Revue Prescrire, article en une, Prévention des fractures ostéoporotiques , mai 2008
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Prévention des fractures ostéoporotiques
   
Pas de traitement par diphosphonate indéfiniment.
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Prévention des fractures : pas de diphosphonates indéfiniment
Rev Prescrire 2008 ; 28 (295) : 373.
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Ostéodensitométrie chez les femmes ménopausées en bonne santé
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Chez les femmes ménopausées qui ont une ostéoporose sévère, l'acide alendronique (Fosamax° ou autre), le diphosphonate de référence, a une efficacité prouvée mais modeste en prévention des récidives de fractures : 1 fracture du col fémoral et 3 fractures vertébrales symptomatiques évitées pour 100 patientes traitées pendant 3 ans à raison de 10 mg par jour (1). Cette efficacité est à mettre en balance avec les effets indésirables des diphosphonates : lésions œsophagiennes, troubles oculaires, ostéonécroses de mâchoires, etc. (1).

Quel intérêt y a-t-il à prolonger au long cours ce type de traitement ? Les résultats d'un essai comparatif randomisé publié en 2006 apportent des éléments de réponse (2).

1 099 femmes ménopausées âgées en moyenne de 73 ans (ayant pour la plupart une ostéoporose sévère), déjà traitées par acide alendronique pendant 5 ans, ont été traitées ensuite soit par acide alendronique, 5 mg par jour (329 femmes) ou 10 mg par jour (333 femmes), soit par placebo (437 femmes) (2).

Après 5 années supplémentaires de traitement, la fréquence des fractures vertébrales symptomatiques a été moindre dans le groupe acide alendronique : 2,4 %, versus 5,3 % dans le groupe placebo (différence statistiquement significative). La fréquence des fractures du col fémoral a été d'environ 3 % dans chaque groupe (2). Le compte rendu de l'essai est très imprécis en ce qui concerne les effets indésirables. La seule donnée chiffrée disponible est qu'il n'y a pas eu de nécrose de mâchoire durant le suivi.

En d'autres termes, prolonger le traitement par acide alendronique au-delà de 5 années n'a évité qu'environ 1 fracture vertébrale symptomatique pour 100 patientes traitées, sans éviter d'autres fractures du col fémoral.

En pratique, avant de prolonger un traitement par acide alendronique en prévention des fractures ostéoporotiques chez des femmes ménopausées ayant une ostéoporose sévère, mieux vaut mettre en balance la minceur du bénéfice escompté et les risques avérés d'effets indésirables parfois graves.

©Prescrire 1er mai 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (295) : 373

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Références
1- Prescrire Rédaction "Ostéodensitométrie chez les femmes ménopausées en bonne santé. Utile pour éviter des traitements inutiles" Rev Prescrire 2007 ; 27 (285) : 516-521.
2- Black DM et coll. "Effects of continuing or stopping alendronate after 5 years of treatment. The fracture intervention trial long-term extension (FLEX) : a randomised trial" JAMA 2006 ; 296 : 2927-2938.