En décembre
2004, un essai célécoxib versus placebo, en prévention
des polypes colorectaux, a été arrêté
devant un excès statistiquement significatif d'événements
cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accidents vasculaires
cérébraux et décès) (1). Cet essai américain
étaitmené par le National Cancer Institute. 2 400
patients ont été traités pendant en moyenne
33 mois, par 400 mg à 800 mg par jour de célécoxib
ou un placebo (2).
L'incidence
des événements cardiovasculaires a été
de 6 cas/679 patients (0,9 %) sous placebo, versus 15/685 patients
(2,2 %) sous célécoxib 400 mg, versus 20/671 patients
(3,0 %) sous célécoxib 800 mg ; soit respectivement
environ 3 accidents pour 1 000 patients par an sous placebo, versus
8 et 11 accidents pour 1 000 patients par an sous célécoxib ; soit un excès d'environ 5 à 8 accidents pour 1 000
patients par an sous célécoxib. Le risque a été
clair après 10 à 12 mois de traitement. Cependant,
dans un essai de protocole similaire, mais mené par la firme
Pfizer, il n'est pas apparu de différence de risque cardiovasculaire
entre célécoxib et placebo (incidence d'environ 18
pour 1 000 patients pendant l'essai) (2).
En septembre
2004, le rofécoxib a été retiré du marché
alors qu'un essai en double aveugle, de protocole voisin mais comparant
rofécoxib 25 mg versus placebo, montrait un excès
d'environ 7,5 accidents cardiovasculaires pour 1 000 patients par
an sous rofécoxib (3). Au 10 janvier 2005 les résultats
n'ont pas encore été publiés en détail.
L'Agence européenne a annoncé pour janvier 2005 un
rééxamen des données de l'ensemble des coxibs,
y compris le parécoxib et le valdécoxib, qui exposent
à des risques cardiovasculaires et cutanés (2,4).
La FDA a annoncé un débat public pour février
2005 (5).
D'autre part,
un essai clinique naproxène versus placebo, dans la maladie
d'Alzheimer, a été interrompu devant une augmentation
du risque cardiovasculaire sous naproxène (6). Aucune donnée
détaillée n'est disponible. En 2000, l'essai VIGOR,
qui a comparé rofécoxib versus naproxène, a
montré une incidence des infarctus du myocarde environ 4
fois plus élevée sous rofécoxib que sous naproxène ; la firme MSD avait mis en avant l'hypothèse d'un effet
bénéfique particulier du naproxène (7). Cette
hypothèse est pourtant démentie par les faits (6,7).
Au total, ces
données supplémentaires confirment que lorsqu'un anti-inflammatoire
non stéroïdien (AINS) paraît justifié malgré
le risque cardiovasculaire auquel il expose, l'intérêt
des patients est d'éviter les coxibs, et de s'en tenir aux
AINS classiques (8).
©La revue Prescrire 1er février
2005
Rev Prescrire 2005 ; 25 (258) : 109.
________
Références
1- Agence française de sécurité sanitaire des
produits de santé "Lettre aux prescripteurs. Informations
importantes de pharmacovigilance. Augmentation du risque cardiovasculaire
au cours d'un essai clinique avec le célécoxib (Celebrex°)"
22 décembre 2004. Site internet http://afssaps.sante.fr consulté
le 31 décembre 2004 (sortie papier disponible : 2 pages).
2- The European Agency for the Evaluation of Medicinal Products
"EMEA statement on celecoxib" 17/12/2004 + "Questions
and answers on celecoxib/Cox 2-inhibitors" 23/12/2004. Site
internet http://www.emea.eu.int consulté le 28 décembre
2004 (sortie papier disponible : 5 pages).
3- Prescrire Rédaction "Rofécoxib : arrêt
de commercialisation (suite)" Rev Prescrire 2004 ; 24 (256) : 835.
4- Prescrire Rédaction "Valdécoxib : risque vasculaire
et cutané" Rev Prescrire 2005 ; 25 (257) : 23.
5- US Food and Drug Administration ''FDA Talk Paper - FDA Issues
Public Health Advisory Recommending Limited Use of Cox-2 Inhibitors''
December 23, 2004. Site internet http://www.fda.gov consulté
le 28 décembre 2004 (sortie papier disponible : 2 pages).
6- US Food and Drug Administration "FDA statement on naproxen"
20 décembre 2004. Site internet http://www.fda.gov consulté
le 28 décembre 2004 (sortie papier disponible : 1 pages).
7- Jüni P et coll. ''Risk of cardiovascular events and rofecoxib : cumulative meta-analysis'' Lancet 2004. Site internet http://image.thelancet.com
consulté le 5 novembre 2004 (sortie papier disponible : 9
pages) + Correspondance Lancet 2005 ; 365 : 23-27.
8- Prescrire Rédaction "Prendre en compte l'effet hypertenseur
des AINS" Rev Prescrire 2001 ; 21 (223) : 835-836.
|