Les antidépresseurs
inhibiteurs dits sélectifs de la recapture de la sérotonine (IRS)
pris en fin de grossesse exposent 20 % à 30 % des nouveau-nés
à des troubles néonatals : agitations, troubles du tonus et de la
succion, convulsions, hyponatrémies, etc.
Des
données inquiétantes concernant un effet tératogène
sont devenues disponibles fin 2005. À
partir d'une cohorte danoise qui a inclus 1 054 femmes enceintes, le risque
relatif estimé de l'ensemble des malformations congénitales pour
les femmes ayant reçu une prescription d'un IRS, par rapport à la
population générale, a été de 1,4 (intervalle de confiance
à 95 % (IC à 95 %) : 1,1-1,9), et celui des malformations
cardiaques de 1,6 (IC à 95 % : 1,0-2,6). Une
étude étatsunienne rétrospective a comparé les nouveau-nés
de femmes ayant reçu une dispensation de paroxétine pendant le premier
trimestre de leur grossesse versus l'ensemble des nouveau-nés exposés
à d'autres antidépresseurs : 4 % des nouveau-nés exposés
à la paroxétine ont été atteints d'une malformation,
et 2 % d'une malformation cardiaque. Le risque relatif estimé pour
l'ensemble des malformations congénitales a été de 2,20 (IC
à 95 % : 1,34-3,63), et le risque relatif estimé des malformations
cardiovasculaires a été de 2,08 (IC à 95 % : 1,03-4,23).
L'analyse d'un registre
de naissances suédois a montré un risque relatif estimé de
malformations cardiaques associé à la paroxétine, par rapport
à la population générale, de 2,22 (IC à 95 %
: 1,39-3,55). Une autre
étude étatsunienne a montré un risque global de malformations
augmenté sous paroxétine par rapport à l'ensemble des antidépresseurs.
Le risque de malformations cardiovasculaires n'a pas paru augmenté de façon
statistiquement significative. Selon
une étude cas/témoins menée à partir d'un registre
de malformations étatsunien, pour l'ensemble des IRS le risque relatif
estimé d'omphalocèle a été de 3,0 (IC à 95 %
: 1,4 à 6,1), et celui des craniosynostoses de 1,8 (IC à 95 %
: 1,0-3,2). En pratique,
l'ensemble des IRS sont impliqués quant au risque d'augmentation des malformations
congénitales ; cependant davantage de données inquiétantes
concernent la paroxétine. L'importance du risque de malformations sous
paroxétine justifie de bien peser l'intérêt du traitement :
réalité du diagnostic, bénéfices prévisibles,
effets indésirables, alternatives envisageables.
©La
revue Prescrire 15 juin 2006 Rev Prescrire 2006 ; 26 (273) :
430-431 (12 références). |