Les cancers du sein sont les cancers les plus fréquents
des femmes. La détection des cancers du sein à un stade précoce
a semblé susceptible d'améliorer leur pronostic. Vu l'importance
de l'enjeu, la revue Prescrire a rassemblé, de manière détaillée,
les éléments permettant de déterminer la balance bénéfices-risques
de ce dépistage, et d'informer les femmes auxquelles il est proposé. |
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Pour en savoir
plus | |
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Mammographies et dépistage des cancers
du sein : Dossier complet publié dans Rev Prescrire 2006 ;
26 (272) : 348-374. (pdf, 669 Ko) Réservé aux abonnés
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De 1963 à 2005, dix essais comparatifs randomisés
du dépistage mammographique
Divergences
des méta-analyses des essais du dépistage mammographique
Les analyses du dépistage mammographique par tranches
d'âge
Les autres éléments
de la balance bénéfices-risques : traitements agressifs, effets
indésirables
Conclusions : une
balance bénéfices-risques peu favorable
Pour
un choix éclairé des femmes désirant participer au dépistage
mammographique.
Voir aussi :
Les effets indésirables des mammographies de dépistage
des cancers du sein Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) : 269-275. Réservé
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Dépister les cancers du sein
sans mammographie ? Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) : 286-289. Réservé
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Pièges et difficultés
de l'évaluation des dépistages des cancers : l'exemple des
cancers du sein Rev Prescrire 2006 ; 26 (271) : 304-310. Réservé
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Le dépistage mammographique
des cancers du sein en France Rev Prescrire 2006 ; 26 (270) :
214-217 Réservé aux abonnés Cliquez
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Le choix de se soumettre
au dépistage mammographique appartient aux femmes, et nécessite
pour ce faire une information équilibrée.
Une
dizaine d'essais comparatifs randomisés, chez environ 400 000 femmes
au total, ont évalué le dépistage du cancer du sein par mammographies
dans la population générale. Une majorité de ces essais sont
en fait de modeste niveau de preuves, pour des raisons de conception défectueuse
ou d'imprécision de leurs comptes rendus.
En
termes de mortalité totale, un bénéfice du dépistage
mammographique dans la population générale n'est pas démontré.
Si un effet (positif ou négatif) sur la mortalité totale existe,
il est de faible ampleur. Si on tient compte des résultats des essais de
bonne et de médiocre qualité, on peut estimer que l'effet va d'une
diminution relative de la mortalité de 1 % à une augmentation
relative de 3 %, au bout de 13 ans (pour une mortalité totale absolue de
l'ordre d'environ 3 500 pour 100 000 femmes âgées de 50 ans
à 59 ans suivies 13 ans, dans un essai canadien ; dont environ
450 décès dus à un cancer du sein, pour environ 2 500 cancers
survenus).
En termes
de mortalité par cancer du sein, un bénéfice du dépistage
mammographique dans la population générale est incertain. Dans une
hypothèse optimiste, il faudrait inviter entre environ 700 et 2 500 femmes
pour éviter un décès par cancer du sein au bout de 14 ans.
Le dépistage par mammographies n'a pas diminué le nombre de traitements
agressifs, notamment des ablations d'un sein.
Le
dépistage mammographique dans la population générale détecte
un grand nombre de cancers du sein. Cependant, environ un tiers des cancers sont
diagnostiqués entre deux sessions de dépistage ("cancers de
l'intervalle"). D'autre part, 30 % à 50 % des cancers dépistés
sont très probablement non dangereux, car localisés et peu agressifs.
Les
effets indésirables les plus fréquents du dépistage mammographique
sont l'inconfort et la douleur, passagère et modérée, au
cours de l'examen, et l'anxiété entraînée par la détection
d'une anomalie suspecte qui se révèle souvent finalement ne pas
être un cancer, d'où le terme de faux positifs (environ 60 % des
anomalies dépistées en France sont en fait des "faux positifs").
Les diagnostics de cancer non dangereux ("diagnostics par excès")
sont à l'origine d'examens complémentaires et de traitements inutiles,
parfois agressifs, qui ont eux-mêmes des effets indésirables. L'irradiation
répétée des seins est à l'origine de quelques cancers,
en nombre mal connu, à l'origine d'un nombre de décès estimé
entre 1 et 5 pour 100 000 femmes dépistées régulièrement
à partir de l'âge de 50 ans et suivies jusqu'à la fin de leur
vie.
Les risques de faux
positifs, de traitement par excès et de cancers radio-induits sont d'autant
plus élevés que le dépistage mammographique a commencé
tôt.
Au total,
début 2006, dans la population générale des femmes âgées
de moins de 50 ans, la balance bénéfices- risques du dépistage
des cancers du sein par mammographies est défavorable ; au-delà
de l'âge de 70 ans, on ne dispose pas de données montrant une efficacité.
Entre 50 ans et 69 ans, les bénéfices sont hypothétiques
; dans un essai chez environ 40 000 femmes, ajouter le dépistage mammographique
au dépistage par examen clinique méthodique régulier n'a
pas apporté de bénéfice tangible ; et on ignore si ce dépistage
clinique a un effet sur la mortalité totale ou par cancer du sein. L'autopalpation
des seins est déconseillée car elle augmente sans bénéfice
le nombre d'investigations invasives.
Si
la décision est prise de réaliser des mammographies de dépistage
malgré les incertitudes et les limites de la méthode, les meilleures
conditions sont généralement celles du dépistage organisé,
avec contrôle de sa qualité.
©La
revue Prescrire 1er mai 2006 Rev Prescrire 2006 ; 26 (272) : 348-374
(173 références). |