Dans le numéro
267 de décembre 2005, nous avons rappelé que beaucoup d'articles
de la Directive 2004/27/CE sur le médicament, importants pour les patients
et les soignants, n'étaient pas encore transposés en droit français
(a,b)(1). Au 10 janvier 2006, la situation est inchangée, et la France
a donc trois mois de retard sur la date limite de transposition, fixée
au 30 octobre 2005.
Dans
sa jurisprudence constante, la Cour de justice des Communautés européennes
a cependant décidé que le citoyen, s'il s'estime désavantagé
par une disposition du droit national non conforme à une Directive, peut
invoquer les dispositions de la Directive (2).
Ainsi,
selon la Cour, après expiration du délai de transposition, une Directive
acquiert un "effet direct", et tous les organes des États membres
sont tenus d'interpréter et d'appliquer la législation nationale
conformément à la Directive (2).
Toujours
selon la jurisprudence, « un État membre agit de manière
contradictoire et abusive lorsqu'il applique son droit alors qu'il aurait dû
l'adapter conformément aux indications des directives » (2).
Les
agences du médicament des États membres (l'Afssaps en France) et
les firmes pharmaceutiques ont donc tout intérêt à appliquer
la Directive 2004/27/CE, transposée ou pas. ©
La revue Prescrire 1er février 2006 Rev Prescrire 2006 ; 26 (269) :
103. ________ Notes a- Il s'agit
en particulier d'articles concernant la transparence des agences, l'accès
aux documents, le conditionnement des médicaments, l'information des patients
via la notice, etc. (réf. 1). b- Parmi les articles non encore transposés
de la Directive 2004/27/CE, celui relatif à la "valeur thérapeutique
ajoutée" est particulièrement intéressant. Cet article
10-1 alinéa 4 stipule : « La période de dix ans visée
au deuxième alinéa est portée à onze ans au maximum
si le titulaire de l'autorisation de mise sur le marché obtient pendant
les huit premières années de ladite période de dix ans une
autorisation pour une ou plusieurs indications thérapeutiques nouvelles
qui sont jugées, lors de l'évaluation scientifique conduite en vue
de leur autorisation, apporter un avantage clinique important par rapport aux
thérapies existantes ». Il oblige donc les firmes à démontrer
une "valeur thérapeutique ajoutée" (en d'autres termes
un progrès thérapeutique) pour bénéficier d'une extension
de la protection des données sur leurs spécialités. Nul doute
que la transposition de cet article fera débat. À suivre. ________
Références 1- Prescrire Rédaction
"Transposition de la Directive 2004/27/CE sur le médicament : la France
en retard" Rev Prescrire 2005 ; 25 (267) : 817-818. 2- "L'ordre juridique
communautaire". In : K-D Borchardt "L'ABC du droit communautaire"
Commission européenne, Bruxelles 2000 : 57-93. |