Revue Prescrire, article en une, Continuer à vacciner contre l'hépatite B, décembre 2008
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Continuer à vacciner contre l'hépatite B
   
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Continuer à vacciner contre l'hépatite B
Rev Prescrire 2008 ; 28 (302) : 924-925.
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En France, le virus de l'hépatite B circule encore en 2008 avec environ 7 porteurs du virus de l'hépatite B pour 1 000 adultes et plus de 2 000 infections par an.

Chez les personnes à risque d'hépatite B, la vaccination a une balance bénéfices-risques très favorable. Il est aussi proposé de vacciner tous les enfants avant l'âge de 13 ans, étant donné les difficultés à prédire leur risque individuel lorsqu'ils seront adolescents et jeunes adultes, et à les vacciner à temps une fois devenus à risque.

Jusqu'en septembre 2008, l'analyse d'une dizaine d'études épidémiologiques n'avait pas montré de lien convaincant entre affection neurologique démyélinisante et vaccination contre l'hépatite B.

Une nouvelle étude cas/témoins a été réalisée à partir de la cohorte Kidsep, qui inclut pratiquement tous les enfants de moins de 16 ans, ayant eu un ou plusieurs épisodes d'affection neurologique démyélinisante aiguë du système nerveux central, hospitalisés en France. L'analyse a porté sur 349 enfants, parmi les 403 enregistrés sur une période de 10 années. Les résultats sur le critère principal de jugement ont montré que ces enfants n'avaient pas été plus souvent vaccinés contre l'hépatite B que des enfants d'un groupe témoin, c'est-à-dire non atteints : 44,1 % versus 47,5 % dans le groupe témoin.

Les résultats ont été similaires, quels que soient le délai depuis la vaccination, le nombre d'injections reçues, la spécialité pharmaceutique, le respect du calendrier vaccinal.

De multiples autres comparaisons de sous-groupe ont été réalisées. Dans un sous-groupe de sous-groupe, le seuil de significativité statistique a été franchi : 19,0 % avaient été vaccinés depuis plus de 3 ans par le vaccin Engérix B° et avaient un calendrier vaccinal bien respecté pour d'autres vaccins, versus 12,9 % dans le groupe témoin.

Cette exploration statistique tous azimuts, sans hypothèse posée a priori et sans justification par les premiers résultats, rend extrêmement probable l'obtention d'au moins un résultat de ce type par le seul effet du hasard. Par conséquent, la différence observée ne contribue à aucune conclusion fiable.

Par ailleurs, les notifications d'effets indésirables liées à cette vaccination font l'objet en France d'une analyse annuelle présentée en Commission nationale de pharmacovigilance. L'analyse des nouveaux cas notifiés n'a pas apporté d'élément supplémentaire. Le nombre de notifications d'événements neurologiques semble décroître fortement.

En pratique, fin 2008, la balance bénéfices-risques de la vaccination contre l'hépatite B n'est pas modifiée. Les données épidémiologiques montrent que la France est un pays de faible endémicité. Cependant, le virus continue à circuler, avec plus de 2 000 infections annuelles.

Chez les personnes à risque d'hépatite B, quel que soit leur âge, la balance bénéfices-risques de cette vaccination est très favorable. Ces personnes ont intérêt à ce que l'offre de vaccination ne soit pas perturbée par des alarmes infondées.

Pour les moins de 13 ans, vu les incertitudes sur leur risque individuel lorsqu'ils seront adolescents et jeunes adultes, la balance bénéfices-risques de la vaccination contre l'hépatite B est favorable.

Certains progrès ont été faits pour mieux encadrer une vaccination de tous les enfants avant l'âge de 13 ans : évaluation épidémiologique récente, suivi de pharmacovigilance transparent. Il reste à informer la population de manière adaptée et crédible. Passer du silence aux effets d'annonce ne permet pas au public de comprendre posément les enjeux et les incertitudes des vaccinations.

©Prescrire 1er décembre 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (302) : 924-925.