Revue Prescrire, article en une, Gare aux AINS pendant la grossesse mars 2006
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Grossesse :
Gare aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
 
La vigilance de tous est nécessaire pour qu'aucun AINS ne soit pris en deuxième partie de grossesse, et les femmes enceintes doivent être informées. Des médicaments sans danger pour le fœtus, notamment le paracétamol, permettent de traiter la douleur chez la femme enceinte.
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Gare aux AINS en deuxième partie de grossesse

Rev Prescrire 2006 ; 26 (270) : 188-191.
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Des effets indésirables graves ont été rapportés chez une quarantaine d'enfants exposés in utero à un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) à visée antalgique ou antipyrétique, dont 4 morts fœtales in utero et 4 décès post-natals.

Parmi les 40 cas décrits, 21 enfants ont présenté des problèmes cardiaques, essentiellement une hypertension artérielle pulmonaire, révélée le plus souvent par une détresse cardiorespiratoire. 13 d'entre eux ont eu une insuffisance rénale. 4 de ces enfants ont gardé des séquelles.

Les AINS en cause avaient été pris le plus souvent au cours du troisième trimestre de la grossesse, et proche du terme dans plus d'un tiers de ces cas environ.

Les mères avaient reçu l'AINS en prise brève, moins de 3 jours dans environ un tiers de ces cas.

L'AINS avait été pris dans tous les cas pour des douleurs bénignes, essentiellement ostéo-articulaires, et dans environ un quart des cas, sans prescription médicale.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont parfois pris en automédication, sans que les femmes enceintes puissent toujours les identifier en tant que tels.

Dans une étude française conduite dans la région Midi-Pyrénées en 2003 chez 250 femmes enceintes, il apparaît que plus d'une femme sur 10 pensaient que l'ibuprofène est sans risque pendant la grossesse, et plus de 25 % des femmes interrogées ne savaient pas répondre. 19 % des femmes pensaient que soit l'aspirine, soit l'acide niflumique, soit l'ibuprofène sont sans risque au troisième trimestre de la grossesse.
Les deux tiers des femmes enceintes interrogées ne savaient pas dire si l'ibuprofène est un AINS ou non. Par ailleurs, 19 % seulement des femmes interrogées ont dit avoir été sensibilisées aux risques des AINS pendant la grossesse, dont la moitié seulement par leur médecin.

Il revient aux professionnels de santé d'informer souvent les patientes enceintes des risques des AINS. La prescription en DCI pourrait sans doute permettre à tous d'y voir plus clair. Des suffixes-clés à repérer pour limiter les prises de risques sont -ac, -profène et -icam, ou encore -coxib. La lecture de la notice aide également à repérer les AINS. Les médicaments contenant plusieurs antalgiques doivent être évités, afin de minimiser le risque d'exposition aux AINS.

Le paracétamol doit être mentionné de façon positive comme l'antalgique de choix durant la grossesse.

©La revue Prescrire 1er mars 2006
Rev Prescrire 2006 ; 26 (270) : 188-191 (31 références).