Il existe aujourd'hui de très nombreux médicaments
commercialisés, mais ils n'ont pas tous la même balance
bénéfices-risques. Leur comparaison dans des essais
cliniques permet d'évaluer leur "valeur thérapeutique
ajoutée" respective.
"Nouveau" n'est pas synonyme de "progrès
thérapeutique"
De nombreux médicaments anciens n'ont pas été
supplantés par de plus récents. C'est le cas par exemple
du paracétamol, qui reste l'antalgique de première
intention pour les douleurs légères à modérées,
celui qui a la meilleure balance bénéfices-risques,
malgré ses 100 ans révolus. C'est le cas aussi des
diurétiques thiazidiques, dont on a la preuve, aujourd'hui,
qu'ils sont les médicaments antihypertenseurs de premier
choix. Il existe ainsi de nombreuses maladies ou symptômes
pour lesquels les médicaments de référence
ont 10, 20 voire 50 ans.
À l'inverse, de nombreux médicaments nouveaux, soi
disant "innovants", n'apportent pas de véritable
progrès pour les patients.
Liberté du commerce et santé
publique ne vont pas forcément de pair
Comment la mise sur le marché de nouveaux médicaments
qui ne représentent pas de progrès tangible pour les
patients est-elle possible ? Simplement parce que le principe de
la liberté du commerce s'applique au secteur pharmaceutique :
actuellement, les autorités sanitaires ne peuvent pas légalement
refuser une autorisation de mise sur le marché à un
médicament qui fait à peu près "aussi
bien" qu'un médicament déjà commercialisé.
Les firmes pharmaceutiques défendent naturellement ce principe
selon lequel il n'y a pas à exiger des nouveaux médicaments
qu'ils fassent "mieux" que ceux qui existent déjà.
Elles en tirent argument pour s'opposer à ce que les nouveaux
médicaments soient systématiquement comparés
aux médicaments plus anciens indiqués dans les mêmes
maladies.
Patients, professionnels de santé et
organismes de protection sociale veulent pouvoir faire les meilleurs
choix
Les professionnels de santé, les patients et les citoyens
en général qui utilisent et paient les médicaments,
ont besoin de savoir si un nouveau médicament constitue ou
non un progrès par rapport aux traitements déjà
existants, en terme de bénéfice, de risque, voire
de commodité d'emploi.
Par ailleurs, les systèmes de protection sociale solidaires
sont mis à mal aujourd'hui par la prolifération de
médicaments de plus en plus chers, au détriment souvent
d'autres dépenses médicales ou sociales qui seraient
nécessaires. Toutes ces raisons plaident pour que la mise
sur le marché des nouveaux médicaments soit accompagnée
d'une information sur leur valeur thérapeutique ajoutée.
Pour connaître cette valeur thérapeutique ajoutée,
il faut que soient mis en uvre des essais cliniques comparatifs
appropriés.
La réévaluation à cinq ans des autorisations
de mise sur le marché devrait être considérée
comme une seconde occasion privilégiée pour analyser
rigoureusement, après 5 ans de recul d'utilisation en situation
réelle, les données disponibles. Des informations
utiles et à jour pourraient alors être diffusées
sur la balance bénéfices-risques des médicaments
et sur leur valeur thérapeutique ajoutée relative.
Des amendements pour utiliser au mieux les
médicaments
Le Collectif Europe et Médicament soutient plusieurs amendements
visant à rendre publiques des informations sur la valeur
thérapeutique ajoutée des nouveaux médicaments,
au moment de leur première autorisation de mise sur le marché,
et lors de la réévaluation quinquennale.
Il s'agit ainsi de permettre aux professionnels de santé
et aux patients d'utiliser en toute connaissance de cause les médicaments,
notamment les nouveaux. L'information utile sur un médicament,
c'est celle qui provient des essais ayant comparé ce médicament
aux autres traitements déjà disponibles.
©Le Collectif Europe et Médicament
15 novembre 2003
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