À la fin des années 1980, l'équipe
Prescrire a décidé de choisir l'indépendance totale, c'est-à-dire
la dépendance totale vis-à-vis des seuls professionnels de santé.
C'est chose faite depuis 1993. |
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de l'exercice passé Faits et chiffres Bilan
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La revue Prescrire
est, de par le monde, une des rares revues de formation professionnelle du domaine
de la santé à pouvoir afficher une indépendance totale vis-à-vis
des firmes, pharmaceutiques et plus généralement de santé,
ainsi que des financeurs publics. La revue Prescrire est également une
des rares à publier chaque année son compte d'exploitation. Il s'agit
là d'un choix délibéré, non de principe, mais pragmatique.
La revue Prescrire est
née, à la fin des années 1970, d'un constat : parvenir à
l'objectivité requise par un exercice professionnel de qualité exige
de ne pas dépendre financièrement des firmes. Le choix s'est alors
porté sur l'obtention d'une subvention ministérielle, susceptible
de soutenir une aventure somme toute utile en terme de santé publique.
Cette subvention
a permis à la revue Prescrire de naître et de se développer
durant 12 ans. Mais au cours de ces années, des attitudes de chantage au
versement de la subvention ont conduit l'équipe Prescrire à constater
que même une équipe solide et déterminée est toujours
dépendante, in fine, de celui qui paie. À
la fin des années 1980, l'équipe Prescrire a donc décidé
de choisir l'indépendance totale, c'est-à-dire la dépendance
totale vis-à-vis des seuls professionnels de santé. C'est chose
faite depuis 1993. Le
cheminement pragmatique de l'équipe Prescrire est la concrétisation
du constat que chacun peut faire : afin d'être libre d'agir, en son âme
et conscience, sur le long terme, on a intérêt à opter pour
la moindre dépendance possible. Ce qui est vrai à l'échelle
individuelle l'est aussi à l'échelle d'un mouvement professionnel.
Quand on est médecin
libéral, accepte-t-on de rédiger des certificats ou des arrêts
de travail ou des prescriptions "de complaisance" pour boucler les fins
du mois ? Accepte-t-on de livrer les données recueillies dans les dossiers
de ses patients en échange de la maintenance "gratuite" de son
matériel informatique ? Etc.
Quand
on est pharmacien d'officine, accepte-t-on de placer en vitrine et sur son comptoir
tout et n'importe quoi, au motif de coller aux campagnes publicitaires télévisées
? Accepte-t-on de vendre des produits hors statut de médicament, sans garantie
de composition et sans données d'évaluation ? Etc.
Les
exemples sont à l'infini. La volonté d'indépendance "à
la Prescrire" s'avère depuis longtemps un choix de sauvegarde, efficace,
dans un monde où la compromission, voire la corruption, sont banalisées,
y compris sous couvert de "partenariat". ©La
revue Prescrire 1er mars 2006 |