Firmes à l'honneur et Lanternes
rouges Les synthèses
de la revue Prescrire sur les nouveaux médicaments s'appuient sur une recherche
documentaire extensive visant à réunir les données d'évaluation,
notamment cliniques. En
plus des recherches dans les ouvrages de référence et dans les bases
de données bibliographiques classiques, la Rédaction effectue des
recherches sur les sites internet des agences du médicament, sur ceux des
organismes d'évaluation médicoéconomique, des agences d'évaluation
en soins de santé et de divers organismes spécialisés, en
fonction du domaine thérapeutique. La Rédaction consulte aussi les
revues indépendantes de thérapeutique membres, comme la revue Prescrire,
de l'International Society of Drug Bulletins (ISDB), et toute institution indépendante
concernée par l'évaluation du médicament en question.
La revue interroge aussi
la ou les firme(s) qui commercialise(nt) le médicament en France, de façon
à prendre en compte toutes les données d'évaluation ayant
conduit à l'octroi de l'autorisation de mise sur le marché (AMM)
du médicament, y compris celles qui n'ont pas été publiées.
Ces données non publiées sont détenues d'une part par l'agence
du médicament qui a octroyé l'AMM, et d'autre part, par la firme
qui a obtenu l'AMM. Certaines
agences du médicament mettent à la disposition des professionnels
de santé et du public l'essentiel des données cliniques, via leur
rapport d'évaluation, d'autres sont défaillantes ou pratiquent l'opacité.
L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de
santé (Afssaps) et l'Agence européenne du médicament (EMEA)
progressent lentement dans ce domaine. Depuis
février 2006, la revue Prescrire rend plus visible, dans chaque synthèse
sur un médicament, la capacité de la firme à documenter la
revue, à l'aide de quatre vignettes qui symbolisent le degré de
transparence de la firme. Comme les autres Palmarès de la revue Prescrire,
celui de l'information est établi méthodiquement et en toute indépendance
Certaines firmes répondent
aux demandes d'information de la revue Prescrire dans des délais raisonnables,
et lui fournissent des données, notamment non publiées, qui ont
permis l'obtention de l'AMM pour leur médicament. On les retrouve "à
l'honneur" du Palmarès. Les "Premières nommées"
ont informé la revue Prescrire très tôt et en fournissant
des données particulièrement exhaustives et détaillées.
En 2006, une firme s'est montrée particulièrement transparente en
matière de pharmacovigilance, ce qui est rare. D'autres
firmes ne répondent décidément pas, ou pas assez, aux demandes
d'information de la revue. Leurs habitudes sont de répondre le plus tard
possible pour laisser se dérouler les campagnes de promotion avant la publication
de la revue, domettre les données les plus pertinentes, de prétexter
le manque de disponibilité du service des affaires réglementaires,
les lenteurs administratives ou la confidentialité des données cliniques,
etc. D'autres usent de la rétention d'information en représailles
à une précédente synthèse pas assez favorable à
leur goût. Les firmes qui s'entêtent dans le refus sont très
rares. Ainsi, Sanofi Pasteur MSD, après avoir accumulé les Lanternes
rouges au fil des ans et des fusions, est devenue en 2006 "à l'honneur,
première nommée". La
transparence d'une firme est la cinquième dimension à prendre en
compte dans le choix d'un médicament, après l'efficacité,
les effets indésirables, la praticité, et le prix. Toutes choses
égales par ailleurs, l'intérêt des patients et des professionnels
est de donner la préférence aux médicaments des firmes qui
jouent le plus cartes sur tables, ne cachant rien des dossiers de
leurs médicaments, y compris leurs limites. ©La
revue Prescrire 18 janvier 2007 |