Revue Prescrire, Cahier Eviter l'évitable étendue des dégâts décembre 2005
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Eviter l'évitable
Eviter l'évitable

L'étendue des dégâts

 
L'état des conséquences des erreurs, en recensant les éléments disponibles sur les effets indésirables évitables des soins.
Pour en savoir plus

Supplément spécial - décembre 2005


Partie I : En parler sans peur
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Partie II : l'étendue des dégâts

Effets indésirables du système de soins
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Effets indésirables des soins médicamenteux
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Conséquences sociales
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Partie III : La valeur pédagogique de l'erreur
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Partie IV : Pistes pour "Éviter l'Évitable"
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Longtemps, la perception des effets indésirables des soins, et des erreurs qui les provoquent lorsqu'ils sont évitables, a relevé principalement de l'expérience personnelle de chaque soignant, en l'absence de données épidémiologiques permettant d'estimer l'étendue des dégâts.

À partir du poste d'observation hospitalier, plusieurs photographies de la situation française proviennent des résultats de l'étude Eneis. Selon cette étude, chaque année en France, 70 000 à 110 000 hospitalisations, ainsi que 120 000 à 190 000 effets indésirables graves des soins hospitaliers semblent évitables. Il reste maintenant à ne plus s'en tenir aux conséquences repérables par les effets indésirables graves des soins, les plus visibles, et à s'engager dans une analyse plus systématique et plus approfondie de l'ensemble des erreurs liées aux soins, notamment les erreurs en soins ambulatoires.

Cette connaissance de l'étendue des dégâts ne peut contribuer de manière tangible à la sécurité des patients que si elle motive les décisions de réorganisation des soins qui s'imposent, comme ce fut le cas en anesthésie : la prise de conscience à partir d'une enquête de l'Inserm portant sur l'année 1980 avait conduit à un décret sur la sécurité anesthésique, publié en 1994 ; les mesures prises pour la réduction de ce risque ont fait la preuve de leur efficacité avec une réduction tangible de la mortalité, constatée en 2003.

À l'inverse, rien ne change en ce qui concerne le soin médicamenteux en France. Les constats d'erreurs se succèdent depuis un quart de siècle sans entraîner d'amélioration tangible de la prise en charge thérapeutique des patients. L'incapacité à améliorer la qualité de ces soins est-elle imputable à l'absence d'évaluation des conséquences sociales et économiques de leurs effets indésirables ? Parfois médiatisée, la réparation des préjudices causés par les effets indésirables des soins n'en représente qu'une petite partie. Dans l'ignorance, les mesures de réorganisation des soins nécessaires à la prévention des erreurs semblent trop coûteuses aux yeux des gestionnaires du système de santé. À ce renoncement à gérer le système de soins par la qualité s'ajoute la pérennisation des défaillances et des dysfonctionnements qu'aucune alerte, même économique, ne vient interrompre.

Si corriger une erreur est un coût, éviter une erreur est un gain : un gain qualitatif pour chaque patient épargné, un gain économique pour la collectivité.

©La revue Prescrire 1er décembre 2005