Revue Prescrire, article en une, Traitement de la crise de goutte, novembre 2007
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Traitement de la crise de goutte
 

Le traitement est essentiellement empirique.
En pratique : glace, paracétamol et AINS.

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Traitement de la crise de goutte

Rev Prescrire 2007 ; 27 (289) : 848-849.
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Colchicine : pancytopénies mortelles à doses thérapeutiques
Rev Prescrire 2007 ; 27 (289) : 829.
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La crise de goutte se manifeste par une inflammation articulaire aiguë qui touche en général une seule articulation, le gros orteil. Cette articulation devient rapidement très douloureuse, chaude, rouge, gonflée et peu mobilisable, en réaction à une cristallisation d'acide urique dans l'articulation. Non traitée, la crise de goutte cède en 3 jours à 10 jours.

Glace
Un seul essai a comparé l'application locale de glace durant 30 mn 4 fois par jour sur l'articulation douloureuse. La douleur a été nettement moins intense avec l'application de glace. Le niveau de preuves est modeste.

Anti-inflammatoires non stéroïdiens :
tous efficaces sur la douleur
L'aspirine et les dérivés salicylés augmentent le taux d'acide urique en diminuant son excrétion rénale et sont donc malvenus dans la crise de goutte. Un seul essai, chez 30 patients ayant une crise de goutte, a comparé versus placebo un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS). Une réduction de la douleur initiale d'au moins la moitié a été obtenue en 48 heures chez un patient sur trois. Sept essais randomisés ont comparé divers AINS entre eux (étodolac, étoricoxib, flurbiprofène, indométacine, kétoprofène, naproxène) sans mettre en évidence de différences d'efficacité. Mieux vaut préférer l'ibuprofène qui, à doses modérées, cause moins de troubles digestifs et cardiovasculaires.

Colchicine : des effets indésirables quasi constants, parfois graves
Nous n'avons pas recensé d'essai randomisé colchicine versus AINS. Un seul essai a comparé la colchicine orale versus placebo chez 43 patients. Après 48 heures, une diminution de la douleur initiale d'au moins la moitié a été observée plus souvent sous colchicine. Tous les patients sous colchicine ont eu soit des diarrhées, soit des vomissements, soit les deux. Pour 20 patients sur 22, l'apparition des effets indésirables a précédé l'effet antalgique. On sait par ailleurs que la colchicine expose à des atteintes hématologiques parfois mortelles, y compris à dose thérapeutique et y compris en France.

Corticoïdes : pas d'essai comparatif
Des corticoïdes par voie générale ont été utilisés chez des patients pour lesquels les AINS et la colchicine étaient contre-indiqués. Les résultats ont, semble-t-il, été favorables. Un essai comparatif en double aveugle chez 90 patients n'a pas mis en évidence de différence d'effet antalgique entre la prednisolone et l'indométacine par voie orale, le plus souvent associés au paracétamol.

En pratique
Quand les effets antalgiques de l'application de glace et du paracétamol sont insuffisants, mieux vaut proposer un AINS aux effets indésirables bien connus, l'ibuprofène. Quand l'AINS est insuffisant, mal supporté, ou paraît trop dangereux, les alternatives à envisager sont colchicine ou corticoïde. Et mieux vaut informer les patients souffrant de la goutte du peu d'évaluation des traitements de la crise de goutte, des bénéfices modestes attendus et de leurs effets indésirables bien connus. Il y a de quoi les motiver à mieux respecter le régime.

©La revue Prescrire 15 novembre 2007
Rev Prescrire 2007 ; 27 (289) : 848-849.