La conception et le développement du Test de lecture
Prescrire obéissent à des critères simples,
pragmatiques et incontournables, en matière de formation
permanente adaptée aux besoins des professionnels de
santé. Ces critères, leur mise en uvre,
leur évaluation et leurs procédures d'optimisation
sont immédiatement opérationnels ; surtout
si on veut les mettre au service d'une vraie politique de
validation et d'accréditation de ce que l'on convient
d'appeler la formation continue des médecins et des
pharmaciens, véritable arlésienne du système
de soins en France.
Un dispositif de formation indépendant
et fiable pour des soins de qualité
Un
système d'autoformation permanente aux procédures
transparentes et aux nombreux contrôles de qualité
Un travail de formation important,
vérifiable et pertinent, une évaluation des
résultats
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Un dispositif de formation indépendant
et fiable pour des soins de qualité
Quel que soit le dispositif destiné à former les
professionnels de santé, il doit répondre à
un minimum de critères facilement vérifiables
pour pouvoir prétendre à une quelconque reconnaissance
par les instances responsables du système de santé.
C'est le préalable absolu à toute démarche
d'accréditation : promouvoir ou valider une méthode
d'acquisition de connaissances, un travail de formation qui
porterait sur un contenu biaisé, obsolète, erroné
ou coupé de l'exercice du professionnel n'aurait aucun
sens.
Garanties d'indépendance. Le
support de formation doit garantir une indépendance tant
intellectuelle que financière. Les liens d'intérêts
(avec une firme commercialisant un produit, mais aussi avec
une structure ayant des objectifs économiques ou de contraintes
réglementaires, avec une organisation défendant
des intérêts catégoriels, etc.) peuvent
entraver une recherche exhaustive de données, fausser
leur sélection, empêcher ou retarder leur diffusion,
biaiser leur analyse. Les préoccupations éthiques
rejoignent les exigences de qualité.
Contenu fiable. Le contenu de la
formation doit être fiable. L'objectif est de fournir
aux professionnels les données réellement conformes
à l'état actuel des connaissances, afin de permettre
l'abandon de pratiques dépassées et de favoriser
l'appropriation de nouvelles pratiques correctement évaluées.
Ce double objectif impose des procédures formalisées,
solides et transparentes, en termes de recherche documentaire,
de tri des données issues de cette recherche et d'élaboration
des conclusions. Le niveau de preuves des recommandations destinées
aux professionnels doit être explicite. Les recettes et
les points de vue, fussent-ils "d'experts", ne doivent
pas pouvoir être confondus avec les conclusions solidement
analysées d'un essai clinique rigoureux ou d'une synthèse
méthodique de bonne qualité.
Mais une donnée étayée et correctement
analysée n'a de sens que si elle permet d'améliorer
l'état de santé et/ou la qualité de vie
du patient. Il n'y a pas lieu de retenir une "nouveauté
thérapeutique" en termes de méthode de fabrication,
de galénique, de pharmacologie, d'efficacité sur
des critères non cliniques, de coût, etc., si elle
ne se traduit pas en bénéfice pour le patient
sur la mortalité, la morbidité, les effets indésirables
et/ou la facilité d'utilisation.
Adaptation aux besoins. Tout en gardant
à l'esprit qu'il existe des décalages parfois
importants entre besoin ressenti et besoin réel, le promoteur
de la formation doit définir clairement sa cible et doit
pouvoir justifier son choix.
Un travail exhaustif sur l'actualité du médicament,
comme le mène depuis plus de 20 ans la revue Prescrire,
légitime sa reconnaissance comme organe de formation
permanente destiné aux médecins (généralistes
et spécialistes, en ville comme à l'hôpital)
et aux pharmaciens (tant hospitaliers que d'officine), et sans
doute à bien d'autres professionnels de santé. |
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Un système d'autoformation permanente
aux procédures transparentes et aux nombreux contrôles
de qualité
Le manque de temps ou de disponibilité, la fatigue et
bien d'autres éléments sont des facteurs banals
susceptibles de gêner l'acquisition de nouvelles données
par un professionnel de santé.
Un dispositif de formation candidat à une reconnaissance
par les instances d'accréditation doit mettre à
la disposition des professionnels des aides et des utilitaires
pour faciliter cette acquisition. Le recours à des résumés,
des conclusions pratiques, des tableaux, des idées-forces
illustre cette volonté et participe à cette démarche.
Cependant, dans la recherche d'une accréditation de la
formation des professionnels, cela ne suffit pas.
C'est pourquoi le Test de lecture Prescrire a été
mis à la disposition des abonnés de la revue depuis
presque 15 ans.
L'autoformation exige de la qualité. Le choix des thèmes
doit concerner l'essentiel du contenu et des objectifs du support.
Les procédures de rédaction des questions et d'élaboration
des exercices doivent être claires et sans ambiguïté.
Les procédures de conception et d'organisation doivent
être formalisées et transparentes. Le professionnel
doit pouvoir bénéficier d'une évaluation
de ses résultats, d'un corrigé et d'un accès
facile aux sources des sujets en questions. Il doit disposer
d'un droit de critique et d'une réponse satisfaisante
dans tous les cas. Il doit disposer de l'ensemble de ses résultats
vérifiés de manière indépendante
pour justifier auprès des instances d'accréditation
la réalité et la qualité de sa formation.
C'est le cas pour le Test de lecture Prescrire, ce qui justifie
sa labellisation comme méthode accréditée
d'aide à la formation permanente des professionnels de
santé. |
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Un travail de formation important, vérifiable
et pertinent, une évaluation des résultats
Au-delà de ces critères de qualité, il
faut pouvoir apprécier l'effort de formation consenti
par les professionnels, les problèmes qu'ils rencontrent
(quant au support et quant à l'outil d'autoformation)
et les ajustements qui en découlent. Il faut aussi en
évaluer les conséquences sur leur façon
de se former et d'intégrer les données utiles
à la pratique.
Concernant le Test de lecture Prescrire, deux éléments
permettent d'apporter des réponses à ces questions.
Le premier est l'étude évaluant l'efficacité
du Test de lecture Prescrire, réalisée auprès
de médecins généralistes bretons, qui a
mis en évidence une meilleure mémorisation des
informations contenues dans la revue chez les abonnés
participant au Test que chez les abonnés non participants
(1,2). L'autre élément est le résultat
d'enquêtes réalisées auprès des Lecteurs
Émérites, la dernière en date ayant porté
sur les lauréats de la Promotion 2002 : elles montrent
bien en quoi la façon de lire la revue Prescrire et d'en
intégrer les données est profondément modifiée
par la participation au Test.
La reconnaissance sans plus attendre. Au
total, un professionnel de santé abonné à
la revue Prescrire, participant à son Test de lecture
et obtenant le titre de Lecteur Émérite, mérite
d'être reconnu et valorisé sans plus attendre.
Ce n'est toujours pas le cas, alors que la revue existe depuis
plus de 20 ans et que le Test en est à sa 15e édition.
Être Lecteur Émérite de la revue Prescrire
ne saurait être un critère de qualité suffisant
pour garantir la fiabilité d'un professionnel de santé :
la meilleure mémorisation des connaissances n'équivaut
pas à leur intégration en pratique et encore moins
à une meilleure pratique. Il existe là tout un
champ d'évaluation et de valorisation en friche.
Mais, en attendant, dans le cadre de la formation permanente
des professionnels de santé, il va bien falloir prendre
en compte cet élément que représente le
titre de Lecteur Émérite de la revue Prescrire.
Pour notre part, nous renouvelons toutes nos félicitations
aux "Lecteurs Émérites de la revue Prescrire-
Promotion 2003" et nous adressons tous nos encouragements
aux participants à la session 2002-2003 du Test de lecture
Prescrire qui vient de débuter.
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© La revue Prescrire 1er décembre
2002
Rev Prescr 2002 , 22 (234) : 870-874.
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Références
1- Prescrire Rédaction "L'utilité du Test
de lecture Prescrire est démontrée" Rev Prescr
1996 ; 16 (165) : 644-648.
2- Broclain D et coll. "Quasi-experimental study on the
effectiveness of the Readers' Test in the medical journal La
revue Prescrire" The Journal of Continuing Education in
the Health Profession 1998 ; 18 : 47-57. English
version - Compte-rendu
de l'étude en français (pdf, 214 Ko).
Cet article a reçu en 1999 le Prix Decker qui récompense
la meilleure publication publiée en un an par le Journal
of Continuing Education in the Health Profession, principale
revue nord-américaine consacrée à la formation
continue des professionnels de santé. |
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