Prescrire, article en une, Coliques néphrétiques chez les adultes, mai 2009
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Coliques néphrétiques chez les adultes
   
Pour soulager, les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont efficaces.
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Coliques néphrétiques chez les adultes
Rev Prescrire 2009 ; 29 (307) : 355-360.
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Dans la colique néphrétique, la douleur est souvent intense. La recherche d’un soulagement est le principal objectif immédiat du traitement.

Il est important de reconnaître une colique néphrétique compliquée qui justifie en urgence des traitements spécifiques à l’hôpital. En cas de fièvre supérieure à 38°C, des prélèvements bactériologiques, une antibiothérapie et un drainage des urines sont à effectuer en urgence. Mieux vaut mesurer la température avant la prise de médicaments antipyrétiques (paracétamol, anti-inflammatoire non stéroïdien). Une colique néphrétique avec oligoanurie (diurèse très faible ou nulle) fait craindre une obstruction complète et une évolution vers une insuffisance rénale aiguë.

En l’absence de complication, le traitement peut en général être ambulatoire sans dommage pour les patients.

L’application de chaleur dans la région lombaire ou abdominale douloureuse a un effet antalgique bienvenu, à condition de limiter la chaleur à 42 °C environ et d’assurer l’absence de brûlure, que l’on utilise une bouillotte ou un autre dispositif.

Le traitement antalgique ayant la meilleure balance bénéfices-risques en premier choix est le diclofénac, à raison de 50 mg à 75 mg chez les adultes, par voie orale, ou par voie intramusculaire en cas de vomissements. La voie rectale, à raison de 100 mg chez les adultes, est une alternative à la voie intramusculaire. Suite à l’administration d’un AINS, le plus souvent la douleur diminue ; elle disparaît complètement en une demi-heure chez environ 20 % des patients. Cependant, un certain degré de douleur persiste chez 50 % des patients.

Dès que la douleur est modérée, le paracétamol à raison de 1 000 mg par prise, sans dépasser 4 prises sur 24 heures, mérite d’être proposé, malgré l’absence d’évaluation dans cette situation, car ses effets indésirables sont plus rares que ceux des AINS.

En cas de douleurs mal supportées malgré la prise d’un AINS, la morphine améliore parfois l’efficacité, mais au prix de nausées et de vomissements dose-dépendants. La morphine s’utilise à raison de 5 mg à 10 mg par voie intraveineuse, ou à défaut par voie sous- cutanée, en injections lentes ou fractionnées, sans dépasser 2 mg par minute.

Chez les patients ayant une insuffisance cardiaque, un rétrécissement de l’artère rénale, déshydratés, insuffisants rénaux, ou déjà traités par un médicament toxique pour les reins (diurétique, inhibiteur de l’enzyme de conversion, sartan, etc.), mieux vaut ne pas utiliser un AINS, susceptible d’altérer leur fonction rénale. L’application de chaleur, la morphine, lorsque la douleur est forte, et le paracétamol, lorsqu’elle est faible à modérée, sont de meilleurs choix.

Chez les personnes très âgées, qui ont souvent une fonction rénale altérée, mieux vaut commencer, selon l’intensité de la douleur, par la morphine, à dose faible (5 mg), ou par le paracétamol.

Chez les femmes enceintes, les AINS sont à bannir au cours de la deuxième moitié de la grossesse et mieux vaut ne pas en utiliser au premier trimestre. L’application de chaleur, la morphine, lorsque la douleur est forte, et le paracétamol, lorsqu’elle est faible à modérée, sont de meilleurs choix.

L’évaluation des autres médicaments, notamment celle des spasmolytiques, est insuffisante pour justifier leur utilisation dans un but antalgique sans preuve d’efficacité dans la colique néphrétique.

La persistance de douleurs intenses malgré un traitement de la colique néphrétique bien conduit justifie d’envisager une intervention de drainage de la voie excrétrice à but antalgique.

©Prescrire 1er mai 2009
Rev Prescrire 2009 ; 29 (307) : 355-360.