Revue Prescrire, article en une, asthme mai 2002
Prescrire     Accueil  
 
Article en Une - Archive
Médicaments de l'asthme : faire face à la pagaille
 
Aider les patients à trouver un traitement médicamenteux bien adapté, malgré un marché pléthorique et hétérogène
Point de vue
Un marché pléthorique, sans souci réel du patient

Les firmes pharmaceutiques et les autorités chargées du médicament parlent aujourd'hui de plus en plus d'informer les patients, en particulier dans le domaine de l'asthme. Sur le terrain, on a plutôt l'impression que tout concourt à compliquer la vie des asthmatiques.
De nombreux patients se trouvent confrontés à des modifications thérapeutiques inopinées, du fait de l'introduction de nouvelles spécialités à la place d'autres plus anciennes. Ces patients avaient parfois un asthme équilibré ; ou l'adaptation aurait pu se faire de manière plus judicieuse.
Les multiples changements de dispositifs inhalateurs, sous couvert de "modernité" ou "d'aide à l'observance", exposent les patients à beaucoup d'inconvénients. La qualité de l'observance thérapeutique ne dépend pas que du choix de la spécialité ou du dispositif d'inhalation.
Tout changement de spécialité et surtout de dispositif inhalateur entraîne des risques pour le patient, quand ce changement n'est pas justifié par une réelle mauvaise utilisation du dispositif antérieur.
Les professionnels de santé réfléchis en ont assez de la multiplication des spécialités, autant que des prescriptions, trop rapides, naïves ou sous influence, des pseudo-nouveautés qui vont à l'encontre d'un travail de fond d'éducation pour la santé.

© LRP

La panoplie des médicaments inhalés destinés aux patients asthmatiques se complique chaque année.
En juillet 2000, nos tableaux récapitulatifs des médicaments de l'asthme non associés en aérosols-doseurs simples et en dispositifs inhalateurs particuliers permettaient de dénombrer 31 spécialités sous 43 présentations. On pouvait y ajouter quelques antiasthmatiques inhalés en associations à doses fixes : 3 spécialités sous 4 présentations.
Depuis lors, 9 nouvelles spécialités, sous 12 présentations, ont été commercialisées : 6 copies et 3 spécialités en associations à doses fixes.
Rien que dans le numéro de mai 2002 de la revue Prescrire, on recense : une nouvelle association corticoïde + bêta 2-stimulant d'action prolongée, deux copies, mais qui ne sont
pas vraiment des copies au sens strict, et un changement de nom de marque. S'y ajoutent des modifications dans le mode d'expression des doses, un nouveau dispositif inhalateur, des changements de gaz pulseurs, etc.

Il est temps de dégager quelques points de repère

Choisir les dispositifs les plus commodes
La plupart des patients adultes et des grands enfants peuvent être traités à l'aide de suspensions ou de solutions en aérosols-doseurs classiques, à condition que le maniement de ces aérosols-doseurs ait été bien expliqué par des professionnels les connaissant bien eux-mêmes.

Quand des dispositifs inhalateurs sont nécessaires (difficultés de coordination "main-inspiration" notamment), il faut choisir les plus commodes parmi les aérosols-doseurs déclenchés par aspiration ou les dispositifs inhalateurs de poudre. Les dispositifs qui ne nécessitent pas l'introduction d'une gélule de poudre ou d'un disque peuvent être considérés comme les plus simples.

Il y a lieu de bien expliquer au patient toutes les manipulations (de capuchon, d'étui, etc.) et leur intérêt. Pour bien connaître un dispositif, il est nécessaire d'avoir fait fonctionner soi-même un exemplaire de démonstration.

Prix
Le prix peut être un critère de choix, car il diffère beaucoup entre les spécialités, même si elles sont toutes remboursables à 65 %.

Gaz pulseurs : éviter les CFC encore présents
Le retrait des CFC, alias fréons, est encore loin d'être totalement réalisé.

Mode d'expression des doses : attention aux embrouilles de l'étiquetage !

Quel que soit le dispositif inhalateur, on différencie aujourd'hui la notion de dose "mesurée" par le dispositif doseur et de la dose "délivrée" par l'embout buccal. La dose "délivrée" peut varier selon les conditions de manipulation. Différents dispositifs contenant les mêmes substances actives peuvent assurer des doses "délivrées" similaires, pour des doses "mesurées" différentes.

En pratique, grosse pagaille
Certaines spécialités pour inhalation vont être exprimées en dose "délivrée", quand d'autres plus anciennes resteront exprimées en dose "mesurée". Des copies risquent d'avoir des formulations dont la dose de "fines particules" sera différente de celle de la spécialité princeps.

Tableauscopie complète des médicaments de l'asthme en aérosols-doseurs simples ou en dispositifs inhalateurs particuliers, non associés et associés, dans la revue Prescrire n°228, mai 2002 : 351-355

© LRP