Un futur règlement
européen sur les médicaments pédiatriques est
annoncé par la Commission européenne et les représentants
des firmes pharmaceutiques. L'objectif serait d'obtenir, par des
incitations financières, que davantage de médicaments
adaptés aux enfants soient mis au point par les firmes en
Europe.
Ambition louable,
à condition que le besoin soit réel, et l'évaluation
clinique rigoureuse. L'évaluation du tramadol chez l'enfant
nous apporte un remarquable contre-exemple.
La question
du besoin méritait d'être posée : les antalgiques
de palier 2 pour l'usage pédiatrique restent peu nombreux,
essentiellement la codéine, avec ses effets indésirables.
Pour soulager les enfants atteints d'affections aiguës ou chroniques
et souffrant de douleurs intenses, disposer d'un recours pourrait
donc être utile.
Mais que s'est-il
passé lors de l'évaluation clinique ? Le tramadol
n'a pas été comparé à la codéine,
seule ou associée, mais seulement au paracétamol (sous-dosé)
et au diclofénac (en simple aveugle). En outre, l'évaluation
n'a eu lieu qu'en post-opératoire, après amygdalectomie,
et le nombre de jeunes enfants inclus a été très
faible. On ne sait donc pas grand chose de solide sur cet antalgique
chez les enfants. Il est pourtant pourvu d'une AMM pour l'usage
pédiatrique dès l'âge de 3 ans.
Pour améliorer
la thérapeutique pédiatrique, les agences du médicament
doivent d'abord arrêter d'accepter des faux-semblants d'évaluation.
Pour cela, pas besoin de nouveau règlement.
Et si une initiative
politique européenne est prise, ce devrait être pour
stimuler une recherche de qualité pour les enfants les plus
démunis de traitements. Soigner les enfants ne se réduit
pas à une simple niche commerciale.
©La revue Prescrire 15 février
2005
Rev Prescrire 2005 ; 25 (258) : 88.
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