Revue Prescrire, article en une, zolpidem décembre 2002
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Zolpidem : classé comme psychotrope à risque d'abus
 
Inscription du zolpidem (Stilnox°) au tableau IV de la Convention de Vienne.
Pour en savoir plus

La prise en charge des troubles du sommeil ne se limite pas à la prescription d'hypnotiques


Zolpidem (Stilnox°) et zopiclone (Imovane° ou autre)
Avec plus de recul, la fréquence des effets indésirables liés au zolpidem, hypnotique apparenté aux benzodiazépines s'est révélée du même ordre que pour les benzodiazépines auxquelles il a été comparé (notamment flunitrazépam (Rohypnol°), triazolam (Halcion°)). Zolpidem et zopiclone exposent aux risques de dépendance et de troubles graves lors du sevrage.
Itinéraire mis à jour le 15 décembre 2002 (11 articles)

Pour encadrer les substances médicamenteuses à risques, la France a sa propre réglementation dite des "substances vénéneuses", issue d'une loi de 1845, votée après de célèbres affaires d'empoisonnements criminels. Cette réglementation a pris ensuite en compte les conventions internationales élaborées notamment par les Nations-Unies. C'est ce qui explique la coexistence, dans le Code de la santé publique, de la classification française d'origine (listes I, II et des stupéfiants) et de la notion de "médicaments psychotropes", termes issus de la Convention internationale de Vienne de 1971 sur les substances psychotropes (1).

La Convention de Vienne sur les psychotropes
En pratique, l'ensemble des médicaments psychotropes commercialisés en France est aujourd'hui inscrit sur la liste I des substances vénéneuses, c'est-à-dire accessible seulement sur prescription non renouvelable (sauf mention expresse du prescripteur), avec des durées de prescription différentes pour anxiolytiques et hypnotiques.

Mais au regard de la Convention de Vienne, qui vise à contrôler l'abus et le trafic illicite de psychotropes, ces substances peuvent être classées en 4 tableaux en fonction des risques particuliers qu'elles font courir :

Tableau I. Il comporte les psychotropes dont l'usage est totalement prohibé, sauf à des fins de recherche très contrôlée (on y trouve par exemple des hallucinogènes et la plupart des dérivés du tétrahydrocannabinol).

Tableau II. Il comporte les dérivés amphétaminiques, parmi lesquels des anorexigènes aujourd'hui retirés du marché ou des médicaments encore disponibles, mais très encadrés tels que le méthylphénidate (Ritaline°).

Tableau III. Au tableau III figure la plupart des barbituriques (mais pas tous) et des médicaments couramment utilisés, tels que la buprénorphine (Subutex°) ou le flunitrazépam (Rohypnol°).

Tableau IV. Il regroupe les benzodiazépines et d'autres substances largement utilisées en médecine, mais susceptibles de créer des phénomènes de dépendance (1).

En France, lorsque les deux hypnotiques zopiclone (Imovane° ou autre) et zolpidem (Stilnox°), chimiquement différents des benzodiazépines (2), ont été mis sur le marché à la fin des années 1980, ils ont simplement été inscrits sur la liste I des substances vénéneuses. En 1999, un arrêté a inscrit la zopiclone et le zolpidem sur la liste des psychotropes commercialisés en France, mais dans une annexe spéciale, non rattachée à un tableau de la Convention de Vienne (3).

Le risque de dépendance au zolpidem reconnu au plan international
Cependant, le zolpidem a été inscrit par les Nations-Unies sur la liste des psychotropes sous contrôle international.

L'OMS a considéré que la fréquence des cas d'abus et de dépendance avec le zolpidem utilisé comme médicament, de même que le risque d'abus, paraissent similaires à ceux encourus avec les benzodiazépines hypnotiques. Il a donc été recommandé d'inscrire le zolpidem au tableau IV de la Convention de Vienne (4).
Et par un arrêté du 15 juillet 2002, le zolpidem a été déplacé de l'annexe spéciale de la liste des médicaments psychotropes commercialisés en France à la partie de cette liste correspondant au tableau IV de la Convention de Vienne (5).

En pratique
Stilnox°, seule spécialité à base de zolpidem commercialisée actuellement en France, conserve le même statut de médicament sur prescription et non renouvelable. Mais le classement international de ce psychotrope avec les benzodiazépines ne peut qu'inciter à la vigilance. À ce jour, la zopiclone (Imovane° ou autre) n'a pas encore fait l'objet du même classement malgré la notification de phénomènes analogues (2).

© La revue Prescrire 15 décembre 2002
Rev Prescr 2002 ; 22 (234) ; 819.

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Références
1- International Narcotic Control Board "Convention on psychotropic substances" Vienna 1971 - Annexes mises à jour. Site internet http://www.incb.org/e/conv/1971/articles.htm consulté le 28 octobre 2002 (sortie papier disponible : 23 pages).
2- Prescrire Rédaction "Dépendance aux hypnotiques : zolpidem et zopiclone aussi" Rev Prescr 2000 ; 20 (210) : 675-676.
3- "Arrêté du 25 février 1999 modifiant l'arrêté du 22 février 1990 fixant la liste des substances psychotropes" Journal Officiel du 3 mars 1999 : 31-83.
4- World Health Organization "WHO expert committee on drug dependence : thirty-first report" 23-26 June 1998 : 5 pages + "Zolpidem (INN)". Site internet http://www.who.int consulté le 28 octobre 2002 (sortie papier disponible : 2 pages).
5- "Arrêté du 15 juillet 2002 modifiant l'arrêté du 22 février 1990 fixant la liste des substances psychotropes" Journal Officiel du 23 juillet 2002 : 12590-12591.