Revue Prescrire, article en une, sevrage alcoolique septembre 2006
Prescrire  Accueil 
.
 
Article en Une - Archive
Le syndrome de sevrage alcoolique :
Le prévoir, le prévenir, le repérer et le traiter
 
Une partie seulement des patients alcoolodépendants ont une dépendance physique et sont exposés à un risque de survenue de syndrome de sevrage à l'arrêt de leur consommation.
Pour en savoir plus
 

Le syndrome de sevrage alcoolique
Rev Prescrire 2006 ; 26 (275) : 592-601.
Réservé aux abonnés
Cliquez ici

Chez les patients alcoolodépendants, le syndrome de sevrage alcoolique est la traduction clinique de la dépendance physique à l'alcool, qui s'observe lors de l'arrêt de la consommation d'alcool, alias "sevrage". Il évolue en général, spontanément, vers la guérison en une semaine.

Ce syndrome de sevrage peut se traduire par des formes sévères (convulsions, hallucinations, delirium tremens). De ce fait, il est souhaitable de repérer les patients à risque de ces formes sévères, en vue de mettre en œuvre la prévention de ces complications lors du sevrage alcoolique.

Les principaux facteurs de survenue d'un syndrome de sevrage alcoolique sévère sont : une consommation prolongée et importante d'alcool ; des antécédents de crises convulsives généralisées ou de delirium tremens ; la nécessité de boire de l'alcool tôt après le réveil pour calmer des symptômes mineurs de sevrage.

Les paramètres les plus fréquemment utilisés pour surveiller l'apparition d'une forme sévère de syndrome de sevrage sont : l'anxiété, l'agitation, les tremblements, une sudation excessive, une altération de la conscience.

Pour la prévention du syndrome de sevrage, une relation d'écoute et de dialogue avec le patient s'avère parfois suffisante. Un environnement calme est conseillé. Le patient doit être en mesure de s'hydrater lui-même sans entrave.

En l'absence de facteurs faisant craindre une évolution vers une forme sévère de syndrome de sevrage, il n'est pas nécessaire de proposer systématiquement un sédatif, mais une surveillance régulière doit réévaluer la situation, surtout au cours des 48 premières heures ; l'évolution habituelle est la guérison en 1 semaine. Sinon, les benzodiazépines sont les médicaments psychotropes les mieux évalués. Les neuroleptiques ont l'inconvénient d'augmenter le risque de convulsion.

Lorsqu'une surveillance régulière est possible, comme à l'hôpital, le mieux est d'adapter la fréquence des prises aux symptômes de sevrage.

En cas d'état général altéré ou de malnutrition probable, une supplémentation en vitamine B1 par voie orale à forte dose est préférable (au moins 300 mg par jour). La voie intraveineuse ou intramusculaire est justifiée en cas de malnutrition sévère, malgré le risque d'accident anaphylactique. En cas d'encéphalopathie de Gayet-Wernicke, la posologie est portée à 500 mg par jour, le traitement est urgent.

Pour les patients à risque faible de forme sévère de syndrome de sevrage, qui souhaitent un sevrage ambulatoire, ce sevrage est souvent réalisable avec succès, à condition que la surveillance soit suffisante et que l'entourage soit coopératif.

En cas de delirium tremens (hyperactivité sympathique avec fièvre élevée et tremblements généralisés, hallucinations et confusion) une hospitalisation est souhaitable.

L'évaluation de la prise en charge du sevrage alcoolique n'a pas porté sur tous les types de patients. Pour les patients âgés, les femmes enceintes et en cas d'insuffisance hépatique ou rénale, pour les malades ayant des affections somatiques ou psychiatriques "graves", en cas d'autres dépendances graves associées, le recours à des équipes spécialisées ayant l'expérience de la situation est souvent une option prudente pour limiter les risques liés au sevrage ou faciliter son acceptation.

©La revue Prescrire 1er septembre 2006
Rev Prescrire 2006 ; 26 (275) : 592-601 (55 références).