Revue Prescrire, article en une, Dépistage du cancer colorectal, décembre 2007
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Dépistage du cancer colorectal
 

Efficacité modeste, risques acceptables.

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Dépistage du cancer colorectal
Rev Prescrire 2007 ; 27 (290) : 923-926.
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En France, des expériences pilotes ont été menées, et le dépistage organisé du cancer colorectal en deux temps a été étendu. Il est prévu qu'il soit disponible sur tout le territoire national en 2008.

Depuis 2004, l'évaluation du dépistage du cancer colorectal n'a pas progressé. Cinq essais comparatifs dépistage versus absence de dépistage, chez au total plus de 400 000 personnes âgées d'au moins 45 ans à l'inclusion, ont eu des résultats convergents : tous ont montré une réduction statistiquement significative de la mortalité par cancer colorectal, sans diminution de la mortalité totale.

Au bout 12 ans à 18 ans, on a observé une diminution d'environ 1 à 2 décès pour 1 000 personnes invitées au dépistage avec un taux de participation de 60 % à 80 % à au moins une des campagnes proposées. Dans un essai danois, il est apparu que la mortalité liée aux traitements des cancers dépistés réduit l'avantage du dépistage.

Le dépistage permet la découverte d'adénomes coliques. Lorsque leur diamètre mesure plus de 1 cm, 25 % évoluent vers un cancer au bout de 20 ans. Cependant, le dépistage de ces adénomes n'a pas eu d'effet mesurable sur la fréquence des nouveaux cas de cancer colorectal dans les essais les plus longs.

Chez les patients dépistés d'un essai britannique, il y a eu environ autant de cancers découverts par dépistage que de cancers diagnostiqués dans l'intervalle entre les campagnes.

Les principaux effets indésirables de ce dépistage sont ceux des coloscopies : environ une complication sévère pour 1 000 ; il s'agit surtout d'hémorragies et de perforations.

Globalement le dépistage organisé du cancer colorectal a une balance bénéfices-risques favorable, et une efficacité modeste. On peut estimer que, parmi 60 000 invités, et 40 000 participants à la moitié des campagnes, 1 500 coloscopies sont réalisées en raison d'un test Hemoccult° positif, 150 cancers et 210 adénomes de plus de 1 cm de diamètre sont dépistés. Il est vraisemblable qu'au bout d'une quinzaine d'années, 55 à 120 personnes aient évité de mourir du cancer colorectal, au prix de 1 à 2 complications sévères de la coloscopie et peut-être 2 à 3 décès prématurés dus à un traitement du cancer.

En pratique, l'information du public doit présenter précisément les bénéfices, les limites et les risques de ce dépistage.

©Prescrire 15 décembre 2007
Rev Prescrire 2007 ; 27 (290) : 923-926.