Les pharmaciens d'officine
ont eu, ils ont encore, un rôle principal dans l'essor des génériques,
et, par suite, la modification des comportements des prescripteurs et des patients.
Mais une de leurs réticences est le problème de la gestion des stocks,
en volume comme en nombre de références : la même substance,
au même dosage, se trouve rangée sous 5 noms différents, à
5 endroits différents. On s'y perd. Les stocks gonflent, et l'impact financier
n'est pas neutre, entre les "princeps", les "pseudo génériques"
sous un nom de fantaisie, les génériques en dénomination
commune internationale (DCI) sous des formes galéniques différentes,
compte tenu des patients qui préfèrent les comprimés ronds
et ceux qui préfèrent les bâtonnets, etc.
Tout
cela ne peut qu'empirer, au fur et à mesure de l'apparition sur le marché
de nouvelles substances "génériquées". Si l'on
pouvait, au début, s'accommoder d'un certain éparpillement, cela
devient aujourd'hui ingérable, surtout si, comme moi, on est engagé
dans une démarche de substitution systématique, une promotion de
la DCI auprès des patients, une dispensation généreuse en
explications et en conseils. Le temps doit être de préférence
consacré au patient, plutôt qu'à la recherche d'une dénomination
fantaisiste, rangée soit avec le princeps, soit avec le générique
en DCI, soit avec une autre dénomination commerciale de la même chose. J'ai
décidé, avec l'adhésion de l'équipe officinale, de
ranger désormais les spécialités par ordre alphabétique
de DCI sitôt qu'elles sont "généricables". Le gain
de place, de temps, de stock, est certain. La substitution générique
en est facilitée, et plus fréquente. Mais
ce n'est pas l'essentiel : l'équipe raisonne désormais en DCI, quel
que soit le médicament prescrit, au grand dam des firmes pharmaceutiques
et de leurs sbires, mais pour le meilleur intérêt des patients. Des
stagiaires sont déroutés, mais dans quelques années la majorité
de leur stock sera constitué de noms de marques comportant la DCI. ©Hubert
Ghestem Pharmacien (59) La revue Prescrire 15 octobre 2006 Rev Prescrire
2006 ; 26 (276) : 714. |