Prescrire, article en une, Dérivés du cannabis et douleur, juin 2009
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Dérivés du cannabis et douleur
   
Une petite place pour le delta9-tétrahydrocannabinol (THC) dans certaines scléroses en plaques.
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Dérivés du cannabis et douleur
Rev Prescrire 2009 ; 29 (308) : 443-446.
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La découverte de récepteurs endogènes du delta9-tétrahydrocannabinol (THC), certaines études de pharmacologie animale et le témoignage de certains patients ont conduit à évaluer un éventuel effet antalgique du cannabis et de ses dérivés.

Une méta-analyse de 7 essais comparatifs randomisés cannabinoïde versus placebo, chez au total 298 adultes ayant des douleurs neuropathiques ou liées à une sclérose en plaques, a montré une faible efficacité sur la douleur : différence de 0,8 point sur une échelle de 0 à 10. Dans un essai comparatif delta9-tétrahydrocannabinol versus placebo, chez 630 patients, après 3 mois de traitement, 50 % des patients ont perçu une amélioration de la douleur sous cannabinoïde versus 30 % sous placebo (p = 0,003). Au bout d'un an, ils étaient respectivement 30 % versus 14 % (p = 0,002). Dans un essai croisé chez 13 patients non soulagés par d'autres traitements, 1 mg de nabilone orale a paru plus réduire la douleur que le placebo : d'environ 2 points sur une échelle de 0 à 10.

Quatre essais ont testé des cannabinoïdes chez des patients atteints de neuropathie douloureuse. Le delta9-tétrahydrocannabinol sublingual et la nabilone orale ont semblé avoir un effet antalgique, mais sans que la pertinence clinique de cet effet soit démontrée. Le cannabis fumé a semblé aussi avoir un effet antalgique chez des patients infectés par le HIV souffrant de neuropathie douloureuse.

Les dérivés du cannabis ont été évalués dans d'autres types de douleurs : douleurs postopératoires, douleurs cancéreuses. Les quelques essais comparatifs sont peu probants.

Les dérivés du cannabis ont surtout eu des effets indésirables neuropsychiques, notamment à type de somnolence et de sensations vertigineuses. Lors du suivi durant plus d'un an de 137 patients atteints de sclérose en plaques et traités par cannabinoïde, 4 patients ont eu une crise convulsive, alors qu'ils n'avaient pas d'antécédent de convulsion. Quelques symptômes de manque sont apparus chez certains patients à l'arrêt du traitement. Le risque de dépendance n'a pas été exploré.

En pratique, début 2009, parmi les cannabinoïdes, seul le delta9-tétrahydrocannabinol oral est justifié pour soulager un peu des douleurs liées à une sclérose en plaques, sous réserve que les effets neuropsychiques soient acceptés par le patient.

©Prescrire 15 juin 2009
Rev Prescrire 2009 ; 29 (308) : 443-446.