Revue Prescrire, article en une, Situations courantes d'automédication , septembre 2008
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Situations courantes d'automédication :
Réactions cutanées, localisées, aux insectes
et aux végétaux
   
Les réactions cutanées localisées aux insectes et aux végétaux sont en général apaisées par des moyens simples, non médicamenteux. L'application d'un émollient, voire d'hydrocortisone, est parfois utile.
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Réactions cutanées, localisées, aux insectes et aux végétaux
Rev Prescrire 2008 ; 28 (299) : 674.
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Situations courantes d'automédication : mettre les médicaments à leur place
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Les situations courantes d'automédication traitées dans le numéro de septembre 2008 de Prescrire
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Le contact avec certains végétaux, les piqûres ou morsures de certains insectes provoquent une "irritation localisée" de la peau (1).

Les épines des végétaux provoquent des piqûres mécaniques, sources de douleur et d'œdème localisés. Certains végétaux agissent par contact en déclenchant une réaction locale à type d'urticaire. Par exemple après contact avec les poils de l'ortie, des papules (a) apparaissent en 3 à 5 minutes, suivies d'une sensation de brûlure, l'ensemble disparaissant en 1 heure à 2 heures. Des fourmillements, des picotements et un œdème localisé persistent parfois une demi-journée (1). Certaines réactions aux végétaux sont liées à une phototoxicité (b). Le soleil provoque alors une rougeur de la peau (un érythème) ou une accentuation de sa pigmentation.

Les insectes (et les arthropodes en général) piquent ou mordent avec parfois inoculation de venin ou de salive. Les réactions cutanées locales et transitoires sont en général bénignes, avec rougeur, douleur et démangeaisons (c)(1).

Complications cutanées rares, complications graves exceptionnelles. L'intensité des réactions aux insectes et aux végétaux dépend de leur toxicité. Le plus souvent il s'agit de réactions passagères, qui après une réaction parfois intense guérissent spontanément sans complication. Selon le lieu de la piqûre, une extension locorégionale d'un œdème est parfois très gênante, par exemple sur le visage.

Piqûres d'insectes et contacts avec des végétaux entraînent parfois des réactions générales, souvent liées à une hypersensibilité allergique du patient. Il s'agit parfois d'une fièvre.

Rarement, la réaction est grave : difficultés respiratoires en raison d'un œdème gênant la respiration ou en raison d'une crise d'asthme, voire réaction anaphylactique (d)(1).

Réaction atypique : prendre un avis. Les réactions graves (crise d'asthme, réaction anaphylactique) sont exceptionnelles mais sont à traiter en urgence, dès que les premiers symptômes sont reconnus (2). Les personnes ayant déjà eu des réactions allergiques graves dans un tel contexte ont intérêt à disposer à l'avance et lors de leurs déplacements de traitements adaptés : salbutamol en cas d'asthme connu, adrénaline en cas d'antécédent de réaction anaphylactique (en seringues préremplies pour injection intramusculaire) (1).

En cas d'atteinte cutanée étendue, d'atteinte du visage, de réaction générale (fièvre, troubles de la respiration, malaise, vomissements), mieux vaut prendre un avis, pour déterminer si un traitement spécifique est souhaitable (1).

Il en est de même lorsque la cause des lésions est incertaine : une infection de la peau, telle qu'un impétigo (e), une varicelle, ou un purpura (f) peut être confondue avec des réactions à des insectes ou des végétaux.

Agir sans médicament, le plus souvent. Les principes du traitement sont les mêmes que pour les irritation cutanées localisées.

Les traitements non médicamenteux sont mal évalués mais certains apaisent parfois : pulvérisations d'eau fraîche, application de glaçon enveloppé dans un linge, etc. (1). Les mesures d'hygiène simples sont une prévention des surinfections.

Dans la mesure du possible, il est souhaitable de retirer sans dommage un éventuel corps étranger, tel qu'une épine ou le dard d'un hyménoptère (abeille, etc.) (1). Un petit instrument appelé tire-tique est en général efficace pour retirer une tique sans laisser sa tête dans la peau (3).

Des éléments de prévention. Pour prévenir le risque de piqûres d'hyménoptères, à plus forte raison chez les patients ayant déjà fait de graves accidents allergiques, il est prudent pour jardiner de porter des gants, des chaussures et des vêtements couvrants (chemise dans le pantalon, pantalon dans les chaussettes), en évitant les vêtements très amples susceptibles d'emprisonner un insecte, etc. (1).

Dans certains endroits du monde, il est prudent de prévenir les piqûres de moustiques grâce à l'application de répulsifs cutanés (DEET, icaridine, ou IR35/35), à l'imprégnation des vêtements par insecticide (perméthrine ou autre) et à l'emploi de moustiquaires imprégnées d'insecticide (4).

Ces incidents d'activité de plein air sont une occasion d'évoquer une complication grave des blessures souillées de terre : le tétanos. C'est donc une occasion de vérifier systématiquement la validité de la vaccination antitétanique (1).

Des médicaments à retenir
Pour apaiser une réaction cutanée localisée aux insectes ou aux végétaux, les médicaments sont rarement justifiés. Lorsqu'un médicament est souhaité, mieux vaut utiliser un des émollients qui comporte le moins de risque d'allergie et qui associe le moins de substances : par exemple, à base de vaseline ou de glycérol.
Mieux vaut réserver l'hydrocortisone aux personnes non soulagées suffisamment par des méthodes non médicamenteuses, sous conditions.

Des médicaments à écarter de sa liste
Dans les médicaments et cosmétiques commercialisés pour apaiser les réactions cutanées localisées aux piqûres d'insectes ou aux végétaux, de nombreux excipients exposent à un risque d'allergie. On y trouve parfois des anesthésiques locaux, des antihistaminiques H1, des anti-inflammatoires non stéroïdiens, du crotamiton. Aucune de ces substances n'a d'efficacité démontrée supérieure à celle des émollients simples ni à celles de l'hydrocortisone, alors que les effets indésirables, surtout les allergies, semblent plus fréquents.
Les désinfectants n'ont pas d'avantage sur un simple lavage à l'eau et au savon.

©Prescrire 1er septembre 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (299) : 674.
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Notes
a- Une papule est une lésion de la peau caractérisée par une petite saillie ferme, de couleur rouge, rose ou brune, ne laissant pas de cicatrice.
b- Certains médicaments, en application sur la peau ou ingérés, rendent certaines personnes plus sensibles aux rayons du soleil, et provoquent un "super coup de soleil", ou parfois des réactions cutanées plus graves. On parle alors de phototoxicité (réf. 5).
c- La piqûre ou la morsure inoculent parfois un agent infectieux, lui-même parfois source de troubles cutanés ou autres. Nous n'abordons pas ces infections dans ce texte.
d- Les réactions anaphylactiques sévères se manifestent par un ensemble de signes cliniques souvent associés : baisse de la pression artérielle, spasmes et œdèmes des voies respiratoires. Ces signes évoluent parfois vers une détresse respiratoire et un état de choc cardiovasculaire (réf. 2). Ces symptômes sont la conséquence de réactions immunitaires exagérées ou inappropriées (réf. 6).
e- Un impétigo est une infection cutanée superficielle, contagieuse, due à une bactérie, en général un streptocoque ou un staphylocoque. Les lésions débutent sur le visage et les mains par des vésicules ou des vésiculopustules. Un antibiotique est alors utile, surtout en cas de lésions étendues, de préférence par voie générale (réf. 7).
f- Un purpura est un ensemble de taches cutanées, de couleur rouge foncé, dues à des hémorragies cutanées circonscrites. Au contraire d'un érythème, un purpura ne s'efface pas à la pression. Les causes sont nombreuses. Une extension rapide en taille et en nombre, et la nécrose de certains éléments de purpura, sont à traiter en urgence comme une infection à méningocoque (réf. 8).
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Références
1- Prescrire Rédaction "Réactions cutanées aux insectes, aux végétaux et au soleil" Rev Prescrire 2001 ; 21 (213) : 20-21.
2- Prescrire Rédaction "Anaphylaxie sévère hors de l'hôpital" Rev Prescrire 2001 ; 21 (216) : 296-298.
3- Prescrire Rédaction "Le tire-tique, est-ce magique ?" Rev Prescrire 2006 ; 26 (269) : 156.
4- Prescrire Rédaction "Mieux se protéger des infections liées aux moustiques. Répulsifs et moustiquaires imprégnées d'insecticide" Rev Prescrire 2008 ; 28 (296) : 436-445.
5- Prescrire Rédaction "Photosensibilisation médicamenteuse" Rev Prescrire 1995 ; 15 (156) : 752.
6- Prescrire Rédaction "24-1. Patients allergiques" Rev Prescrire 2007 ; 27 (290 suppl. interactions médicamenteuses).
7- Prescrire Rédaction "L'impétigo en bref" Rev Prescrire 2000 ; 20 (209) : 564-565.
8- Prescrire Rédaction "Purpura fulminans : antibiothérapie injectable immédiate" Rev Prescrire 2008†; 28 (293) : 213.Sources
1- Prescrire Rédaction "Réactions cutanées aux insectes, aux végétaux et au soleil" Rev Prescrire 2001 ; 21 (213) : 20-21.
2- Prescrire Rédaction "Anaphylaxie sévère hors de l'hôpital" Rev Prescrire 2001 ; 21 (216) : 296-298.
3- Prescrire Rédaction "Le tire-tique, est-ce magique ?" Rev Prescrire 2006 ; 26 (269) : 156.
4- Prescrire Rédaction "Mieux se protéger des infections liées aux moustiques. Répulsifs et moustiquaires imprégnées d'insecticide" Rev Prescrire 2008 ; 28 (296) : 436-445.
5- Prescrire Rédaction "Photosensibilisation médicamenteuse" Rev Prescrire 1995 ; 15 (156) : 752.
6- Prescrire Rédaction "24-1. Patients allergiques" Rev Prescrire 2007 ; 27 (290 suppl. interactions médicamenteuses).
7- Prescrire Rédaction "L'impétigo en bref" Rev Prescrire 2000 ; 20 (209) : 564-565.
8- Prescrire Rédaction "Purpura fulminans : antibiothérapie injectable immédiate" Rev Prescrire 2008 ; 28 (293) : 213.