Aucune preuve
d'un progrès thérapeutique n'est aujourd'hui exigée
des firmes pour leur accorder une autorisation de mise sur le marché
(AMM) d'un médicament, que ce soit en France, en Europe ou
aux États-Unis d'Amérique.
Les firmes ont
tout fait pour qu'il en soit ainsi, et elles alignent leur niveau
d'évaluation au strict minimum exigé. Conférer
l'exemple du tériparatide (Forsteo°, dans le numéro
253 de septembre 2004 de la revue Prescrire, pages 565-569) dans la
prévention secondaire des fractures ostéoporotiques
chez les femmes ménopausées.
Le principal essai
est un essai versus placebo, sur un nombre important de patientes
(plus de 1 600). La firme a ainsi le maximum de chances de trouver
un effet "statistiquement significatif" du tériparatide.
Mais avec quel intérêt tangible pour les patientes ?
En 2004, le traitement de référence dans l'ostéoporose
est-il encore le placebo ?
Un essai tériparatide
versus acide alendronique a bien été réalisé,
mais il n'a inclus que 164 femmes, ce qui laisse a priori peu de chances
de mettre en évidence une différence, dans un sens ou
dans un autre. On ne sait même pas comment a été
calculé cet effectif. Le compte rendu publié ne précise
pas non plus l'objectif initial. Ainsi, le promoteur de l'essai ne
court aucun risque d'échec flagrant : s'il apparaît une
différence statistiquement significative en faveur du tériparatide,
il pourra le proclamer haut et fort ; sinon, il pourra toujours
rédiger une conclusion qui donne une impression favorable d'équivalence.
Et les patientes
dans tout ça ? Elles aimeraient savoir si le traitement
diminue vraiment les risques de fractures de hanche ou autres, mieux
que les traitements actuels.
Mais les agences
du médicament et les autorités qui suivent leurs avis
ne répondent pas aux questions des patientes.
©La revue Prescrire 15 septembre 2004
Rev Prescrire 2004 ; 24 (253) : 564.
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