Revue Prescrire, article en une, coût de la recherche novembre 2003
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Coût de recherche et développement du médicament : la grande illusion
 
L'estimation du coût de recherche et développement pharmaceutiques la plus souvent citée est fournie par un institut en bonne partie financé par les firmes pharmaceutiques, à partir de données confidentielles fournies par celles-ci. L'analyse de la construction de cette estimation montre que le coût de recherche et développement est largement surestimé.
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Coût de recherche et développement du médicament : la grande illusion

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Coût de la recherche pharmaceutique en augmentation : pourquoi et pour quoi faire ?

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Mystère : le prix accordé à Copaxone° fait sursauter
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Prix des médicaments remboursables : quelle logique ?
Première partie - Années 1990 : une libéralisation internationale croissante défavorable au contrôle des prix des médicaments

Rev Prescr 2001 ; 21 (222) : 782-786.
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Deuxième partie - Prix proportionnels à l'innovation : principe raisonnable, maigres résultats
Rev Prescr 2001 ; 21 (223) : 859-863.
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Troisième partie - Remises de fin d'année : un système discret mais peu efficace de maîtrise des dépenses
Rev Prescr 2002 ; 22 (234) : 855-859.
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Tous les pays industrialisés sont confrontés aujourd'hui à une croissance forte de leurs dépenses de santé, et tout particulièrement de leurs dépenses pharmaceutiques. Ces dernières croissent sous l'impulsion des différents facteurs que sont le vieillissement de la population, une plus forte proportion de consommateurs de médicaments à tous les âges (notamment sous la pression de la publicité), et des prix très élevés pour les nouveaux médicaments.

Ces prix très élevés découlent du fait que les firmes pharmaceutiques ont, de fait, obtenu la liberté des prix dans tous les pays industrialisés, et/ou que les autorités chargées de la fixation des prix dans ces pays acceptent des prix proches de ceux exigés par les firmes.

Pourquoi les pouvoirs publics acceptent-ils ces prix très élevés, alors même que les systèmes solidaires de protection sociale sont mis à mal par l'envolée de la facture pharmaceutique ? Les raisons sont diverses (emploi, etc.), mais un motif souvent avancé est celui du coût de recherche et développement des médicaments, « gigantesque », selon les firmes pharmaceutiques.

Le coût de recherche et développement le plus souvent cité est de « 802 millions de dollars » par médicament.

Ce coût a été estimé par un institut en bonne partie financé par les firmes pharmaceutiques, à partir de données confidentielles fournies par celles-ci.

Il s'agit en fait d'un coût "échecs compris, coûts financiers compris, et avant impôts". Les dépenses réelles (alias décaissements) représentent la moitié de ces " 802 millions de dollars ". Les coûts réels sont encore diminués de moitié après impôt. Une analyse détaillée de cette estimation montre d'autres faiblesses méthodologiques qui en réduisent encore le niveau de fiabilité.

Cette estimation ne concerne que les nouvelles entités chimiques totalement développées en interne.

Cette estimation repose sur des coûts de développement clinique très supérieurs à ceux qui émanent d'autres sources.

Le fait que cette étude soit considérée comme "officielle" tient essentiellement au fait que les firmes pharmaceutiques la présentent comme telle.

Concernant le cas (courant) des médicaments non intégralement développés en interne, les données disponibles sont encore plus inconsistantes.

Une transparence sur les coûts réels de recherche et développement est indispensable pour que les pouvoirs publics prennent des décisions raisonnées en matière d'allongement des brevets, de protection des données, et de prix des médicaments.

Le coût de recherche et développement doit être rapporté aux profits des firmes pharmaceutiques, qui restent les plus élevés de tous les secteurs économiques.

©La revue Prescrire 1er novembre 2003
Rev Prescr 2003 ; 23 (244) : 782-787.