On parle d'interaction
médicamenteuse lorsque l'administration de deux médicaments, ou
plus, conduit à potentialiser ou à réduire les effets d'au
moins un de ces médicaments. Les conséquences cliniques sont en
rapport avec les effets des médicaments impliqués : soit par excès
des effets thérapeutiques ou des effets indésirables ; soit par
perte d'efficacité.
De
nombreux médicaments interagissent aussi avec la pathologie ou la situation
clinique présente, et modifient ainsi l'effet de son traitement.
Le
risque d'effets indésirables par interactions médicamenteuses augmente
avec le nombre de médicaments pris par le patient.
Les
conséquences cliniques des interactions se manifestent non seulement lors
de l'ajout d'un médicament, mais aussi lors de son arrêt ou lors
d'un changement de dose.
Les
conséquences cliniques des interactions des nouveaux médicaments
sont très peu étudiées avant mise sur le marché, et
les stratégies de gestion des interactions des médicaments plus
anciens sont très peu évaluées. Ajouté à la
variabilité des susceptibilités individuelles, cela laisse une large
marge d'incertitudes autour de l'ampleur des conséquences cliniques des
interactions médicamenteuses.
Compte
tenu de l'incertitude autour de l'ampleur des conséquences cliniques de
la plupart des interactions médicamenteuses, les propositions pratiques
peuvent rarement être univoques.
Pour
prévenir les conséquences néfastes des interactions médicamenteuses,
mieux vaut éviter les associations à risques. Mais certaines associations
à risques d'interactions sont acceptables, à condition qu'un bénéfice
soit démontré, et que l'on puisse assurer la gestion des conséquences
cliniques.
Les patients
doivent être avertis des risques des interactions médicamenteuses,
en particulier en cas de multiprescriptions et d'automédication.
La
reconnaissance des médicaments par leur dénomination commune internationale
(DCI) facilite le repérage et la gestion des interactions médicamenteuses.
La
plupart des effets indésirables graves liés à des interactions
médicamenteuses surviennent chez les patients âgés et chez
des patients atteints d'affections dont le traitement comporte des médicaments
à risques : diabète, épilepsie, migraine, psychoses, troubles
du rythme cardiaque, etc.
Pour
une association médicamenteuse à risques d'interactions, les conséquences
cliniques sont variables d'un patient à l'autre, et sont à évaluer
au cas par cas. La capacité de gérer les conséquences cliniques
dépend du patient, de son entourage et des soignants.
Les
interactions médicamenteuses d'ordre pharmacocinétique produisent
des perturbations du devenir dans l'organisme d'un ou plusieurs médicaments
concernés. Les conséquences cliniques de ce type d'interaction dépendent,
entre autres, des capacités enzymatiques et rénales propres à
chaque patient, très variables d'un patient à l'autre.
Les
effets indésirables liés à des interactions médicamenteuses
par induction enzymatique sont susceptibles de survenir plusieurs semaines après
la modification du traitement, le temps que l'induction enzymatique se développe
pleinement.
Les interactions
médicamenteuses d'ordre pharmacodynamique se produisent entre des médicaments
ayant des propriétés thérapeutiques ou des effets indésirables
complémentaires, analogues ou antagonistes vis-à-vis d'un même
système physiologique.
Lors
de toute prescription et de toute dispensation, afin de minimiser le risque d'interaction
médicamenteuse aux conséquences graves, il faut interroger le patient
sur ses traitements en cours ou interrompus récemment, qu'ils aient été
prescrits sur ordonnance, ou conseillés en pharmacie, ou consommés
en automédication, sans oublier les compléments alimentaires et
la phytothérapie.
©La revue Prescrire
15 mars 2006 Rev Prescrire 2006 ; 26 (270 suppl.) : 144 pages. |