Revue Prescrire, article en une, Interactions médicamenteuses mars 2006
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Interactions médicamenteuses
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Interactions médicamenteuses : Comprendre et décider édition 2006
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On parle d'interaction médicamenteuse lorsque l'administration de deux médicaments, ou plus, conduit à potentialiser ou à réduire les effets d'au moins un de ces médicaments. Les conséquences cliniques sont en rapport avec les effets des médicaments impliqués : soit par excès des effets thérapeutiques ou des effets indésirables ; soit par perte d'efficacité.

De nombreux médicaments interagissent aussi avec la pathologie ou la situation clinique présente, et modifient ainsi l'effet de son traitement.

Le risque d'effets indésirables par interactions médicamenteuses augmente avec le nombre de médicaments pris par le patient.

Les conséquences cliniques des interactions se manifestent non seulement lors de l'ajout d'un médicament, mais aussi lors de son arrêt ou lors d'un changement de dose.

Les conséquences cliniques des interactions des nouveaux médicaments sont très peu étudiées avant mise sur le marché, et les stratégies de gestion des interactions des médicaments plus anciens sont très peu évaluées. Ajouté à la variabilité des susceptibilités individuelles, cela laisse une large marge d'incertitudes autour de l'ampleur des conséquences cliniques des interactions médicamenteuses.

Compte tenu de l'incertitude autour de l'ampleur des conséquences cliniques de la plupart des interactions médicamenteuses, les propositions pratiques peuvent rarement être univoques.

Pour prévenir les conséquences néfastes des interactions médicamenteuses, mieux vaut éviter les associations à risques. Mais certaines associations à risques d'interactions sont acceptables, à condition qu'un bénéfice soit démontré, et que l'on puisse assurer la gestion des conséquences cliniques.

Les patients doivent être avertis des risques des interactions médicamenteuses, en particulier en cas de multiprescriptions et d'automédication.

La reconnaissance des médicaments par leur dénomination commune internationale (DCI) facilite le repérage et la gestion des interactions médicamenteuses.

La plupart des effets indésirables graves liés à des interactions médicamenteuses surviennent chez les patients âgés et chez des patients atteints d'affections dont le traitement comporte des médicaments à risques : diabète, épilepsie, migraine, psychoses, troubles du rythme cardiaque, etc.

Pour une association médicamenteuse à risques d'interactions, les conséquences cliniques sont variables d'un patient à l'autre, et sont à évaluer au cas par cas. La capacité de gérer les conséquences cliniques dépend du patient, de son entourage et des soignants.

Les interactions médicamenteuses d'ordre pharmacocinétique produisent des perturbations du devenir dans l'organisme d'un ou plusieurs médicaments concernés. Les conséquences cliniques de ce type d'interaction dépendent, entre autres, des capacités enzymatiques et rénales propres à chaque patient, très variables d'un patient à l'autre.

Les effets indésirables liés à des interactions médicamenteuses par induction enzymatique sont susceptibles de survenir plusieurs semaines après la modification du traitement, le temps que l'induction enzymatique se développe pleinement.

Les interactions médicamenteuses d'ordre pharmacodynamique se produisent entre des médicaments ayant des propriétés thérapeutiques ou des effets indésirables complémentaires, analogues ou antagonistes vis-à-vis d'un même système physiologique.

Lors de toute prescription et de toute dispensation, afin de minimiser le risque d'interaction médicamenteuse aux conséquences graves, il faut interroger le patient sur ses traitements en cours ou interrompus récemment, qu'ils aient été prescrits sur ordonnance, ou conseillés en pharmacie, ou consommés en automédication, sans oublier les compléments alimentaires et la phytothérapie.

©La revue Prescrire 15 mars 2006
Rev Prescrire 2006 ; 26 (270 suppl.) : 144 pages.