Revue Prescrire, article en une, Moins d'infections aec le lait maternel qu'avec le lait artificiel , juillet 2008
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Moins d'infections avec le lait maternel
qu'avec le lait artificiel
   
Durant les 6 premiers mois de vie, du point de vue de l'enfant, mieux vaut éviter d'interrompre l'allaitement maternel sans motif valable.
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Rev Prescrire 2008 ; 28 (297) : 510-520.
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L'allaitment maternel est préférable, sauf rares exceptions
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Très peu de contre-indications à l'allaitement maternel
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L'allaitement maternel est physiologique. Il est difficile d'évaluer son effet sur le lien mère-enfant. En termes de santé de l'enfant, quels avantages tangibles l'allaitement apporte-t-il ? Pour répondre à cette question nous avons réalisé une synthèse de l'évaluation disponible utilisant la méthode habituelle de la revue Prescrire.

De nombreuses études ont comparé une alimentation au lait artificiel et allaitement maternel exclusif pendant au moins environ 6 mois. Elles portent sur de vastes populations, dans les pays riches comme dans les pays démunis. Ce sont en majorité des études de cohorte et des études cas/témoins, qu'il faut interpréter avec une attention particulière aux facteurs de confusion. Malgré un niveau de preuves modeste, dans plusieurs domaines les résultats convergent et les études les plus solides rendent les conclusions assez fiables.

Dans les pays démunis, de nombreuses études ont montré que l'allaitement maternel prolongé de manière exclusive durant 6 mois est associé, chez les enfants âgés de moins de 5 ans, à une mortalité par diarrhées et infections respiratoires, moindre qu'en cas d'alimentation au lait artificiel ou d'alimentation mixant lait artificiel et allaitement maternel.

Dans les pays riches quelques études ont aussi montré une association entre allaitement maternel et moindre fréquence des diarrhées ou des infections respiratoires ayant motivé une hospitalisation, et des otites. Une étude britannique suggère que l'allaitement artificiel augmente d'un tiers le risque d'hospitalisation par infection respiratoire chez les enfants de moins de 8 mois.

Chez les prématurés, les entérocolites ulcéronécrosantes ont été moins fréquentes en cas d'alimentation avec du lait maternel.

L'allaitement artificiel semble augmenter le risque d'atopie dans l'enfance, notamment l'asthme (multiplié par environ 1,7 par rapport à l'allaitement maternel), l'eczéma, les rhinites allergiques. De très nombreuses études de cohortes, chez plusieurs milliers d'enfants et quelques essais randomisés, ont montré que l'alimentation au lait artificiel semble favoriser l'apparition précoce de manifestations allergiques.

Sept études cas/témoins, de méthodologie solide, ont montré un lien statistique entre une alimentation uniquement au lait artificiel et le risque de mort subite du nourrisson.

Diverses études ont semblé en faveur d'un effet protecteur de l'allaitement maternel vis-à-vis du diabète de type 1, et peut-être vis-à-vis du diabète de type 2, de l'obésité, des maladies inflammatoires digestives, de certains cancers, de la maladie cœliaque (alias intolérance au gluten).

De très nombreuses études ont recherché un lien entre l'allaitement maternel et les performances intellectuelles. Les résultats sont discordants, mais jamais en défaveur de l'allaitement maternel.

En pratique, pour la plupart des enfants, l'allaitement maternel, protecteur vis-à-vis des infections graves les plus fréquentes et des allergies précoces, est préférable à l'allaitement artificiel, pendant 4 mois à 6 mois, de manière exclusive. Durant les 6 premiers mois de vie, du point de vue de l'enfant, mieux vaut éviter d'interrompre l'allaitement maternel sans motif valable.

©Prescrire 1er juillet 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (297) : 510-520
(98 références).