certains acteurs engagés dans les actions de dépistage ont entamé une réflexion sur la qualité de l'information des patientes (10). Sans attendre le réveil des institutions nationales, c'est effectivement aux professionnels de santé d'informer correctement les femmes de manière adéquate, honnête et équilibrée.

©La revue Prescrire 1er octobre 2007
Rev Prescrire 2007 ; 27 (288) : 758-762.

_________
Notes
a- Le site Internet « du dépistage organisé du cancer du sein » (www.rendezvoussanteplus.net) est notamment promu par le Ministère de la santé, l'Assurance maladie et la Ligue contre le cancer. Il relaie une campagne nationale (affiches, brochures) « pour tout savoir sur le dépistage du cancer du sein » (réf. 6).
_________
Références
1- Article L. 1111-2 du Code de la santé publique. Site www.legifrance.gouv.fr consulté le 25 juin 2007 : 8 pages.
2- Institut national du cancer et Institut de veille sanitaire "Dépistage du cancer du sein : que peut-on dire aujourd'hui des bénéfices attendus ?" Septembre 2006 : 9 pages.
3- Institut national du cancer "Sein (cancer) : questions sur le dépistage" 25 mai 2007 : 3 pages.
4- Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer "Le cancer du sein". Site www.fnclcc.fr consulté le 24 février 2007 : 6 pages.
5- La ligue contre le cancer "Le cancer du sein" non daté : 20 pages. Site www.ligue-cancer.net consulté le 24 février 2007.
6- "Le site du dépistage organisé du cancer du sein". Site internet www.rendezvoussanteplus.net consulté le 1er juillet 2007 : 14 pages.
7- Ministère de la santé et de la solidarité, Assurance maladie et Institut national du cancer "Dépistage organisé du cancer du sein. Plus de 3 millions de femmes y ont déjà participé. Et vous ?" brochure distribuée par l'Association de dépistage gersois des cancers en 2007 : 4 pages.
8- L'Assurance maladie Midi-pyrénées "Le médecin traitant au cœur du dépistage du cancer du sein" En direct médecins 2007 ; (14) : 2.
9- Haute autorité de santé "Élaboration d'un document écrit d'information à l'intention des patients et des usagers du système de santé" Mars 2005 : 44 pages.
10- Les médecins coordinateurs des campagnes de dépistage en Ille et Vilaine "Courrier aux médecins d'Ille et Vilaine et aux médecins coordinateurs de l'association Acorde du 24 mai 2006" : 3 pages.