La pauvreté
ne recule pas dans notre pays. C'est l'enseignement du rapport 2005-2006 de l'Observatoire
national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes) remis le 22 février
2006 au Premier ministre. Selon le rapport, le nombre de personnes vivant sous
le seuil de pauvreté en France s'est maintenu, voire a légèrement
progressé entre 2001 et 2003 (dernière année étudiée
en matière de pauvreté monétaire). Malgré les effets
significatifs de la Couverture maladie universelle (CMU), le rapport souligne
les difficultés persistantes des ménages pauvres en matière
de santé.
Le Bulletin
épidémiologique hebdomadaire (BEH), n° 43 du 31 octobre
2005, a repris une étude comparant une population de plus de 700 000
personnes en situation de précarité à une population de personnes
non précaires. La conclusion relève les niveaux élevés
des risques pour les groupes précaires et l'importance de leurs difficultés
d'accès aux soins.
Face
à ces difficultés, il importe que les médecins généralistes,
premiers concernés dans l'accès aux soins, disposent d'outils efficaces.
Parmi ces outils, la possibilité pour les médecins généralistes
de pratiquer la dispense d'avance des frais a montré son efficacité
; cette possibilité n'est pas prévue par la convention actuelle.
Dans les faits, certaines caisses départementales tolèrent cette
pratique ; d'autres la refusent, ce qui nous conduit à des situations absurdes
: faire des consultations gratuites à des patients qui ont l'assurance
maladie, qui sont parfois en ALD 30 (Affection de longue durée), dont
les revenus dépassent de plus de 15 % le seuil de la CMU et qui ne
peuvent pas payer la consultation.
Nous
ne comprenons pas que tous les syndicats ne défendent pas ce principe de
base : le droit pour chaque médecin d'utiliser la dispense d'avance des
frais. Largement utilisée par les confrères spécialistes
pour les actes techniques et par les pharmaciens d'officine, pourquoi devrait-elle
être interdite ou restreinte chez le médecin généraliste,
médecin de premier recours ? Anne Rethacker et
Mady Denantes Généralistes (75), pour le CoMéGAS, Collectif
des médecins généralistes pour l'accès aux soins
Rev Prescrire 2006 ; 26 (274) : 551. |