Revue Prescrire, article en une, Programmes d'aide ŕ l'observance des firmes : l'IGAS contre la confusion des rôles , mai 2008
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Un rapport de l'IGAS sans faux-semblant : extraits
   

Le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur les programmes d'accompagnement des patients par les firmes pharmaceutiques prend clairement position contre eux.

Pour en savoir plus
 


Programmes d'"aide à l'observance" des firmes : l'IGAS contre la confusion des rôles
Rev Prescrire 2008 ; 28 (295) : 384-385.
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Encadrement des programmes d'accompagnement des patients associés à un traitement médicamenteux, financés par les entreprises pharmaceutiques
Rapport de l'IGAS,
décembre 2007
(pdf 1,3 Mo)
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Programmes d'"aide à l'observance" des firmes : l'IGAS contre la confusion des rôles
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Programmes d'"accompagnement" des patients par les firmes : l'IGAS doit être entendue
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Les quelques extraits de ce rapport, présentés ci-dessous, expliquent peut-être pourquoi il n'a été publié que plus de six mois après avoir été terminé, et seulement après avoir été diffusé officieusement sur certains sites internet.

Défendre l'impartialité

« (…) il paraît nécessaire d'inscrire dans la loi une disposition indiquant clairement l'interdiction, pour une entreprise pharmaceutique, de conduire tout contact personnalisé et toute démarche directe ou indirecte d'information, de formation ou d'éducation à destination du public (34) relative à un médicament prescrit. Cette disposition, de surcroît, soulignerait l'attention que portent les pouvoirs publics à l'application du principe d'impartialité, un des principes essentiels de la sécurité sanitaire qui doit faire distinguer les fonctions de développement, les considérations économiques des considérations proprement sanitaires de bon usage ». (…)
« Cette dénomination restrictive a pour but d'exclure du champ de cette dérogation les "programmes d'observance ou d'accompagnement" actuellement conduits par certains laboratoires. La mission [NDLR les inspecteurs de l'IGAS] estime en effet que ces programmes doivent relever des seuls éducateurs (36) et professionnels de santé ».

La place excessive de l'industrie pharmaceutique dans le système de santé

« Ces tentatives réitérées d'accéder directement au public et au patient sont problématiques quand on considère l'emprise de l'industrie pharmaceutique sur quasiment l'ensemble des secteurs du système de santé. Cette emprise, en France, comme dans d'autres pays paraît d'autant plus excessive (32) qu'elle n'est pas manifeste. (…). Il n'est pratiquement pas un secteur où les entreprises pharmaceutiques ne jouent un rôle significatif, sinon déterminant :
• l'industrie pharmaceutique intervient également dans le financement d'associations de malades, au point parfois, de les créer de toutes pièces. Certaines associations soutenues se voient positionnées comme interlocutrices privilégiées par les institutions internationales, notamment par la Commission européenne ;
• les entreprises ne sont pas absentes de la formation initiale des médecins ;
• elles contribuent très largement au financement de leur formation continue ;
• elles s'immiscent dans celui de l'évaluation des pratiques professionnelles ;
• elles assurent majoritairement le financement de l'Afsapps ;
• elles assurent de façon quasi monopolistique du moins excessive l'information des professionnels de santé ;
• elles participent à l'information des patients, en étant parfois à l'origine de campagnes de sensibilisation précoces au caractère parfois trompeur ;
• elles contribuent au financement de campagnes d'éducation pour la santé ;
• elles participent, largement, à la définition de nouveaux périmètres de définition de maladies, de critères permettant d'évaluer les thérapeutiques nouvelles ;
• elles interviennent pour abaisser les seuils de facteurs de risque ;
• contribuant ainsi, pour certains, à une "médicalisation" excessive de le société (33) ;
• dans certains cas même, elles induisent la création de nouvelles pathologies. Au point que ces interventions ont été à l'origine d'une expression nouvelle pour les caractériser aux États-Unis : le façonnage de nouvelles maladies (disease mongering) ». (…)

©Prescrire 1er mai 2008
Rev Prescrire 2008 ; 28 (295) : 385

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Références
32- House of Commons Health Committee. The influence of the pharmaceutical industry. Fourth report of session 2004-2005. April 2005.
33- Smith R. Curbing the influence of the drug industry : a British view. PloS Med 2 (9) : e241. www.plosmedicine.org.
34- Cette interdiction ne concernerait donc pas les professionnels de santé ou les professionnels de l'éducation pour la santé.
36- Les associations de patients et d'usagers sont, aux yeux de la mission, bien évidemment légitimes pour jouer un rôle en matière d'accompagnement des personnes malades pour peu qu'elles se fondent, en matière d'éducation, sur des savoir-faire éprouvés ».