Revue Prescrire, article en une, Décès périnatal juillet 2003
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Décès périnatals
 
Les décès périnatals sont les décès d'enfants nés après au moins 22 semaines d'aménorrhée et/ou pesant plus de 500 g, décédés in utero ou à moins de 7 jours de vie. Ces décès touchent plus de 5 000 grossesses par an en France.
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Décès périnatals
Accompagner le deuil, à l'écoute des préférences des parents

Rev Prescr 2003 ; 23 (241) : 515-521.
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Devenir des corps des enfants décédés avant la déclaration de naissance
Rev Prescr 2003 ; 23 (241) : 518-519.
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Parmi les morts fœtales à terme, plus d'un tiers restent inexpliquées.

Selon la réglementation en vigueur en France, les corps des fœtus et des enfants décédés, qu'il y ait ensuite funérailles ou non, doivent être traités de manière particulière, sans confusion avec les déchets hospitaliers. La crémation ou l'inhumation sont obligatoires.

Après un décès périnatal, le deuil est difficile. Les sentiments de culpabilité, de perte de l'estime de soi, d'isolement social sont fréquents. L'absence de souvenirs de vie commune rend difficile la reconnaissance de la mort. Des réactions de deuil périnatal se prolongent au-delà de 1 an chez 20 % à 40 % des parents.

Quand le décès est dû à une interruption médicale de grossesse, au deuxième ou au troisième trimestre, la réaction à la perte est d'intensité comparable à celle suivant une mort fœtale spontanée.

Malgré le faible niveau de preuves des études d'évaluation de l'accompagnement des familles touchées par ce type de deuil, les publications recensées traduisent une avancée de la réflexion et des pratiques au cours des dernières décennies.

La conscience de l'existence de l'enfant par les parents est habituellement précoce au cours de la grossesse. L'importance accordée au décès périnatal, notamment par les soignants, doit être aussi grande que celle accordée au décès plus tardif d'un enfant né vivant. Les dispositions réglementaires françaises ont évolué pour faciliter la reconnaissance administrative de l'enfant.

Les contacts avec l'enfant mort, ainsi que tous les rituels permettant de laisser des traces de l'enfant, sont souhaités par la majorité des familles. Ces souvenirs donnent une place à l'enfant mort, et permettent la remémoration. Cependant, il n'y a pas de raison de l'imposer aux parents qui ne souhaitent pas ces contacts, après un entretien à ce sujet.

L'attitude des soignants envers les parents est vécue comme un élément important : davantage de dialogue, d'explications, d'informations et d'empathie sont généralement demandés. Un suivi programmé à distance peut être bénéfique, en particulier en cas d'isolement social. Des informations techniques sont souvent demandées : information sur la cause du décès, sur une future grossesse, conseil génétique, etc.

Il paraît logique de proposer un suivi aux parents, voire une prise en charge plus soutenue en cas d'évolution défavorable, avec une attention particulière aux parents n'ayant pas trouvé suffisamment de soutien dans le couple ou l'entourage.

La durée du deuil après un décès périnatal est parfois prolongée jusqu'à 4 ans. Le chagrin fluctue et est exprimé différemment selon les individus, notamment dans le couple. Les parents doivent être rassurés sur le caractère non pathologique de cette évolution.

La fréquence de survenue des décès périnatals impose que les soignants qui suivent des femmes enceintes intègrent le décès périnatal dans leur réflexion. Leur tâche n'est pas d'effacer le deuil, mais de les aider à assumer cet événement, et de prévoir toute une gamme de dispositions pratiques et d'interventions susceptibles d'être souhaitées par les familles pour les aider.

©La revue Prescrire 1er juillet 2003
Rev Prescr 2003 ; 23 (241) : 515-521.