La Présidence
néerlandaise de l'Union européenne a pris l'initiative
d'une conférence sur le thème "Les médicaments
prioritaires pour les citoyens de l'Europe", en vue de l'attribution
de fonds dans le cadre d'un programme européen.
Les objectifs
de la Présidence néerlandaise sont d'identifier les
manques dans les domaines où l'Europe manque de traitements
médicamenteux, et de stimuler la recherche dans ces domaines.
L'initiative
de la Présidence néerlandaise de l'Union européenne
est considérée comme bienvenue par le Collectif Europe
et Médicament, tant la discordance est grande aujourd'hui
entre le marché du médicament et les besoins de santé
publique, aussi bien en Europe que dans le reste du monde, et en
particulier dans les pays démunis.
Le Collectif
Europe et Médicament souligne néanmoins que la mise
sur le marché de nouveaux médicaments n'est pas la
première des priorités pour améliorer de façon
tangible la santé des citoyens de l'Union européenne.
Il convient en premier lieu de prendre en compte les priorités
suivantes :
prendre des mesures d'envergure en matière de prévention
primaire, notamment nutritionnelle et environnementale, comme celles
préconisées par l'Organisation Mondiale de la Santé
lors de la 57ème Assemblée mondiale de la Santé
en 2004 ;
mieux prévenir les erreurs liées à l'utilisation
des médicaments déjà disponibles, notamment
par l'amélioration de leur conditionnement ;
mieux prévenir les effets indésirables des
médicaments déjà disponibles, par une pharmacovigilance
renforcée et plus transparente.
Pour ce qui
concerne la mise au point de nouveaux médicaments, le Collectif
Europe et Médicament retient les axes prioritaires suivants :
exiger une évaluation comparative pertinente avant
commercialisation, afin que cesse la mise sur le marché de
médicaments dont on ne connaît pas l'apport en progrès
thérapeutique, et qui peuvent se révéler plus
nocifs que d'autres déjà disponibles ;
identifier les besoins de recherche à partir des carences
et des insuffisances actuelles dans les domaines suivants : médicaments
anciens utiles mais jugés non rentables par les firmes ;
modalités d'utilisation des médicaments par les patients ; comparaisons avec les traitements non médicamenteux ; médicaments
destinés à traiter des maladies dont la gravité
sert d'excuse à une évaluation insuffisante (cancers,
sclérose en plaques, maladie d'Alzheimer, infections virales,
certaines maladies rhumatismales, et les douleurs qui y sont associées) ; médicaments destinés à des patients à
risques, notamment les patients âgés ;
décider des priorités de recherche et de l'attribution
des fonds de soutien dans la plus grande transparence vis-à-vis
des citoyens de l'Union.
La multiplication
des affaires de pharmacovigilance qui secouent le monde du médicament
dévoilent les insuffisances des firmes et des agences du
médicament. Elles doivent conduire à un sursaut des
États membres et de leurs autorités chargées
de la santé publique. Une initiative de la Présidence
de l'Union européenne en faveur d'une évaluation plus
rigoureuse des médicaments, d'une recherche orientée
vers les patients qui en ont le plus besoin, y compris en dehors
de l'Union, et d'une priorité accordée à la
prévention primaire, serait particulièrement bienvenue.
©Le Collectif Europe et Médicament 18
novembre 2004
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