En France, en 2005, la caisse d'assurance maladie du régime général du département de l'Aude a publié les résultats d'une étude réalisée à partir des demandes de remboursement de médicaments qui lui ont été présentées entre le 1er janvier et le 31 décembre 2001. L'étude a porté sur les médicaments prescrits aux 41 272 enfants et adolescents âgés de 15 ans au plus en 2001, alors que leur âge était une contre-indication selon leurs résumés des caractéristiques (RCP) (1). Les auteurs ont recensé 4 316 enfants exposés ainsi.

Vasoconstricteurs, AINS
1 282 prescriptions concernaient des décongestionnants nasaux, par voie nasale (636 prescriptions) ou orale (646 prescriptions). La moitié contenaient de la pseudoéphédrine (seule ou associée) soit 21 % des prescriptions contre-indiquées. La pseudoéphédrine, comme les autres décongestionnants vasoconstricteurs, expose à des effets indésirables graves neurologiques, psychiatriques et cardiovasculaires : céphalées, paresthésies, convulsions, accidents vasculaires cérébraux, hémorragies cérébrales, hypertensions artérielles (2).
1 031 prescriptions (17 % des prescriptions contre-indiquées) concernaient des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dont le choix était inadapté à l'âge de l'enfant.

Psychotropes et terpènes
108 prescriptions de niaprazine (Nopron°), un antihistaminique commercialisé pour insomnie occasionnelle, ont été comptabilisées chez des enfants d'âge moyen 1,6 an. Nopron° est contre-indiqué chez les enfants de moins de 3 ans (a)(3). La niaprazine expose les jeunes enfants à un risque de malaise brutal, avec pâleur, perte de connaissance, agitation, convulsion et hypoxie (4).
570 prescriptions concernaient de l'eucalyptol, un dérivé terpénique, en association (Calyptol inhalant°). Calyptol inhalant° est contre-indiqué chez les enfants de moins de 12 ans en raison d'un risque de convulsions (5).

Généralistes et pédiatres
Les prescriptions d'AINS ont émané de toutes les catégories de médecins.
La niaprazine a été prescrite préférentiellement par des médecins généralistes, et l'eucalyptol plus fréquemment par des pédiatres.

En pratique : gare à l'écart entre bénéfices et risques
Les enfants sont exposés aux effets indésirables des médicaments autant que les adultes (6). La plupart des médicaments relevés par la caisse d'assurance maladie exposent à des effets indésirables graves alors que le trouble traité est bénin. Cette disproportion est un des aspects du recours excessif au médicament dans notre société. Une meilleure information des patients et des soignants devrait contribuer à limiter la survenue d'effets indésirables graves chez les enfants.