Prescrire, article en une, La surveillance médicale des personnes exposées à l'amiante, juillet 2009
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La surveillance médicale des personnes
exposées à l'amiante
   
Gare à un excès de dépistage de lésions bénignes.
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La surveillance médicale des personnes exposées à l'amiante
Rev Prescrire 2009 ; 29 (309) : 513-518.
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Recherche des personnes exposées à l'amiante. Des résultats encore limités
Rev Prescrire 2009 ; 29 (309) : 541-542.
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Des dispositifs spécifiques en faveur des victimes de l'amiante
Rev Prescrire 2009 ; 29 (309) : 542-543.
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Parmi les atteintes bénignes de la plèvre, les plus courantes sont les plaques localisées sur la plèvre pariétale et les épaississements viscéraux. En général les plaques pleurales n'ont pas de retentissement fonctionnel et sont asymptomatiques. Les épaississements pleuraux viscéraux, suivant leur étendue, peuvent s'accompagner de dyspnée, voire d'insuffisance respiratoire, qui sont parfois à l'origine de leur découverte.

Le diagnostic des autres atteintes bénignes de la plèvre, épanchements et atélectasies rondes, nécessite d'abord de déterminer s'il ne s'agit pas d'un cancer du poumon ou d'un mésothéliome, qui ont parfois des signes cliniques et radiologiques similaires.

L'asbestose est une fibrose interstitielle du parenchyme pulmonaire, qui témoigne d'une exposition forte à l'amiante. Les formes graves évoluent vers une insuffisance respiratoire sévère.

Les cancers liés à l'amiante les plus fréquents sont les mésothéliomes et les cancers du poumon. Les mésothéliomes sont le plus souvent pleuraux, parfois péritonéaux. Suivant les études, la médiane de survie varie entre 8 mois et 14 mois. Les cancers du poumon liés à l'amiante n'ont pas de spécificité, ni histologique, ni de localisation. Le tabagisme accroît le risque de cancer du poumon.

En 2009, malgré sa faible sensibilité pour détecter des lésions de petite taille, la radiographie pulmonaire reste la méthode généralement préconisée d'imagerie thoracique pour surveiller les personnes exposées à l'amiante. Une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) est un examen de base à la recherche d'un retentissement éventuel d'une asbestose.

La tomodensitométrie thoracique détecte davantage de lésions pleurales et pulmonaires que la radiographie thoracique. Pour son évaluation en dépistage, on dispose seulement de suivis à court terme. On ne sait pas dans quelle mesure l'irradiation par les tomodensitométries répétées favorise l'émergence de cancers.

Aucun essai clinique n'a évalué l'intérêt du dépistage de l'asbestose quant à son évolution clinique. Le dépistage des plaques pleurales a peu de chance d'avoir un impact sur l'espérance de vie, en l'absence de traitement connu les faisant régresser, et de preuve de leur influence dans la survenue de cancers. En cas d'asbestose identifiée, mieux vaut aider le patient, le cas échéant, à cesser de fumer.

Ni le dépistage du mésothéliome ni celui des cancers du poumon n'ont d'utilité démontrée. Le traitement modifie très peu le pronostic du mésothéliome.

En France, contrairement aux salariés, les travailleurs indépendants exposés ou ayant été exposés à l'amiante ne sont pas suivis par la médecine du travail. C'est aux soignants de s'informer d'une éventuelle exposition à l'amiante auprès de ces personnes.

Le dépistage des pathologies de l'amiante apporte un avantage financier au patient, qui a ainsi droit à des compensations et à une éventuelle cessation d'activité anticipée à l'âge de 50 ans. Mais il aboutit à une stigmatisation, qui a aussi des répercussions psychologiques et qui peut être préjudiciable pour les personnes qui désirent rester en activité.

En pratique, mieux vaut bien peser avec chaque personne exposée le pour et le contre avant de l'engager dans un programme de dépistage, et éviter de l'exposer à des dépistages mal évalués, qui se révéleraient peut-être ensuite avoir une balance bénéfices-risques défavorable. La participation à des travaux de recherche peut concilier intérêt personnel et intérêt collectif.

©Prescrire 1er juillet 2009
Rev Prescrire 2009 ; 29 (309) : 513-518.